Sciences & Technique Tara repart en expédition, à la chasse au plastique autour de l'Europe

AFP

16.5.2019 - 15:05

Photo prise le 7 juillet 2013 et transmise le 28 août 2013 par l'expédition scientifique Tara Oceans, où l'on voit la goëlette française Tara dans les eaux de l'Arctique
Photo prise le 7 juillet 2013 et transmise le 28 août 2013 par l'expédition scientifique Tara Oceans, où l'on voit la goëlette française Tara dans les eaux de l'Arctique
Source: TARA EXPEDITIONS/AFP/Archives

D'où proviennent les déchets plastiques retrouvés en mer ? Sous quelle forme arrive-t-il ? La goélette scientifique Tara va étudier dix fleuves européens pendant six mois pour répondre à ces questions et comprendre comment «arrêter cette hémorragie».

Environ 8 millions de tonnes de plastique sont rejetés chaque année dans les océans, dont 600.000 tonnes rien que pour l'Europe, selon des études citées par la fondation Tara.

Les microplastiques (de 0,2 à 5 millimètres de diamètre) sont omniprésents dans les océans. La Méditerranée, mer quasi fermée, «est la plus polluée au monde», a rappelé Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS, lors d'une conférence de presse à Paris.

Face à ce constat alarmant, la nouvelle mission Tara «va permettre d'identifier les sources de pollution plastique, les comprendre, comprendre l'apport des fleuves dans cette pollution et son impact sur la biodiversité et sa concervation», a expliqué Martine Hossaert, directrice de recherche au CNRS.

De mai à novembre 2019, la goélette parcourra la mer du Nord, la mer Baltique, la côte Atlantique et la mer Méditerranée pour étudier les embouchures de dix grands fleuves (Tamise, Elbe, Rhin, Seine, Loire, Garonne, Tage, Ebre, Rhône, Tibre) lors de 18 escales, avec à chaque fois 4 ou 5 scientifiques à bord.

Les microplastiques, fragments issus de la dégradation de bouts de plastique plus importants, sont particulièrement problématiques, car ils sont trop petits pour être récupérés. Ils peuvent servir de «radeau» à des organismes potentiellement invasifs ou pathogènes et peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire, c'est-à-dire dans nos organismes.

Lors de cette mission, des échantillonnages seront réalisés à la surface et jusqu'à 50 mètres de profondeur, mais aussi en remontant l'embouchure des fleuves car «80% des déchets en mer viennent du continent».

L'enjeu est de comprendre d'où vient le plastique, quand et comment il se fragmente, parvenir à prévoir les flux dans l'océan, pour savoir «là où faut investir demain pour arrêter cette hémorragie», a expliqué Romain Troublé, directeur général de la fondation Tara océan.

Le but de la fondation et du CNRS est de compléter la connaissance scientifique sur ces déchets plastiques, pour que les politiques publiques de lutte contre ce fléau soient mieux orientées. L'Union européenne veut interdire d'ici 2021 certains plastiques à usage unique et le gouvernement français doit présenter d'ici l'été un projet de loi sur l'économie circulaire.

Lors de sa dernière expédition, la goélette a exploré des récifs coralliens dans le Pacifique pendant deux ans et demi, pour mesurer l'impact du changement climatique sur ces écosystèmes riches, mais menacés.

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