L'Association Cointrin-Ouest (ACO) poursuit sa lutte contre la réverbération acoustique du bruit des avions contre les immeubles. Un recours vient d'être déposé en 2e instance contre la construction à Cointrin d'un hôtel de 47 mètres qui amplifierait les nuisances de 27 décibels, en valeur de pics sonores.
"Si l'on construit un bâtiment en hauteur, le son de l'avion se réfléchit. Cela crée un ping-pong, un écho avec les maisons basses du voisinage", a déclaré jeudi devant la presse Serge Reynaud, président de l'ACO. Pour éviter un enfer sonore autour de l'aéroport, l'association demande aux autorités cantonales de tenir compte du pic de bruit et de réverbérations avant d'autoriser toute construction de plus de deux étages.
Car, aujourd'hui, l'Ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB) dit ne pas savoir calculer les réverbérations sonores et choisit de ne pas en tenir compte, relève M. Reynaud. Elle n'utilise que la notion de charge sonore (une moyenne du bruit) pour évaluer la nuisance.
Pic plutôt que moyenne
Le pic sonore, soit le bruit entendu lors du passage d'un avion, est pourtant la réelle pollution acoustique, a relevé celui qui fut spécialiste de détection de signal dans le bruit au CERN. Et de donner en exemple le pot troué d'un vélomoteur, très audible au milieu du flot de la circulation. Il n'apparaîtra cependant pas dans la valeur moyenne de la charge sonore du trafic.
Amplifications
Le pic de bruit impulsif peut facilement se mesurer, note l'ACO. Elle en veut pour preuve une étude réalisée à l'aéroport Schiphol d'Amsterdam. A Cointrin, elle prévoit une amplification de 27 décibels (db) avec la construction de l'hôtel.
Le pic du bruit du passage d'un avion à 700 mètres sans réverbération tourne autour de 60 décibels. Avec la réverbération, le pic monte à 87 db, a-t-il détaillé. Selon les calculs de l'OPB, la charge sonore est de 50 décibels. Or le pic de bruit est 5000 fois plus élevé que la charge sonore (+37 db), a-t-il calculé.
Protéger les citoyens
L'autorisation de construire a été accordée en janvier 2018. L'association a fait un premier recours, qui a été rejeté en août 2018. "On minimise les nuisances, parce que l'on veut construire", souligne Serge Reynaud.
La loi a pour objectif de protéger les citoyens, rappelle-t-il. L'ACO souhaite que l'instance cantonale demande une modification de l'OPB. Le Département concerné, aujourd'hui celui du territoire, doit tenir les engagements pris en 2016 et étudier les réverbérations au moment du plan localisé de quartier.
Au vu des problèmes de santé provoqués par le bruit, "il va y avoir des morts si on laisse faire", a relevé M. Reynaud. "On demande l'application du principe de précaution et l'arrêt de la densification de la zone. Pourquoi Genève veut-elle mettre la ville si près de l'aéroport?", s'interroge-t-il encore.
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