Italie Salvini donne rendez-vous à ses partisans

ATS

19.10.2019 - 21:27

En août, Matteo Salvini avait écarté l'idée d'une alliance avec Forza Italia, affirmant que la Ligue n'avait «besoin de rien ni de personne», mais samedi, il a changé de tactique et a convié Silvio Berlusconi, 83 ans.
En août, Matteo Salvini avait écarté l'idée d'une alliance avec Forza Italia, affirmant que la Ligue n'avait «besoin de rien ni de personne», mais samedi, il a changé de tactique et a convié Silvio Berlusconi, 83 ans.
Source: KEYSTONE/EPA ANSA/ALESSANDRO DI MEO

Le dirigeant souverainiste italien Matteo Salvini a tenu samedi à Rome un grand rassemblement contre le gouvernement ayant attiré des dizaines de milliers de personnes. Le populiste l'a présenté comme «l'acte fondateur» de sa reconquête du pouvoir.

Huit trains spéciaux et plusieurs centaines d'autocars ont acheminé les partisans du chef de la Ligue (extrême droite) venus des quatre coins de la péninsule.

«Nous avions raison d'abandonner ce gouvernement», a-t-il déclaré, après des interventions de plusieurs dirigeants d'extrême droite ainsi que de l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi.

«Je veux vivre dans un pays libre, où on peut gouverner sans attendre un appel téléphonique de (la chancelière allemande Angela) Merkel ou (du président français Emmanuel) Macron», a ajouté M. Salvini devant la foule massée sur une place de la capitale italienne. L'évènement a rassemblé quelque 200'000 personnes, selon les organisateurs.

Légitimité du gouvernement contestée

Premier grand rassemblement national depuis que Matteo Salvini a provoqué en plein coeur de l'été l'éclatement de la majorité que la Ligue formait avec le Mouvement 5 Etoiles (antisystème), ce rassemblement visait d'abord à contester la légitimité du nouveau gouvernement réunissant les mêmes «Cinq Etoiles» et le Parti démocrate (PD, gauche).

En provoquant la chute de l'exécutif dont il était le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini espérait provoquer des élections législatives anticipées et prendre la tête du pays, avec les quelque 38% que lui donnaient les sondages à l'époque. Mais sa stratégie ayant échoué, il a dû quitter le pouvoir.

Son parti navigue aujourd'hui entre 30% et 33% des intentions de vote et reste le premier du pays, le M5S et le Parti démocrate oscillant chacun entre 18% et 20%, selon les sondages.

Journée de «l'Orgueil italien»

«C'est ton tour, il y a une Italie à aimer et à protéger», avait annoncé le populiste, 46 ans, dans une publicité en ligne où il invitait les Italiens à venir le rejoindre pour une journée dite de «l'Orgueil italien».

L'événement se voulait aussi «l'acte fondateur d'un projet visant à élargir le parti à des forces différentes», en vu des prochaines échéances électorales. Matteo Salvini mise sur un épuisement du nouveau gouvernement dirigé par Giuseppe Conte. Il fait campagne pour un retour aux urnes au plus tôt, en tout cas avant la fin de la législature prévue pour 2023.

Unir droite et extrême droite

Alors que la majorité cherche à modifier la loi électorale pour contrer sa stratégie visant à prendre seul les rênes du pays, M. Salvini cherche à unir sous sa houlette les partis de droite et d'extrême droite.

En août, il avait écarté l'idée d'une alliance avec Forza Italia, affirmant que la Ligue n'avait «besoin de rien ni de personne», mais samedi, il a changé de tactique et appelé à l'unité.

C'est pourquoi il a convié Silvio Berlusconi, 83 ans, chef de Forza Italia (droite), qui semble ouvert à une telle alliance, ainsi que l'autre parti d'extrême droite «Frères d'Italie», deux formations créditées chacune d'environ 8% des intentions de vote.

Des membres de Forza Italia ont regretté samedi dans le quotidien La Stampa la présence attendue du parti néo-fasciste CasaPound, dont le vice-président, Simone Di Stefano, a promis qu'aucun membre ne ferait le salut fasciste au meeting.

Reprendre Rome

Outre ses ambitions nationales, M. Salvini veut aussi offrir à son camp Rome, aux mains des Cinq Etoiles depuis 2016. Il a prévu de lancer samedi une pétition pour réclamer la démission de la maire de la capitale, Virginia Raggi, dont il attaque avec constance le bilan.

Elue triomphalement il y a trois ans, l'avocate de 41 ans est régulièrement critiquée pour ne pas avoir réglé les maux chroniques de Rome comme des transports publics défaillants ou une gestion calamiteuse des déchets.

Samedi, l'ancien chef du gouvernement Matteo Renzi, l'un des hommes forts de la gauche, devait lui lancer à Florence son nouveau parti Italia Viva, afin de mieux combattre les idées de M. Salvini.

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