Tensions au Moyen-Orient Trump s'en prend modérément à l'Iran

ATS

8.1.2020 - 22:28

Le président américain Donald Trump a joué mercredi la carte de l'apaisement après des tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak. Il a néanmoins annoncé de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran.

Il n'a en revanche pas évoqué de réponse militaire, éloignant, pour l'heure, le spectre d'une escalade régionale, voire d'une guerre ouverte entre Washington et Téhéran. La Chambre des représentants américaine, dominée par les démocrates, va de son côté se prononcer jeudi sur un projet de loi visant à empêcher Donald Trump de faire la guerre à l'Iran, a annoncé mercredi la chef des démocrates Nancy Pelosi.

L'opération 'Martyr Soleimani» a été lancée par l'Iran au beau milieu de la nuit en représailles à l'élimination par Washington du général Qassem Soleimani à Bagdad. Au total, 22 missiles sol-sol se sont abattus sur les bases de Aïn al-Assad (ouest) et Erbil (nord), où sont stationnés certains des 5200 soldats américains déployés en Irak. «Aucun Américain n'a été blessé dans les attaques de la nuit dernière», s'est félicité le milliardaire républicain lors d'une allocution solennelle depuis la Maison Blanche.

«L'Iran semble reculer, ce qui est une bonne chose pour toutes les parties concernées et une très bonne chose pour le monde», a-t-il ajouté dans son discours d'une dizaine de minutes. M. Trump a conclu par un message à l'adresse du peuple iranien et de ses dirigeants: «Les Etats-Unis sont prêts à la paix avec tous ceux qui la veulent».

Représailles «proportionnées»

Un peu plus tôt, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, avait salué une «gifle à la face» des Etats-Unis, prévenant toutefois que ce n'était «pas suffisant». Il faut, avait-il dit, que «la présence corrompue des Etats-Unis dans la région prenne fin», alors que l'axe pro-Iran profite depuis vendredi d'un regain de sentiment anti-américain en Iran, mais aussi en Irak et au Liban.

«Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre, mais nous nous défendrons», avait abondé Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie. Il a affirmé que les représailles «proportionnées» de la nuit étaient «terminées».

Mais si la riposte iranienne est close, reste la «riposte irakienne», qui ne sera «pas moins importante», ont déjà promis les factions armées pro-Iran dans le pays. Elles se poursuivront «jusqu'au départ du dernier soldat» américain, ont ajouté ces factions que Washington accuse d'être derrière les dizaines de roquettes qui ont déjà visé leurs soldats et leurs diplomates ces derniers mois.

La réponse est coordonnée avec le Hezbollah libanais et Téhéran, assurent ces factions, après les frappes iraniennes – qui selon l'armée irakienne n'ont pas fait de victime dans ses rangs. Si elles n'ont pas suscité de riposte immédiate, elles font plus que jamais redouter une escalade régionale et un conflit ouvert.

Deux roquettes se sont abattues mercredi soir sur la Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, a indiqué à l'AFP un responsable des services de sécurité.

Appel au calme

Pour Phillip Smyth, spécialiste des groupes chiites armés, les tirs iraniens marquent une «nouvelle phase». L'Iran «a envoyé une réponse publique et d'ampleur», «un signal». La suite, affirme-t-il, pourrait être confiée «aux agents de l'Iran».

Dans le monde, des capitales appelaient au calme alors que d'autres maniaient la menace. Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont appelé «toutes les parties à agir avec retenue» alors que Londres estimait que «l'Iran devrait plutôt oeuvrer en faveur d'une désescalade urgente».

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui prévenu: «quiconque nous attaque recevra une riposte retentissante». Chypre, elle, «a donné son accord» à Washington pour que, temporairement, «une unité de réaction rapide» se serve de son sol pour «évacuer des missions diplomatiques américaines (...) et des citoyens américains».

Les compagnies aériennes américaines, ainsi qu'Air France ou Lufthansa ont interdit le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe après que les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique iranienne, ont menacé «des gouvernements alliés» des Etats-Unis, en premier lieu les Etats du Golfe, pris entre Iran et Irak, et Israël.

Washington compte rester

Les funérailles en Iran du général Soleimani, assassiné avec l'Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran intégrées aux forces régulières irakiennes, ont été jusqu'à mardi soir ponctuées d'appels à la «vengeance».

Avant même les frappes de la nuit, plusieurs Etats membres de la coalition avaient annoncé sortir leurs soldats d'Irak. Si la France et l'Italie disent rester, Canadiens et Allemands ont redéployé une partie de leurs troupes vers la Jordanie et le Koweït. L'OTAN a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel et «exhorté l'Iran à s'abstenir de toute nouvelle violence».

M. Trump écarte, lui, tout départ. Il a estimé que ce «serait la pire chose qui puisse arriver à l'Irak».

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