Sciences & Technique Une étape dans l'Utah avant de viser Mars ou la Lune

AFP

14.2.2018 - 11:21

"Je pars sur Mars !" Enfin presque... Une apprentie astronaute française va débuter samedi une simulation de vie dans une "base martienne" installée en plein désert dans l'Utah, trois semaines d'isolement pour mieux décrocher un voyage sur la Lune.

Jusqu'au 11 mars, avec six coéquipiers, Victoria Da Poian, 22 ans, va s'installer, pour la deuxième fois, dans un habitat cylindrique de deux étages et 8 mètres de diamètre. Une "base" grandeur nature installée dans un paysage aride de l'ouest des Etats-Unis, à quatre heures de route de la ville la plus proche, et géologiquement proche de Mars.

Au-delà d'apprendre à vivre ensemble dans 35 mètres carrés, les sept étudiants ingénieurs de l’Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (ISAE-SUPAERO) de Toulouse (sud-ouest) doivent déployer des expériences "réalisables sur la planète rouge" et effectuer des sorties "extra-véhiculaires" en scaphandre.

Elon Musk? "Un dieu vivant"

"Je ne pars pas dans le désert de l'Utah, je pars sur Mars!", assure à l'AFP le jeune femme qui rêve "un peu" d'être astronaute et "essaye d'y accéder petit à petit".

En plus de ses trois ans de classes préparatoires scientifiques, ses études à ISAE-SUPAERO, son stage à l'Agence européenne de l'espace (ESA) ou bientôt au Centre national d'études spatiales (Cnes), l'étudiante parle quatre langues dont le russe, s'est remis au sport il y a deux ans. Et voit dans le fondateur de la société SpaceX Elon Musk "un dieu vivant": "Je crois vraiment à l'avenir du privé dans le spatial, même si ça peut être dangereux, c'est ça qui va faire avancer", juge Victoria Da Poian.

Baptisé Mars Desert Research Station (MDRS), la base installée aux Etats-Unis abrite un centre d'études sur les technologies spatiales, géré par Mars Society, une organisation internationale à but non lucratif.

 "Mes petits cobayes" 

L'étudiante commandera cette année la mission et aura la charge d'étudier l'impact de l'isolement sur le comportement humain, notamment sur la concentration.

"J'ai hâte d'observer les nouveaux, leur adaptation. Ils vont être mes petits cobayes", s'amuse-t-elle.

Surnommée dans son école d'ingénieur "le chignon", en référence à sa longue chevelure brune qu'elle relève sur sa tête, elle sera à nouveau cette année la seule femme "à bord". Elles ne représentent de toute façon que 10% des effectifs de son école.

"On m'a dit que le premier équipage pour Mars serait exclusivement masculin parce que le système immunitaire des femmes serait un peu moins fort", raconte-t-elle. "J'y crois pas trop ... enfin, je ne veux pas y croire !" "J'ai l'impression qu'on a un seuil de résistance au manque de confort beaucoup plus fort que les garçons", estime-t-elle au contraire, au regard de son premier passage dans la "base martienne" de l'Utah il y a un an.

"Ma génération verra l'homme poser le pied sur Mars mais ..."

Pour elle, la vraie difficulté de la mission ne tient ni à la promiscuité, la nourriture lyophilisée ou les séances quotidiennes de gymnastique avant le petit déjeuner. Mais "c'est de ne pas pouvoir sortir s'aérer".

"Je pense que ma génération verra l'homme poser le pied sur Mars mais ce n'est pas forcement elle qui le fera", car cela va prendre encore quelques décennies, souligne l’apprentie astronaute.

"Il faut pour l'instant privilégier les missions robotiques pour répondre à LA grande question: est-ce qu'il y de la vie sur Mars ?" Gâcher nos chances d'y répondre en envoyant des hommes qui pourraient polluer la planète serait pour elle inadmissible: "Astronome, c'est un métier scientifique, c'est répondre à des questions". Au revoir Indiana Jones.

Du coup, la future ingénieure vise plutôt la Lune. Un voyage qui aurait pour but, estime-t-elle, de préparer celui vers la planète rouge.

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