35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Le véhicule d'essai X-37B de Boeing, au 35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Des membres du commandement interarmées de l'espace, dont le brigadier général Michel Friedling (droite), au 35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Un colonel de l'US Air Force au 35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Une maquette du satellite NG Spacebus Neo de Thales Alenia Space, présenté au 35e Space Symposium à Colorado Springs le 9 avril 2019
La vraie guerre des étoiles est une affaire de satellites
35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Le véhicule d'essai X-37B de Boeing, au 35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Des membres du commandement interarmées de l'espace, dont le brigadier général Michel Friedling (droite), au 35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Un colonel de l'US Air Force au 35e Space Symposium à Colorado Springs, le 9 avril 2019
Une maquette du satellite NG Spacebus Neo de Thales Alenia Space, présenté au 35e Space Symposium à Colorado Springs le 9 avril 2019
A 36.000 km de la Terre, vers le 20 octobre 2017, dans le silence de l'espace, un satellite russe nommé Luch ou Olymp-K s'est lentement rapproché du satellite militaire franco-italien Athena-Fidus, un «acte d'espionnage» dénoncé par la France un an après.
Ce que l'on sait moins est que quelques jours auparavant, le même satellite russe avait été approché par un satellite militaire américain GSSAP, à 10 km de distance.
Depuis 2010, les Chinois ont aussi démontré leur capacité à piloter des satellites pour qu'ils se rapprochent d'une cible.
Ces manoeuvres discrètes sont l'expression la plus concrète de la militarisation de l'espace, selon plusieurs experts américains interrogés par l'AFP.
Etats-Unis, Russie et Chine sont certes capables de détruire des satellites ennemis par des missiles et probablement des collisions délibérées. Ils développent aussi peut-être des lasers pour aveugler ou endommager des satellites. Mais ces types d'attaques ne se sont jamais produites en six décennies d'histoire spatiale. La vraie guerre spatiale est virtuelle et cyber.
«La menace immédiate n'est pas celle d'une collision», dit Brian Weeden, coauteur d'un rapport de la Secure World Foundation détaillant ces manoeuvres suspectes de satellites. «Le but est le renseignement et la surveillance. Ces approches servent sans doute à photographier des satellites pour comprendre ce qu'ils font, ou à identifier quels types de signaux ils reçoivent».
- Brouillages -
Il n'y a qu'à voir le nombre d'uniformes militaires américains et alliés cette semaine au 35e Space Symposium, grand rendez-vous de l'industrie spatiale à Colorado Springs, pour saisir le degré d'intérêt des armées pour l'espace.
Quand Marty Whelan a commencé à travailler dans le domaine militaire spatial en 1984, «le plus difficile était de placer des choses en orbite. Une fois là-haut, c'était assez sûr», explique-t-il.
La guerre du Golfe en 1991 fut la première où les Etats-Unis utilisèrent réellement le spatial sur le terrain, surtout le GPS pour la navigation et les bombardements.
Les premières vulnérabilités se sont manifestées à la guerre d'Irak des années 2000. Les Iraniens ont commencé à tenter de brouiller les signaux satellitaires américains, selon Marty Whelan.
Ces dernières années, la Russie a quant à elle brouillé plusieurs fois le signal GPS autour de la mer Baltique et ailleurs, forçant Américains et alliés à développer des parades anti-brouillages.
«Si on fait exploser du métal dans l'espace, personne ne mourra, aucune mère ne perdra son fils», souligne Marty Whelan, qui a passé 33 ans dans l'armée de l'air et est aujourd'hui vice-président à l'Aerospace Corporation. «Mais si un fils ou une fille ne peut plus communiquer sur le champ de bataille, alors une mère peut perdre un enfant».
«L'espace est un chaînon essentiel du combat sur la planète Terre», poursuit l'ancien général, qui voit un «point d'inflexion». «Nous ne pouvons plus faire comme avant, tout doit changer».
- Surveiller les satellites -
Tout le secteur spatial, civil et militaire, a commencé à s'adapter pour se protéger des brouillages et cyberattaques.
«Nous manquerions de clairvoyance si nous restions à nous dire qu'en 2019, nous savons lutter contre toutes les menaces. Il y en a toujours de nouvelles», dit Mark Knapp, de la société norvégienne KSAT, qui opère plus de 200 antennes de communications satellitaires dans le monde.
Côté militaire, le Pentagone est en pleine réorganisation pour mettre sur pied la Space Force voulue par le président Donald Trump (le Congrès doit encore l'approuver).
Cette force spatiale sera l'égale des autres armées, et comptera plus de 20.000 militaires. La surveillance de l'espace sera l'une de ses priorités.
Fred Kennedy, nommé patron de la nouvelle Agence de développement spatial, a dévoilé mardi, à Colorado Springs, son projet de constellation de centaines de petits satellites militaires, construits avec l'aide du privé, pour surveiller en temps réel les dizaines de milliers d'objets autour de la Terre.
«Tout entre ici et la Lune», a-t-il assuré lors d'une rencontre avec des journalistes.
Quant à la prochaine génération de satellites militaires français, les Syracuse 4, successeurs d'Athena-Fidus, ils seront équipés de caméras, pour voir qui se rapprocherait trop près d'eux.
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