Scrutin Moutier bernoise ou jurassienne, le vote sera serré

hs, ats

22.1.2021 - 09:54

Dans moins de trois mois, la ville de Moutier (BE) se prononcera pour la seconde fois sur son appartenance cantonale. Partisans du maintien de la ville dans le canton de Berne et militants en faveur de son transfert dans le Jura nourrissent un même objectif: convaincre les indécis et séduire les nouveaux votants en vue du scrutin du 28 mars.

Le vote du 18 juin 2017, qui avait débouché sur une majorité de 137 voix en faveur du transfert dans le Jura, avait été invalidé par la justice bernoise en raison d'irrégularités.
Le vote du 18 juin 2017, qui avait débouché sur une majorité de 137 voix en faveur du transfert dans le Jura, avait été invalidé par la justice bernoise en raison d'irrégularités.
KEYSTONE

Le vote du 18 juin 2017, qui avait débouché sur une majorité de 137 voix en faveur du transfert dans le Jura, avait été invalidé par la justice bernoise en raison d'irrégularités. Près de quatre ans après le premier vote, les Prévôtois s'apprêtent à répéter cet exercice démocratique dans un contexte marqué par le Covid-19.

Les deux camps s'accordent sur un point: la campagne est encore plutôt calme et pas aussi enflammée que celle qui avait précédé le vote du 18 juin 2017. A la pandémie qui pèse sur le moral de la population s'ajoute une certaine lassitude.

Les comités de campagne des partisans du transfert de Moutier dans le canton du Jura et ceux en faveur de son maintien dans le canton de Berne s'emploient à séduire les nouveaux votants, que ce soit des jeunes arrivés en âge de voter ou de nouveaux arrivants.

Ils tentent aussi de rallier à leur mot d'ordre les indécis, frange d'électeurs qui pourrait jouer un rôle clé dans un scrutin dont le résultat s'annonce très serré. La campagne s'articule sur des moyens plutôt classiques comme la distribution de tous-ménages, une présence sur les réseaux sociaux et dans le courrier des lecteurs.

Centaines de nouveaux électeurs

Depuis le scrutin de juin 2017, les mouvements de population dans la cité prévôtoise concernent plusieurs centaines de personnes. De 2017 à 2019, la ville a enregistré 790 arrivées de citoyens suisses et, dans le même temps, le départ de 970 autres.

Le nombre d'habitants a légèrement diminué, passant de 7532 en 2017 à 7426 en 2019, selon les chiffres transmis par la commune. Le nombre d'ayants-droit en matière communale était de 4527 lors du scrutin du 18 juin 2017 contre 4435 lors des votations fédérales du 29 novembre 2020.

Si les militants autonomistes se regroupent comme lors du premier vote au sein du comité «Moutier ville jurassienne», les partisans du maintien de la cité prévôtoise dans le canton de Berne ont voulu se donner une image qu'ils souhaitent rassembleuse et ont placé leur campagne sous le signe du renouveau avec «MoutierPLUS».

Son comité entend mener une campagne qui se veut positive pour gagner en visibilité. Afin d'élargir sa base, «MoutierPLUS» se définit comme «non séparatiste» et pas comme «pro-bernois». Il a donc renoncé à afficher la référence au drapeau bernois sur son site ou sur ses dépliants.

Défendre une vision

«Nous défendons une vision moderne, pas un drapeau», explique à Keystone-ATS Steve Léchot, l'un des porte-parole de «MoutierPLUS». Ce mouvement entend susciter une plus large adhésion auprès des Prévôtois qu'en 2017. «On mise sur la pluralité politique», souligne M. Léchot.

Avec son slogan «Plus grand, plus haut, plus fort», le comité axe sa campagne sur les perspectives de développement de Moutier, plus grande ville du Jura bernois, au sein d'un canton bilingue. Il estime qu'un changement de canton impliquerait des années d'incertitude avec des négociations sur le partage des biens.

Appel à la jeunesse

Dans le camp autonomiste, «Moutier ville jurassienne» a reconduit la stratégie adoptée en 2017. Le comité mise sur la mobilisation de la jeunesse, une présence accrue sur les réseaux sociaux et sur le contact de proximité avec le porte-à-porte mené dans le respect des mesures sanitaires.

Ses arguments restent pour l'essentiel les mêmes, la situation n'ayant pas fondamentalement changé. «Le coeur doit parler», déclare à Keystone-ATS Mylène Jolidon, l'une des porte-parole du comité. Mais l'aspect financier n'est pas pour autant oublié. «Nous voulons démentir la légende urbaine qui prétend que le canton du Jura est plus cher», ajoute la militante.

Projet d'avenir

Pour «Moutier ville jurassienne» un oui le 28 mars est synonyme d'avenir meilleur et de paix retrouvée pour les Prévôtois. Aux yeux des autonomistes, un transfert dans le canton du Jura permettrait à Moutier d'exister et de rayonner alors qu'un maintien dans le canton de Berne se traduirait au mieux selon eux par un statu quo.

En raison du Covid, il n'y aura pas de grands rassemblements qui étaient un peu la carte de visite des militants autonomistes et leur octroyaient une visibilité supplémentaire. «C'est triste de ne pas pouvoir vivre le même engouement, il n'y aura pas la même ambiance», explique Mylène Jolidon.

Mais les sympathisants jurassiens estiment que la pandémie pourrait paradoxalement jouer en leur faveur. «Nous proposons à la population un projet d'avenir, un projet de société en ces temps difficiles», avait déclaré Laurent Coste, autre porte-parole de «Moutier ville jurassienne» lors du lancement de la campagne.

L'après 28 mars

«MoutierPLUS» assure qu'il acceptera le résultat du 28 mars. «Si on perd, l'essentiel est d'aller de l'avant, de passer à autre chose», souligne son porte-parole. «Une victoire du non pourrait s'avérer plus problématique en terme d'acceptation du résultat «, ajoute Steve Léchot en souhaitant que les autonomistes ne jettent pas d'huile sur le feu.

Un scénario qui n'entre pas en ligne de compte pour «Moutier ville jurassienne» où la confiance est de mise. «En toute franchise, on n'imagine pas que le non puisse l'emporter», estime Mylène Jolidon.

Personne n'imagine que la situation pourrait dégénérer comme ce fut le cas lors des émeutes survenues 7 septembre 1975 à l'issue du 3e plébiscite qui a vu la cité prévôtoise choisir de rester bernoise. Des militants autonomistes avaient affronté à coups de cocktails Molotov les grenadiers bernois.

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