Ethiopie Tigré: l'ONU a accédé à 2 camps de réfugiés «entièrement détruits»

sn, ats

26.3.2021 - 11:09

Le bureau de la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet va mener des investigations sur les violations des droits humains en Ethiopie (archives).
Le bureau de la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet va mener des investigations sur les violations des droits humains en Ethiopie (archives).
ATS

L'ONU a pu accéder pour la première fois depuis les violences de novembre à deux camps de réfugiés du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie. Les deux sites sont «entièrement détruits», a-t-elle affirmé vendredi à Genève.

Keystone-SDA, sn, ats

Les infrastructures humanitaires ont été «pillées» et «vandalisées», a ajouté à la presse un porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Cette mission conjointe du HCR et du Bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) confirme des données satellitaires et des indications de réfugiés début janvier.

Le HCR est «très inquiet» pour les réfugiés érythréens qui ont dû fuir ce site. Parmi 20'000 d'entre eux, un tiers a rejoint deux autres camps où de la nourriture et une assistance leur ont été données. Mais ceux-ci sont surchargés et 100 nouveaux abris actuellement prévus ne seront pas suffisants. Le HCR appelle à trouver des possibilités alternatives.

D'autres Erythréens, environ 10'000 selon les estimations, se trouvent désormais dans des zones de la région. Des réfugiés sont aussi dispersés dans la ville de Shiraro que la mission a pu également visiter. Elles ont besoin rapidement de sécurité et de soutien.

Investigations par l'ONU

Un nouveau dispositif onusien va chercher à savoir combien elles sont et à évaluer la possibilité d'une assistance par le HCR et l'agence éthiopienne pour les réfugiés. Près de 100'000 déplacés internes se trouveraient également dans cette zone, dont la majorité ont été accueillis par des communautés. Mais 30'000 restent dans cinq camps.

Toutes ces personnes ont besoin rapidement de nourriture, d'accès à l'eau potable ou encore de soins. Le HCR réitère également l'appel de nombreux acteurs internationaux à garantir une liberté de déplacement dans la région.

Des dizaines de pays, dont la Suisse, ont appelé récemment les autorités éthiopiennes à garantir davantage d'accès humanitaire dans cette région. Depuis, celui-ci s'est un peu amélioré. Jeudi, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a annoncé qu'il mènerait des investigations avec la Commission nationale des droits de l'homme sur les exactions depuis novembre.

Armées visées par l'ONU

L'ONU a estimé récemment que de possibles crimes contre l'humanité et crimes de guerre ont notamment été perpétrés par les armées éthiopienne et érythréenne dans le nord. Amnesty International (AI) avait de son côté dénoncé deux massacres qui ont fait des centaines de civils.

Des violences sexuelles, des exécutions extrajudiciaires, des destructions et des pillages d'infrastructures et d'habitations sont toujours relayés auprès du Haut-Commisariat. Les affrontements entre armée et pouvoir régional, qui ont provoqué des centaines de milliers de déplacés, continuent.

Il y a quelques semaines, huit manifestants auraient encore été tués dans des villes de la région. Plus de 135 cas de viols ont été mentionnés dans des hôpitaux de décembre à janvier mais ils seraient beaucoup plus nombreux, encore selon l'ONU.