Menace climatique La «porte des enfers» dévore inexorablement la taïga

jfk

5.4.2019

Situé en Sibérie, le cratère Batagaika a la forme d’un têtard (archive).
Situé en Sibérie, le cratère Batagaika a la forme d’un têtard (archive).
Nasa

Dans la taïga sibérienne, un cratère ne cesse de se dilater. Des scientifiques craignent des conséquences graves pour l’environnement mondial.

Ce cratère, qui mesure aujourd’hui 1000 mètres de long pour 100 mètres de profondeur, la population locale l’appelle révérencieusement la «porte des enfers». C’est dans les années 1960 que la dépression est apparue dans le nord-est de la Russie asiatique, près de la ville de Batagaï, après le déboisement de la forêt pour la construction de routes.

Sans la protection et l’ombre des conifères, le pergélisol sibérien, exposé au rayonnement direct du soleil, s’est réchauffé en été. Les couches terrestres supérieures ont fondu et sont descendues dans le sol plus meuble. A cet endroit s’est ainsi formé un paysage de cratère en forme de têtard; de l’eau s’est accumulée dans sa cuvette pour constituer des mares. Ce processus de formation de terrain est connu des géomorphologues sous le nom de thermokarst.

En raison de la fonte progressive du pergélisol, ce poulain, qui a vécu il y a 30 000 à 40 000 ans, a été découvert dans le cratère Batagaika en 2018 (archive).
En raison de la fonte progressive du pergélisol, ce poulain, qui a vécu il y a 30 000 à 40 000 ans, a été découvert dans le cratère Batagaika en 2018 (archive).
Keystone

Le trou grossit depuis, comme le montrent clairement des images satellites de la NASA. Cela entraîne non seulement des changements pour le paysage, mais également des problèmes qui peuvent au final tous nous concerner. La fonte libère en effet des gaz à effet de serre auparavant liés au pergélisol, tels que du méthane et du dioxyde de carbone. A travers le cratère Batagaika, les chercheurs étudient également les relations complexes entre les dépressions thermokarstiques et le changement climatique provoqué par l’homme.



Selon «Die Welt», des scientifiques de l’Institut Alfred Wegener de Potsdam (Allemagne) supposent que 1300 à 1600 gigatonnes de carbone sont stockées dans le pergélisol dans le monde entier, soit bien plus que les 800 gigatonnes de carbone que renferme actuellement l’air atmosphérique sous forme de dioxyde de carbone.

Ils soulignent également que le pergélisol s’est réchauffé d’environ deux degrés Celsius au cours des 20 dernières années à une profondeur de 20 mètres. Certains experts mettent déjà en garde contre les «bombes à retardement climatiques» que les cratères, tels que la «porte des enfers» dans le nord-est de la Sibérie, pourraient représenter.

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