Sciences & Technique Séisme en Ardèche: l'influence humaine pas totalement écartée 

AFP

24.12.2019 - 11:26

Jean-François Ritz étudie une fissure suite au séisme, le 20 décembre 2019 près du Teil
Jean-François Ritz étudie une fissure suite au séisme, le 20 décembre 2019 près du Teil
Source: AFP/Archives

Si l'origine du fort séisme du 11 novembre en Drôme-Ardèche a été considérée comme «naturelle», l'influence de l'activité humaine n'est pas encore totalement écartée, explique à l'AFP Jean-François Ritz, chercheur CNRS au laboratoire Géosciences Montpellier et membre du groupe de travail sur le sujet.

Question: Ce séisme de 5,4 de magnitude est considéré comme modéré. Il a pourtant fait de nombreux dégâts, notamment dans la ville du Teil (Ardèche), pourquoi ?

Réponse: «Ce séisme est atypique en France parce qu'il s'est produit à une très faible profondeur pour une magnitude 5, inférieure à un kilomètre. La deuxième chose, c'est qu'il a produit extrêmement peu de répliques, moins d'une dizaine alors qu'on aurait pu s'attendre à une centaine de répliques de magnitude 3. La troisième chose c'est qu'il a cassé la surface – sur une longueur de 4,5 km – et ça, dans la période instrumentale, c'est-à-dire dans les 100 dernières années, ça ne s'était jamais vu en France. La dernière rupture de surface connue a été constatée lors du séisme de Lambesc (Bouches-du-Rhône) en 1909 (mesuré à l'époque à 6,2).

Q: Une étude du CNRS a établi que son origine est «naturelle et causée par la pression entre les plaques» tectoniques. La thèse d'une influence de l'activité humaine est-elle à écarter totalement ?

R: Non, on ne peut pas écarter totalement cette hypothèse. Il y a certaines données qui peuvent suggérer une corroboration entre la nucléation du séisme et la présence d'une carrière au-dessus de la faille. Il y a d'autres données qui suggèrent que l'épicentre n'est pas exactement cet endroit là, donc c'est quelque chose qui est encore en débat, qui devrait être pouvoir être précisé prochainement avec des mesures supplémentaires.

Q: Mais l'étude écarte l'impact des tirs de mines de la carrière de calcaire, propriété du groupe cimentier Lafarge, dans le séisme...

R: L'effet anthropique qui interroge les géologues et sismologues, ce n'est pas celui des tirs de mines mais celui de la décharge, c'est-à-dire le déficit de masse dû à l'extraction du matériel de la carrière qui allège finalement la montagne et qui aurait permis à la contrainte tectonique qui s'accumule depuis longtemps de finalement s'exprimer au niveau de la faille. Ne serait-ce pas la petite pichenette qui a permis à la force tectonique de devenir plus forte et de faire partir la faille ? C'est la question.

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