Neurologie Le stress nous pousserait à prendre de mauvaises décisions

SDA/tpfi

10.2.2021

A droite, à gauche ou tout droit? Sous l’effet du stress, le cerveau fait souvent le mauvais choix. Des scientifiques ont désormais découvert les mécanismes neurologiques sous-jacents dans le cerveau de la souris.
A droite, à gauche ou tout droit? Sous l’effet du stress, le cerveau fait souvent le mauvais choix. Des scientifiques ont désormais découvert les mécanismes neurologiques sous-jacents dans le cerveau de la souris.
Keystone

Au moment de prendre une décision, le stress nous pousse à faire le mauvais choix. Des chercheurs lausannois révèlent dans la revue scientifique «Neuron» les mécanismes neurologiques de ce phénomène chez un modèle animal.

Un peu de stress ne fait pas de mal, au contraire: certaines zones du cerveau montent en régime sous l’effet du stress et augmentent l’attention portée aux détails. Mais le stress peut aussi avoir un effet négatif, comme par exemple sur la capacité de décision.

Des chercheurs de l’université de Lausanne, sous la direction du neuroscientifique Manuel Mameli, ont étudié ce fait en réalisant des expériences sur des souris. Ainsi, ils ont donné aux animaux le choix entre deux chemins dans un labyrinthe: une récompense les attendait au bout d’un des parcours, tandis que dans l’autre, il n’y avait rien à manger. Après avoir laissé les souris se familiariser avec le labyrinthe, les chercheurs ont stressé la moitié d’entre elles en leur administrant de faibles décharges électriques dans les pattes.

Pas de signal en cas de mauvais choix

Le jour J, l’équipe a déplacé la collation d’un couloir à l’autre. La chasse aux friandises a ensuite été ouverte et les chercheurs ont laissé les souris décider plusieurs dizaines de fois dans quel couloir elles voulaient s’engouffrer. Résultat: les rongeurs stressés ont choisi deux fois plus souvent le mauvais chemin que leurs congénères.

En réalisant des scanners des cerveaux, l’équipe a relevé des différences entre les souris au niveau de l’habenula latérale, qui traite les événements désagréables. D’après les chercheurs, l’activité des synapses dans cette zone du cerveau était plus faible chez les souris stressées. Cela engendre de moins bonnes décisions et une plus grande déception. «C’est comme si les neurones ne donnaient plus à l’animal le signal nécessaire pour lui dire: "Tu fais le mauvais choix, la nourriture n’est pas là. Change de stratégie!"», indique Manuel Mameli dans un communiqué de l’université de Lausanne.

Sur la piste d’une thérapie

La recherche en neurologie nous montre déjà que les personnes souffrant de dépression ont beaucoup de mal à prendre des décisions et à reconnaître quelles options sont bonnes ou mauvaises, explique Manuel Mameli. C’est pourquoi l’équipe souhaite désormais répéter son expérience avec des souris atteintes de cette maladie. Les chercheurs espèrent ainsi découvrir si l’habenula latérale est une cible possible pour les traitements psychiatriques.

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