Dans un rapport publié vendredi, la Cour des comptes décrit le «climat malsain» qui règne au sein de l'administration du Grand-Saconnex (GE). Des collaborateurs souvent «en détresse» ont dénoncé des comportements inappropriés, allant du mobbing aux remarques sexistes. Informé, l'exécutif est «dans le déni».
«L'atmosphère de travail n'est pas saine, mais il n'y a pas eu de situation qui nécessitait une dénonciation pénale», a relevé devant la presse François Paychère, président de la Cour des Comptes. Alertée par des citoyens et par des élus du Conseil municipal, la Cour a passé à la loupe la problématique de la gestion des ressources humaines de la ville.
Fait inhabituel, selon M.Paychère, la Cour a été sollicitée spontanément pas plusieurs collaborateurs qui demandaient à être entendus. Les propos et l'état émotionnel de certaines personnes ont montré que la situation sur le lieu de travail était mal vécue. Les quelque 90 employés de cette ville de plus de 12'000 habitants ont aussi pu s'exprimer par le biais d'un questionnaire.
Près de la moitié des collaborateurs ont indiqué avoir été témoins ou victimes de comportements inappropriés. Certains commentaires sont très virulents à l'encontre de la hiérarchie, relève la Cour. Beaucoup ont mentionné des problèmes avec le secrétaire général. Autre élément révélateur d'un climat délétère, quatre chefs de service sur sept ont démissionné entre décembre 2017 et mars 2019.
Cadres en couple
Constituée en 2015, une commission du personnel s'est dissoute après deux ans d'activité seulement. Elle a été entravée dans son fonctionnement par une attitude conflictuelle du conseil administratif et du secrétaire général. La Cour recommande à l'exécutif de la reconstituer et surtout de s'engager à faire preuve d'une attitude plus conciliante.
Autre problème visé par l'organe de surveillance: la relation amoureuse entre deux cadres. Cette situation, connue depuis plusieurs années, ne permet pas une expression libre des positions de chaque collaborateur. La Cour propose à l'exécutif d'entendre les employés sur ce sujet. Sans amélioration de la situation, elle recommande de déplacer l'un des deux cadres concernés.
Dans le déni
Le conseil administratif, qui a été alerté à plusieurs reprises sur ce climat de travail malsain, est «dans le déni», selon M.Paychère. Les douze recommandations visant à améliorer la gestion des ressources humaines et à rétablir la confiance ont toutefois toutes été acceptées. Ce rapport de la Cour des comptes a été transmis à l'Office de l'inspection et des relations du travail (OCIRT).
Invité à participer à la conférence de presse de vendredi matin, le conseil administratif n'était pas représenté. Dans ses observations écrites, il affirme ne pas se retrouver dans la description d'un climat de travail tendu et d'un important malaise. Selon M.Paychère, l'exécutif n'a toujours pas pris la mesure de la situation.
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