Jeux intimes Dans l’intimité des animaux sauvages: chaleur à la Saint-Valentin

Wolfgang Runge, dpa

14.2.2018

En ce moment, les hormones des sangliers, ratons laveurs, loups et compagnie sont en ébullition: ils sont d’humeur câline. La plupart du temps, les petits ne viennent au monde qu’au retour du beau temps.

Alors que dans les champs, les lièvres s’échauffent déjà pour l’accouplement, dans la forêt, les renards dédient des chansons d’amour enrouées à leur adorée et les timides perdrix pratiquent le speed dating version animale: le jour de la Saint-Valentin, c’est chaud chez les animaux. «Dans la nature, c’est maintenant que l'on conçoit la génération 2018», explique Eva Goris de la «Deutsche Wildtiere Stiftung».

Pour leurs jeux intimes, les animaux sauvages n’ont pas besoin d’une chaleur douillette. Les lièvres se préparent déjà à l’accouplement depuis janvier, déclare Eva Goris. «Si on est attentif, on peut observer les premiers combats de boxe.»

Cependant, il ne s’agit pas de mâles qui se battent en duel à coups de pattes avant. «C’est la hase qui teste la force et la résistance de son futur partenaire sur le ring de boxe», explique Eva Goris. S’il réussit l’examen, il est bon pour l’accouplement. Dans le cas contraire, la hase se met en quête d’un autre partenaire de combat. Comme elle s’accouple plusieurs fois en très peu de temps, ses petits peuvent être de pères différents.

Voici les champions de l’accouplement au printemps: les sangliers (gauche et droite), les renards roux et les lièvres. En ce moment, les hormones des animaux sauvages sont en ébullition. La plupart du temps, les petits ne viennent au monde qu’au retour du beau temps.
Voici les champions de l’accouplement au printemps: les sangliers (gauche et droite), les renards roux et les lièvres. En ce moment, les hormones des animaux sauvages sont en ébullition. La plupart du temps, les petits ne viennent au monde qu’au retour du beau temps.
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Les sangliers, quant à eux, s’affairent déjà depuis décembre. «Si les mâles et les femelles s’accouplent tout au long de l’année, c’est maintenant que sont conçus les petits», déclare Eva Goris. En tout cas, les laies ne sont pas en manque d’attention: elles profitent à plusieurs reprises des assauts du sanglier le plus fort du clan.

Le mâle impressionne les femelles avec sa salive mousseuse, qui contient une substance odorante particulièrement envoûtante. «En bon mâle qu’il est, il marque également son territoire avec son urine: l’urine de sanglier est l’équivalent du parfum pour homme pour les laies», explique Eva Goris.

Ces jours-ci, le chat sauvage européen, qui est très timide, se montre lui aussi «particulièrement amoureux», rapporte Eva Goris. La nuit, les mâles attirent les femelles avec de longs miaulements gutturaux. «Durant la période du rut, il est impossible de ne pas entendre ce cri d’amour», Eva Goris en sait quelque chose.

D’ailleurs, le chat sauvage n’est pas un chat domestique revenu à l’état sauvage. Contrairement à ses parents domestiqués, il est rare et menacé. Cet animal farouche vit dans des forêts proches de l’état naturel et demeure une énigme pour les scientifiques, explique Eva Goris: «On est toutefois sûr d’une chose: en ce mois de février, les chats sauvages sont “particulièrement amoureux”. C’est la période du rut, et l’odeur de la valériane a quelque chose d’irrésistible pour eux.» Après l’accouplement, ils reprennent immédiatement des chemins différents.

«En ce moment, les chants d’amour des renards retentissent eux aussi dans la forêt», déclare le biologiste Andreas Kinser, de la «Wildtier Stiftung». «Leur cri rappelle l’aboiement rauque d’un chien.» Il n’est pas rare que plusieurs renards fassent la cour à une même renarde en même temps.

«Avec son parfum – une odeur d’ammoniac particulièrement désagréable pour le nez humain –, le mâle met les hormones de la femelle en ébullition.» Durant le rut – la période de reproduction –, la renarde n’est en chaleur que trois jours. «Les mâles doivent donc déjà tout donner au moment de la cour», explique Andreas Kinser.

Pressées par le temps

Si les perdrix font preuve de passion dans la recherche de leur partenaire, elles n’en restent pas moins pressées par le temps. «On peut dire que d’une certaine façon, ce sont les spécialistes du speed dating version animale», explique Eva Goris. Pour trouver leur âme sœur, les perdrix ne quittent que brièvement leur abri tôt dans la matinée et en début de soirée – c’est à ce moment-là qu’elles se sentent le moins vulnérables. Car les rapaces sont leurs ennemis jurés. Chez les perdrix, la saison des amours dure jusqu'à fin mars.

La période d’accouplement des loups s’étend de fin janvier à mars inclus. «Les femelles commencent alors à sécréter une odeur intense», explique Andreas Kinser. «Le mâle se tient à proximité de son adorée pendant plusieurs jours et plusieurs nuits.» Pour l’accouplement, les deux partenaires se retirent de la meute. En général, les couples de loups passent toute leur vie ensemble.

Le castor n’est lui non plus pas un adepte des histoires d’un soir, mais cherche une partenaire pour la vie. «Chez les castors, la période d’accouplement commence également en janvier.» Les castors s’accouplent en eaux peu profondes, tout en nageant – l’eau froide ne leur fait pas peur. «Les couples de castors peuvent rester jusqu’à 20 ans ensemble», explique Eva Goris.

«Chez les putois, les belettes, les loutres, les écureuils ou encore les chiens viverrins – un omnivore à fourrure originaire d’Asie de l’Est –, la période d’accouplement commence en hiver», explique Andreas Kinser. Dans le ciel cependant, c’est encore relativement calme. «Les oiseaux ne commencent à s’accoupler que lorsque le ciel s’éclaircit.» Seuls l’aigle royal et le pygargue ont déjà entamé leur parade nuptiale pour trouver l’élue de leur cœur.

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