EnvironnementAlain Berset ouvre la Conférence de la CITES
ATS
17.8.2019 - 18:40
Alain Berset a ouvert samedi à Genève la 18e Conférence des parties à la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES). Le conseiller fédéral a réclamé des réponses «fermes et urgentes» pour assurer la biodiversité sur la planète.
Le chef du Département fédéral de l'intérieur (DFI) a notamment mis en garde contre le braconnage et le commerce illégal des animaux et des plantes. Des fléaux qui, selon lui, exigent une intensification de la coopération nationale et internationale.
Pour assurer une gestion durable des espèces menacées, il convient de donner d'autres moyens de subsistance aux populations des pays concernés, a-t-il expliqué. Le ministre de l'intérieur a aussi plaidé pour un renforcement du cadre juridique.
Il a cité en exemple la révision de la loi proposée mercredi dernier par le Conseil fédéral, et qui vise à infliger des sanctions pénales plus sévères aux auteurs de commerce illégal d'espèces protégées. «Les cas graves devraient être considérés comme des crimes», a-t-il affirmé.
Alain Berset a jugé «indispensable» une convention sur le commerce international telle que la CITES. Mais il a ajouté que le risque d'extinction de nombreuses espèces allait au-delà de ce traité, pointant aussi du doigt les conséquences liées au dérèglement climatique.
En guise de conclusion, le conseiller fédéral a souhaité «de fructueux échanges» aux plus de 2000 participants à cette Conférence, programmée jusqu'au 28 août à Palexpo.
De l'éléphant au lézard
«Nous perdons des espèces à un rythme jamais constaté auparavant», a résumé Inger Andersen, qui dirige le Programme de l'ONU pour l'Environnement (PNUE). «Nous devons trouver un équilibre viable entre l'humanité et la nature».
Les ravages causés à de nombreuses espèces par le braconnage et le commerce illégal seront sous le feu des projecteurs pendant la réunion, tout comme les défis posés par la criminalité liée aux espèces sauvages sur internet.
Les 183 parties (182 Etats + l'Union européenne) à la CITES vont notamment devoir se pencher sur 56 propositions visant à modifier le degré de protection accordé aux animaux et plantes sauvages menacés. Il s'agira entre autres de déplacer certaines espèces entre les Annexes I (commerce interdit) et II (commerce réglementé).
Les discussions s'annoncent particulièrement vives au sujet des éléphants d'Afrique: certains pays réclament une protection totale du pachyderme sur tout le continent, tandis que d'autres souhaitent pouvoir autoriser le commerce de l'ivoire sous certaines conditions.
Le sort des rhinocéros blancs et des girafes sera également débattu, tout comme celui des requins et des raies. Parmi la longue liste des espèces qui seront examinées, il sera beaucoup question des animaux de compagnie exotiques, tortues et autres lézards, mis à mal par le commerce international.
La Suisse figure également parmi les pays à avoir déposé une proposition. Elle concerne le commerce de poissons d'ornement marins. Présidée par Matthias Lörtscher, de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), la délégation helvétique demande une étude pour déterminer si ce commerce, actuellement peu contrôlé par la CITES, est durable.
Troisième édition en Suisse
Cette 18e édition de la Conférence des parties à la CITES survient après la publication d'un rapport de l'ONU en mai annonçant qu'un million d'espèces étaient menacées de disparaître. La réunion aurait initialement dû se tenir au Sri Lanka en juin. Mais les attentats qui ont frappé le pays au printemps dernier ont contraint les organisateurs à se tourner vers Genève.
Cette Conférence se déroule tous les trois ans, la dernière édition remontant à l'automne 2016 à Johannesbourg en Afrique du Sud. La Suisse en a déjà été l'hôte à deux reprises, en 1989 à Lausanne et 1976 à Berne.
La CITES, signée à Washington en 1973, fixe les règles du commerce international de plus de 35'000 espèces sauvages. Elle dispose d'un mécanisme qui lui permet d'imposer des sanctions aux pays réfractaires. La Suisse est étroitement liée à ce traité: elle en est la dépositaire et accueille son secrétariat à Genève.
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