Turquie L'abandon d'un traité protégeant les femmes fait des remous

ATS

27.3.2021 - 19:03

Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue en Turquie samedi pour le deuxième week-end consécutif. Ils dénonçaient contre la décision de Recep Tayyip Erdogan de se retirer du premier traité contraignant pour lutter contre les violences faites aux femmes.

27.3.2021 - 19:03

A Istanbul, des centaines de femmes ont exhorté samedi le président turc à revenir sur sa décision.
A Istanbul, des centaines de femmes ont exhorté samedi le président turc à revenir sur sa décision.
ATS

Samedi dernier déjà, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté en Turquie pour demander au président de revenir sur sa décision. Dans un décret publié dans la nuit de vendredi à samedi, M. Erdogan avait annoncé le retrait de son pays de la Convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes dans une trentaine de pays pour prévenir la violence sexiste.

Cette décision a été annoncée alors que les féminicides n'ont cessé d'augmenter depuis une décennie en Turquie. Elle a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques de l'Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU.

Justifiant la décision de se retirer, la présidence turque a affirmé la semaine dernière que l'instrument avait été «détourné par un groupe de personnes tentant de normaliser l'homosexualité», ce qui, selon elle, était «incompatible» avec les «valeurs sociales et familiales» de la Turquie.

«Nous n'avons pas peur»

Dans le quartier de Kadiköy à Istanbul, des centaines de femmes ont à nouveau exhorté samedi le président turc à faire marche arrière, a constaté un correspondant de l'AFP. A Ankara, un petit groupe de femmes a manifesté dans le centre-ville, entouré par la police anti-émeute.

Dans la capitale turque comme à Istanbul, des chants de «nous n'avons pas peur, nous ne resterons pas silencieux, nous n'obéirons pas» ont été entendus.

L'annonce de la mort d'une jeune fille enceinte de 17 ans, poignardée dans la province égéenne d'Izmir selon l'agence de presse officielle Anadolu, suscitait samedi un grand émoi. Le suspect serait l'homme avec lequel elle vivait.

En 2020, 300 femmes ont été assassinées en Turquie et il n'y aucun signe de ralentissement de cette tendance, avec 87 femmes tuées jusqu'à présent cette année, selon le groupe de défense des droits des femmes We Will Stop Femicide Platform.

ATS