Programmation ambitieuseL'Hyperloop sera-t-il vraiment opérationnel dans 10 ans?
tafi
31.7.2019
L’Hyperloop est plutôt cool, c’est indéniable. L’idée de transporter des passagers à grande vitesse dans un tube à travers l’Europe est impressionnante, notamment sur le plan environnemental. Mais allons-nous faire l’expérience de cette nouvelle façon de voyager?
Nous sommes en l’an 2030. Vous vous trouvez dans une capsule élégante et aérodynamique qui flotte à travers un tube d’acier basse pression et qui accélère à plus de 1000 km/h: vous êtes dans l’Hyperloop, la vision d’un mode de transport futuriste pour laquelle l’entrepreneur américain controversé Elon Musk a adapté une technologie vieille de plus de 100 ans aux possibilités offertes par le XXIe siècle.
L’Hyperloop n’est plus une simple vision futuriste. De grandes entreprises investissent massivement dans des projets visant à mettre l’Hyperloop sur les rails, au sens propre comme au figuré. Des tronçons de test sont en cours de construction dans les déserts de Dubaï, tandis que des capsules futuristes sont dévoilées dans des entrepôts européens.
La société néerlandaise Hardt Hyperloop implantée à Delft a récemment mis en service le premier tronçon de test européen pour l’Hyperloop. Bien qu’il ne fasse que 30 mètres de long, il dispose de tous les composants nécessaires pour tester la technologie. Suivant le modèle de Delft, l’European Hyperloop Centre, un centre de recherche européen consacré au système, devrait voir le jour dans deux ans. Sur le long terme, les Néerlandais prévoient un système d’Hyperloop de 10 000 kilomètres à travers toute l’Europe.
Où en est la technologie, au juste?
Les défenseurs de l’Hyperloop ne cessent de souligner que cette technologie est plus durable que l’avion et beaucoup plus rapide que les trains à grande vitesse. Mais l’Hyperloop est-il réellement viable? Quelle est l’ampleur des obstacles techniques qui doivent encore être surmontés? Pourrons-nous vraiment faire un Amsterdam-Paris en une demi-heure dans un avenir prévisible?
«CNN Travel» a examiné de plus près la technologie. Dans tous les cas, il ne s’agit pas d’une nouveauté, comme l’explique l’expert britannique Chris Duale. Dès la fin du XIXe siècle, l’ingénieur britannique Isambard Kingdom Brunel a travaillé sur un système similaire, précise-t-il. Son but était de transporter des chariots avec de l’air comprimé.
Plus de 100 ans plus tard, Elon Musk a repris l’idée et, en 2013, il a décrit dans un livre blanc l’Hyperloop de ses rêves comme un mélange entre «un Concorde, un canon électrique et une table d’air hockey». Le système est censé être plus sûr, plus rapide, plus durable et plus efficace que les moyens de transport traditionnels.
Elon Musk a développé la vision, d’autres font le travail
Le fondateur de Tesla et de SpaceX a apporté la vision que beaucoup d’autres essaient de transposer depuis. Ainsi, à l’occasion de l’«Hyperloop Pod Competition», des étudiants suisses tentent eux aussi de battre des records de vitesse. Néanmoins, quelques entreprises travaillent déjà sur la mise en œuvre concrète du projet, notamment Virgin Hyperloop One, une société américaine dirigée par Richard Branson, Hyperloop Transportation Technologies (HyperloopTT), une start-up américaine qui a signé un accord pour la construction d’un tronçon de test en Chine, la société canadienne TransPod et même les Néerlandais de Hardt Hyperloop.
