Vote Les Prévôtois seront fixés sur leur sort le 28 mars 

hs, ats

28.2.2021 - 08:38

Dans un mois, le 28 mars, les citoyens de Moutier (BE) diront pour la seconde fois lors d'un scrutin présenté comme le plus surveillé de l'histoire suisse s'ils veulent rejoindre le canton du Jura ou s'ils préfèrent rester Bernois. Malgré l'enjeu du vote, la campagne n'est guère animée. A la pandémie qui pèse sur le moral de la population s'ajoute une certaine lassitude.

Une marche silencieuse aux flambeaux avait eu lieu le 9 novembre 2017 après la décision de la préfète du Jura bernois d'invalider le vote du 18 juin 2017 sur l'appartenance cantonale de Moutier. (archives)
Une marche silencieuse aux flambeaux avait eu lieu le 9 novembre 2017 après la décision de la préfète du Jura bernois d'invalider le vote du 18 juin 2017 sur l'appartenance cantonale de Moutier. (archives)
KEYSTONE

Le vote du 18 juin 2017, qui avait débouché sur une majorité de 137 voix en faveur du transfert dans le canton du Jura, a été invalidé par la justice bernoise en raison d'irrégularités. Près de quatre ans plus tard, les Prévôtois s'apprêtent à répéter cet exercice démocratique dans un contexte différent avec le Covid-19.

Les deux camps s'accordent sur un point: la campagne est calme et pas aussi enflammée que celle qui avait précédé le vote du 18 juin 2017. En raison des restrictions sanitaires, les mouvements de lutte doivent mener une campagne à distance. A défaut d'événements festifs, ils multiplient les interventions sur les réseaux sociaux et dans le courrier des lecteurs.

Campagne discrète

Dans les rues de cette commune de quelque 7500 habitants, la plus peuplée du Jura bernois, rien ou presque ne laisse deviner qu'un scrutin historique aura lieu dans un mois. Les affiches partisanes sont rares et le drapeau jurassien ne flotte plus au fronton de l'Hôtel de Ville.

Sur la façade de l'Hôtel de la gare, fief des autonomistes, un ruban lumineux défile avec le message: «j'agis pour le futur de ma ville: je vote oui». Pour le reste, ce sont les affiches avec les mesures sanitaires contre le Covid qui occupent l'espace public.

Une prolongation des restrictions décidées par le Conseil fédéral pourrait priver les militants autonomistes et les sympathisants antiséparatistes de toute possibilité de se rassembler dans les rues ou dans les restaurants pour célébrer une éventuelle victoire au soir du 28 mars.

Arguments connus

Les arguments avancés par «Moutier ville jurassienne» et par «MoutierPlus» n'ont guère évolué depuis 2017. Les deux comités de campagne cherchent à convaincre les indécis et surtout à séduire les nouveaux votants, que ce soient des jeunes ayant acquis le droit de vote ou les centaines de nouveaux arrivants.

Le comité non séparatiste «MoutierPlus» estime qu'il n'y a aucun avantage au changement d'appartenance cantonale. Il souligne que la cité prévôtoise bénéficie de plus d'opportunités dans le canton de Berne qu'en rejoignant le voisin jurassien tant sur le plan fiscal qu'économique notamment.

Pour «Moutier ville jurassienne», un oui le 28 mars serait synonyme d'avenir meilleur et de paix retrouvée pour les Prévôtois. Aux yeux des autonomistes, un transfert dans le canton du Jura permettrait à Moutier d'exister et de rayonner alors qu'un maintien dans le canton de Berne se traduirait au mieux par un statu quo.

Retenue des autorités

Cette absence de véritable campagne s'explique aussi par la retenue dont font preuve les Gouvernements jurassien et bernois ainsi que les autorités communales de Moutier. Les deux gouvernements se sont engagés à s'abstenir de toute campagne proactive. Aucun de leurs membres ne sera dans la cité prévôtoise avant le vote du 28 mars.

Les cantons de Berne et du Jura assurent vouloir clore une fois pour toutes la Question jurassienne sitôt le cas de Moutier réglé. Pour cette raison, ils pèsent de tout leur poids pour que le processus se déroule d'une manière irréprochable afin d'éviter des recours qui prolongeraient l'incertitude tout en ravivant les tensions.

Un appel entendu par la Confédération, qui a encore renforcé les mesures de surveillance afin que le résultat soit accepté par la population et tous les acteurs institutionnels. Le vote du 18 juin 2017 était déjà censé être le plus surveillé de l'histoire suisse, mais il avait été annulé en raison d'irrégularités.

Implication de la Confédération

Jamais encore un vote communal n'a été organisé en Suisse avec des règles aussi pointues, qui plus est sous l'égide et avec le soutien de la Confédération. Ce dispositif mis en place pour encadrer la votation est fixé dans un arrêté du gouvernement bernois en concertation avec la Conférence tripartite et la Ville de Moutier.

Le contrôle systématique du registre électoral par la Chancellerie bernoise et la commune de Moutier doit permettre de prévenir les domiciliations fictives. Plusieurs centaines de personnes ont reçu un questionnaire portant sur leur domiciliation politique. C'est sur la base de son registre électoral que la cité prévôtoise va établir et imprimer le matériel de vote.

L'Office fédéral de la justice (OFJ) se chargera ensuite d'envoyer les documents aux électeurs le 6 mars afin qu'ils leur parviennent après les votations fédérales du 7 mars. Le vote aux urnes, qui se tiendra à la Sociét'Halle vendredi, samedi et dimanche, sera à nouveau contrôlé par les observateurs fédéraux.

Traçabilité du matériel de vote

Des mesures seront aussi prises pour s'assurer que les personnes hospitalisées et les pensionnaires de homes reçoivent bien leur matériel de vote en mains propres. Le matériel de vote pourra être remis par les observateurs fédéraux ou par le personnel de l'établissement qui devra remplir un procès-verbal.

Pour éviter que certains citoyens ne jettent leur matériel de vote glissé dans les cases postales, les poubelles devraient être supprimées dans les locaux de la Poste.

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