Douze hommes américains ont marché sur la Lune entre 1969 et 1972 et la plupart ont décrit minutieusement leur expérience sur ce sol sombre, à la poussière fine, éclairé en permanence par un Soleil aveuglant, où la gravité est le sixième de celle de la Terre.
Voici leurs impressions, qui proviennent principalement de longs entretiens accordés à des historiens de la Nasa dans les années 1990 et 2000.
Juste après l'alunissage
«On ressent alors le moment le plus calme qu'un humain puisse vivre dans sa vie. Il n'y a aucune vibration. Aucun bruit. Les gens au sol ont arrêté de nous parler. Notre partenaire est émerveillé. Il ne peut rien dire. La poussière est partie. On réalise, soudain, qu'on a atterri dans un autre monde, sur un autre astre de l'univers, et que ce qu'on voit est vu pour la première fois par un être humain, par des yeux humains.»
(Gene Cernan, Apollo 17)
Buzz Aldrin sur la Lune, le 20 juillet 1969
Le module lunaire en train de remonter vers le module de commande en orbite de la Lune le 21 juillet 1969, avec un lever de Terre en arrière-plan
Buzz Aldrin descend l'échelle du module lunaire, le 21 juillet 1969 à 03H14 GMT
L'astronaute Buzz Aldrin sur la Lune le 20 juillet 1969
Marcher sur la Lune, quelles sensations ?
Buzz Aldrin sur la Lune, le 20 juillet 1969
Le module lunaire en train de remonter vers le module de commande en orbite de la Lune le 21 juillet 1969, avec un lever de Terre en arrière-plan
Buzz Aldrin descend l'échelle du module lunaire, le 21 juillet 1969 à 03H14 GMT
L'astronaute Buzz Aldrin sur la Lune le 20 juillet 1969
Le ciel noir
«Nous avons pris un instant pour regarder le ciel noir, un ciel totalement noir. Le Soleil brille mais il n'est pas réfléchi sur la surface, il n'y a aucune diffusion, aucun reflet. Un ciel totalement noir, et on voit une autre planète: la planète Terre (...) On se met à imaginer que des millions de personnes vivent sur cette planète et ne se rendent pas compte de sa fragilité.»
(Alan Shepard, Apollo 14)
L'horizon
«J'étais surpris par l'apparente proximité de l'horizon. J'étais surpris par la trajectoire de la poussière qu'on soulevait avec une botte (...) Il n'y avait jamais de nuage de poussière là-bas. Cela se produirait s'il y avait une atmosphère, mais quand il n'y en a pas, il n'y a aucun nuage de poussière.
J'étais absolument stupéfait, quand j'ai arrêté le moteur de fusée, de voir que les particules qui étaient jusque là éjectées de façon radiale de sous le moteur jusqu'à l'horizon, une fois le moteur éteint, ces particules sont parties au-delà de l'horizon et ont disparu instantanément, comme si le moteur avait été éteint depuis une semaine. C'était incroyable.»
(Neil Armstrong, Apollo 11)
«Il y a un problème sur la Lune pour la perception de la profondeur. On regarde des objets qu'on n'a jamais vus auparavant. Un gros objet très loin semble très similaire à un petit objet plus près. Il n'y a aucun poteau téléphonique, aucune maison, aucun arbre, aucune voiture pour estimer l'échelle comme sur Terre.»
(Charlie Duke, Apollo 16)
Il y a 50 ans, deux Américains marchaient sur la Lune
Il y a 50 ans, deux Américains marchaient sur la Lune
50 ans de la mission Apollo 11
Buzz Aldrin le 20 juillet 1969 sur la Lune, photographié par Neil Armstrong, visible dans le reflet de la visière de son coéquipier
Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin (de gauche à droite), le 30 mars 1969 au centre spatial Kennedy
Buzz Aldrin devant le module lunaire le 20 juillet 1969, photographié par Neil Armstrong
Décollage de la mission Apollo 11 le 16 juillet 1969 depuis le centre spatial Kennedy en Floride
Le module lunaire en train de remonter vers le module de commande en orbite de la Lune le 21 juillet 1969, avec un lever de Terre en arrière-plan
Le président américain Richard Nixon avec les trois astronautes d'Apollo 11, placés en quarantaine à bord du porte-avions USS Hornet, le 24 juillet 1969
Marcher léger
«Il semble qu'il n'y ait aucune difficulté à se déplacer, comme l'on s'en doutait. C'est même peut-être plus facile que dans les simulations au sixième de la gravité que nous avons faites sur Terre. Marcher ne pose vraiment aucun problème.»
(Neil Armstrong au centre de contrôle, peu après être descendu du module lunaire)
«J'ai commencé à courir doucement, j'avais l'impression de me déplacer au ralenti, dans de grandes foulées paresseuses, les deux pieds flottaient souvent en même temps dans l'air.»
(Buzz Aldrin, Apollo 11, dans son livre Magnificent Desolation)
«Trouver son équilibre n'était pas difficile, en revanche, j'ai observé que lorsque je faisais de grands sauts, j'avais tendance à basculer en arrière. J'ai failli tomber une fois et je me suis dit qu'il fallait arrêter.»
(Neil Armstrong, débriefing technique)
Les gants
«Le plus grand problème était les gants sur-mesure, qui étaient comme des ballons (...) Quand on voulait saisir quelque chose, il fallait serrer pour surmonter la pression (...) Serrer contre cette pression était épuisant pour les muscles des avant-bras. Imaginez que vous serriez une balle de tennis en continu pendant huit ou dix heures.»
(Harrison Schmitt, Apollo 17)
L'inéluctable désagrégation de la combinaison de Neil Armstrong
L'inéluctable désagrégation de la combinaison de Neil Armstrong
Les gants de la combinaison de Neil Armstrong, dans un atelier de restauration du Air and Space Museum à Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
La combinaison de l'astronaute d'Apollo 11 Michael Collins dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Lisa Young, restauratrice de l'Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019, près de la combinaison spatiale de Michael Collins (Apollo 11)
Le casque de communication porté par Buzz Aldrin pendant la mission Apollo 11, dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Cathleen Lewis, conservatrice des combinaisons spatiales, manipule l'un des gants de Neil Armstrong lors de la mission Apollo 11, dans l'atelier de restauration du Air and Space Museum de Chantilly, près de Washington, le 28 juin 2019
Un sol dur
«Enfoncer la hampe du drapeau dans le sol lunaire était plus difficile que prévu (...) Pour la première fois, un vent de panique m'a saisi. Depuis mon enfance j'avais vu les grands explorateurs planter leurs drapeaux dans leurs nouveaux mondes. Serais-je le premier à planter un drapeau qui retomberait?»
(Buzz Aldrin, Magnificent Desolation)
Méchante poussière
«Il y avait un peu de poussière lunaire par terre (dans le module). Elle avait une texture abrasive, comme du charbon, et une odeur âcre et métallique, comme de la poudre à canon, ou comme l'odeur qui traîne dans l'air après l'explosion d'un pétard. Neil comparait l'odeur à celle de cendres mouillées.»
(Buzz Aldrin)
Sentiment métaphysique
«J'ai soudain réalisé que les molécules de mon corps, du vaisseau spatial et de mes compagnons provenaient d'anciennes générations d'étoiles. Soudain, j'ai éprouvé cela de façon très personnelle, au lieu d'une réflexion objective du type +Ah oui, les molécules et les atomes viennent des étoiles+. Non: mes molécules ont été faites dans ces étoiles, c'était fou!»
(Edgar Mitchell, Apollo 14)
La lune en vidéographie:
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