Cependant, même si ces entreprises sont dynamiques et célèbrent chaque petit succès, faire de l’Hyperloop une réalité et le transformer en un véritable moyen de transport prend beaucoup de temps. Trop d’impondérables se dressent encore devant les pionniers. Outre les questions d’ordre technique, le projet se révèle également problématique pour les claustrophobes, par exemple. Les gens sont-ils vraiment prêts à s’asseoir dans une capsule pour traverser un tunnel à 1000 km/h sans pouvoir regarder dehors? Et s’il se passe quelque chose? Comment les passagers sont-ils évacués? Quant aux tubes, résistent-ils aux catastrophes naturelles?
De nombreux obstacles, mais des objectifs élevés
Les ingénieurs qui travaillent à la mise en œuvre concrète de projets d’Hyperloop sont conscients du grand nombre d’obstacles à surmonter. Ils nourrissent tout de même des objectifs élevés. Sébastien Gendron, PDG de TransPod, rêve par exemple d’un système de métro à grande vitesse, à fréquence élevée et à prix abordable. «Nous savons que cela fonctionne sur le plan physique, sur le plan technologique», souligne pour sa part Ryan Kelly de Virgin Hyperloop One.
En réalité, la concrétisation des systèmes d’Hyperloop reposerait avant tout sur des considérations politiques. «Le véritable défi consiste plutôt à convaincre un gouvernement que s’il tient sérieusement à soutenir l’innovation réelle, il lui faut également prendre des risques.»
En Inde, cela devrait devenir réalité en 2029
Toujours est-il qu’en Inde, Virgin Hyperloop One est déjà bien engagé dans le processus de planification d’un tronçon entre les villes de Mumbai et de Pune, distantes d’environ 120 kilomètres. Interrogé par «CNN Travel», Ryan Kelly explique que ce tracé est «le plus long du monde».
Il espère que l’entreprise pourra achever la certification d’ici 2023 et procéder à la mise en service d’ici 2029. Les experts s’accordent à dire que le calendrier est à peu près réaliste. Et lorsqu’une entreprise se lancera réellement, les autres suivront rapidement, assure l’expert londonien Chris Dulake.
Peut-être que dans dix ans, nous pourrons vraiment filer à toute vitesse dans un tube de métal à la surface de la planète. Les vols courts feront alors partie du passé.
Des blindés de luxe sur rails: les trains des dictateurs nord-coréens
Des blindés de luxe sur rails: les trains des dictateurs nord-coréens
Lorsque Kim Jong-un monte à bord de la «bête verte», il est assuré d’arriver en grande pompe: en Corée du Nord, la dynastie dictatoriale des Kim a un faible pour les voyages sur les rails.
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Les trains privés des Kim sont des palaces de luxe sur rails ; leur intérieur sophistiqué offre toutes les commodités dont un dictateur en voyage a besoin.
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En revanche, ces trains luxueux ne pulvérisent pas les records de vitesse. En raison de leur blindage lourd, ils sillonnent les terres à une vitesse maximale de 60 km/h.
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Kim Jong-il, le père de l’actuel dirigeant nord-coréen, souffrait d’une peur extrême de l’avion et voyageait donc principalement en train. Il aurait eu six trains privés constitués de 90 wagons blindés.
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La paranoïa a toujours accompagné Kim Jong-il: ici, on le voit dans la cabine de conduite vérifier le bon fonctionnement de sa forteresse sur roues.
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Lors d’un voyage de Kim Jong-il en Russie, les habitants ont eu l’interdiction de s’approcher des gares.
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Comble de l’ironie, Kim Jong-il est décédé en 2011… à bord d’un train. Son peuple a salué sa mémoire lors d’une minute de silence nationale, comme le veut le protocole.
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Kim Jong-il (à gauche) a hérité de cette préférence pour le train de son père Kim Il-sung, le fondateur de la Corée du Nord, dès le berceau.
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Kim Il-sung fut le plus grand voyageur de la dynastie dictatoriale: il a même effectué un voyage en train jusqu'en RDA.
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Le dirigeant nord-coréen actuel, Kim Jong-un, se contente d’opérations de propagande, parfois même dans un métro flambant neuf.