Brésil Un régiment brésilien célèbre le coup d'état

ATS

29.3.2019 - 00:56

Le président brésilien Jair Bolsonaro considère que les 21 ans de régime militaire imposé après un coup d'état de l'armée en 1964 n'était certes «pas une merveille» mais n'était pas pour autant une dictature.
Le président brésilien Jair Bolsonaro considère que les 21 ans de régime militaire imposé après un coup d'état de l'armée en 1964 n'était certes «pas une merveille» mais n'était pas pour autant une dictature.
Source: KEYSTONE/AP/ERALDO PERES

Suivant la recommandation du président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, un régiment de Sao Paulo a célébré jeudi le 55e anniversaire du coup d'Etat qui avait instauré une dictature militaire de 1964 à 1985.

Le nouveau dirigeant considère qu'il s'agissait d'un rempart «contre le totalitarisme». Lundi, le porte-parole du chef de l'Etat avait mis le feu aux poudres en déclarant que M. Bolsonaro avait ordonné que soient organisées dans les casernes «les commémorations qui se doivent» pour cet anniversaire.

Face à la polémique, le président lui-même a nuancé ses propos jeudi, affirmant qu'il ne s'agissait pas de «commémorer, mais de se remémorer» cette épisode de l'histoire brésilienne. «Il faut revoir quelles ont été les erreurs commises, ce qui a fonctionné, et s'en servir pour le bien du Brésil à l'avenir», a-t-il ajouté lors d'une cérémonie militaire à Brasilia.

Le «rôle stabilisateur» de l'armée

Le parquet fédéral a recommandé que les régiments s'abstiennent «de promouvoir ou participer à quelque manifestation publique pour célébrer le coup d'Etat militaire». Cela n'a pas empêché le commandement militaire du sud-est, à Sao Paulo, d'organiser une cérémonie jeudi, trois jours avant la date anniversaire.

«Le 31 mars 1964 s'inscrit dans un contexte de guerre froide (...) Les familles brésiliennes étaient alarmées et se sont mises en marche (...) interrompant l'escalade vers le totalitarisme», disait le message signé par le ministre de la Défense lu devant les troupes.

«L'armée a répondu à la clameur de l'ample majorité de la population et de la presse brésilienne, en jouant un rôle stabilisateur», souligne ce texte, qui ne cite à aucun moment les termes «coup d'Etat» et «dictature».

«Pas une dictature»

Selon un rapport publié en 2014 par la Commission nationale de la vérité, 434 assassinats ont été perpétrés au cours des 21 ans de régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et cas de torture d'opposants.

Mercredi, Jair Bolsonaro, ex-capitaine de l'armée qui a toujours fait l'éloge des années de plomb du régime militaire, a réaffirmé dans un entretien à TV Bandeirantes qu'il ne s'agissait pas d'une dictature.

«Il faut reconnaître la vérité. Ce n'était pas une merveille, mais aucun régime n'est merveilleux. C'est pareil pour le mariage. Parfois, il y a des petits problèmes, c'est plutôt rare de ne pas avoir de problèmes dans un couple», a-t-il expliqué.

«Et où avez-vous déjà vu une dictature remettre le pouvoir à l'opposition de façon pacifique ? Uniquement au Brésil. Donc ce n'était pas une dictature», a-t-il conclu, rappelant le long processus de transition démocratique.

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