Sciences & Technique Entre vélociraptor, cygne et pingouin, un dinosaure nageur "très très bizarre"

AFP

7.12.2017 - 08:09

Des pattes de vélociraptor, un cou de cygne et des ailes de pingouin: des chercheurs révèlent l'existence d'une nouvelle espèce de raptors "très très bizarre", aussi à l'aise sur terre que dans l'eau, une première pour un dinosaure.

"Il faut imaginer un mélange entre un vélociraptor, une autruche et un cygne avec un museau de crocodile et des ailes de pingouin", décrit à l'AFP, Paul Tafforeau, paléontologue au Synchrotron européen de Grenoble (ESRF), coauteur de l'étude. "Il fait un peu extraterrestre", ajoute le chercheur.

Le surprenant petit prédateur, nommé "Halszka" pour Halszkaraptor escuilliei, vivait en Mongolie au Crétacé, il y a environ 72 millions d’années, selon une étude publiée mercredi dans Nature.

"Halszka" appartient à la famille des droméosaures, dont il partage la lignée avec le Vélociraptor, le prédateur effrayant des films Jurassic Park. Il en a la queue, mais dans une version plus courte, et les pattes arrières. "Des pattes de bipède capables de courir", précise le chercheur.

Il en a aussi hérité la fameuse "griffe tueuse", une griffe de la patte arrière très développée qui permet à tous les droméosaures d'égorger leurs proies.

Plus étrange: ce petit dinosaure d'un mètre vingt environ possédait aussi certaines caractéristiques de prédateurs aquatiques: des dents et un museau de crocodile et un très long cou ressemblant à celui du cygne.

- Exporté illégalement -

Selon les chercheurs, l'animal, en embuscade, le repliait en S puis le projetait très rapidement, bouche ouverte, au passage des poissons.

"Halszka est encore capable de courir et de chasser sur terre tout en étant capable de nager et de pêcher dans l'eau", résume Paul Tafforeau. Une première chez les dinosaures.

"On connaissait des dinosaures qui mangeaient du poisson, notamment le spinosaure (celui qui tue le tyrannosaure dans Jurassic Park 3), mais on ne pense pas qu'il pouvaient nager", précise le chercheur.

Cette découverte a été rendu possible par les techniques développées à l’ESRF, le synchrotron européen de Grenoble. La microtomographie multi-résolution par rayons X a pu notamment révéler les parties du squelette toujours enfouies au coeur de la roche.

L'équipe internationale à l'origine de l'étude a longtemps cru que le fossile était un faux "tellement il ressemble à une chimère". De plus, sa vie mouvementée incite à la méfiance.

"Exporté illégalement de Mongolie, Halszka a séjourné dans des collections privées dans le monde entier avant d'être acquis en 2015, et offert aux paléontologues pour étude", explique Pascal Godefroit de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique à Bruxelles dans un communiqué de l'ESRF.

"On a passé énormément de temps à essayer de démontrer que c'était un faux, mais nous n'y sommes pas parvenus", s'amuse Paul Tafforeau.

Pour couper court à toute polémique autours de l'authenticité du fossile, les chercheurs ont décidé de livrer en open access toutes les données récoltées. "c'est le fossile sur lequel on a fait, à ce jour, le plus d'expériences", précise Paul Tafforeau.

Tous les ancêtres d'Halszka sont des animaux terrestres "taillés pour la course et le saut". Aujourd'hui, c'est l'unique représentant d"une forme terrestre qui s'est adapté à l'amphibie".

Mais cette espèce n'a pas eu le temps de poursuivre son évolution. Sept mille ans après qu'"Halszka" ait profité des joies de la nage, les dinosaures disparaissaient de la surface du globe.

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