Sciences & Technique Intelligence artificielle: la France lance un plan pour se hisser au plus haut niveau

AFP

28.11.2018 - 19:11

Le député Cédric Villani visite le nouveau laboratoire de recherche en intelligence artificielle de Google, le 18 septembre 2018 à Paris
Le député Cédric Villani visite le nouveau laboratoire de recherche en intelligence artificielle de Google, le 18 septembre 2018 à Paris
Source: AFP/Archives

Le gouvernement a présenté mercredi sa stratégie nationale de recherche en intelligence artificielle, qui prévoit 665 millions d'euros de dépenses jusqu'en 2022, en capitalisant sur la tradition française de recherche en mathématique pour se hisser au plus haut niveau.

Le plan présenté à Toulouse par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal et le secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi reprend des propositions du rapport du député et mathématicien Cédric Villani, en mars dernier.

"L'ambition de la France est claire, il s'agit de faire en sorte, avec l'Allemagne que l'Union européenne soit capable de rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis" en matière d'intelligence artificielle, explique-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Dans une interview aux Echos, mercredi, Frédérique Vidal a expliqué que la France voulait faire partie des précurseurs dans certains domaines d'application de l'intelligence artificielle comme la santé et le transport, pour acquérir une position centrale.

"La France peut se positionner comme un acteur majeur dans les domaines où nous avons une certaine avance, à commencer par exemple par la santé: nous sommes l’un des pays au monde qui a les plus grandes bases de données, du fait de notre système centralisé", a indiqué la ministre de l'Enseignement supérieur.

"Nous avons également, au travers de Galileo (le système européen de géolocalisation par satellites) des infrastructures et des données de navigation par satellite au meilleur niveau mondial", a-t-elle ajouté.

Selon les deux ministres, l'Etat va notamment consacrer 200 millions d'euros aux "3IA", des centres interdisciplinaires appelés à devenir les vaisseaux amiraux de la recherche française en intelligence artificielle. Quatre pôles universitaires sont candidats, à Paris, Toulouse, Grenoble et Nice.

Une centaine de millions d'euros supplémentaires viendront des entreprises, les 3IA ayant vocation à rapprocher recherche publique et privée.

Au total, ces 3IA devraient représenter environ 150 chaires en intelligence artificielle, auxquelles viendront s'ajouter une quarantaine de nouvelles chaires dans d'autres établissements d'enseignement.

Le gouvernement entend par ailleurs augmenter les financements de doctorants en intelligence artificielle.

- une capacité de 10 petaflops -

Il veut à terme doubler le flux annuel de ces doctorants, qui est actuellement d'environ 250, selon le ministère.

Le gouvernement prévoit également une enveloppe de 115 millions d'euros pour investir dans les superordinateurs, dont la puissance de calcul est nécessaire pour que les chercheurs puissent mener à bien leurs recherches.

Le laboratoire Idris du CNRS à Saclay en région parisienne verra ainsi entrer en fonction en 2019 un nouveau superordinateur, dont une partie des capacités sera réservée à l'intelligence artificielle. La machine aura au total une capacité de calcul de 10 petaflops (soit 10 millions de milliards d'opérations par seconde).

Le plan présenté par le gouvernement prévoit également 115 millions pour les coopérations, notamment avec l'Allemagne, et 100 millions d'euros pour les "Grands défis", des programmes de recherche ciblés.

Grâce à sa forte tradition de recherche mathématique, la France est l'un des pays en pointe dans la recherche en intelligence artificielle, derrière la Chine et les Etats-Unis mais au côté de pays comme Israel, le Royaume-Uni et le Canada.

Plusieurs grands noms de la technologie mondiale sont en train d'installer ou de renforcer des équipes de recherche en intelligence artificielle en France, à l'image de Google, Samsung, IBM, Fujitsu, DeepMind ou Facebook.

Le réseau social dirigé de Mark Zuckerberg contribue d'ailleurs à hauteur de 5 millions d'euros au plan annoncé mercredi par Mme Vidal et M. Mahjoubi.

Un don de 2 millions d'euros du géant américain va permettre de financer un projet de constitution de jeux de données autour du développement durable (évolution de la destination des sols, stress hydrique, changement climatique...)

Facebook va également apporter 3 millions de dollars pour le renforcement de la puissance de calcul française en intelligence artificielle.

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