Vote sur les avions de chasse Ce que vous devez savoir sur le prêt de 6 milliards

Anna Kappeler

1.9.2020

Pour les partisans, il n’est question de rien de moins que de la sécurité de la Suisse, alors que les opposants parlent de «milliards dépensés dans des avions de luxe». Voici quelques questions et des éléments de réponse concernant l’arrêté de planification sur les nouveaux avions de combat.

De quoi est-il question?

Le Conseil fédéral et le Parlement veulent acquérir de nouveaux avions de combat pour un montant de six milliards de francs. Les électeurs se prononceront le 27 septembre au sujet de ce crédit. La question est de savoir si les Forces aériennes suisses doivent être renouvelées ou non. «Sans avions de chasse ou sans forces aériennes, l’armée ne fonctionne pas», a déclaré la cheffe du Département fédéral de la défense Viola Amherd à «Bluewin» il y a un an. L’arrêté de planification a été soumis au peuple parce que le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a déposé un référendum contre la mesure.

Le Conseil fédéral et le Parlement veulent acquérir de nouveaux avions de combat.
Le Conseil fédéral et le Parlement veulent acquérir de nouveaux avions de combat.
Keystone

Pourquoi les forces aériennes doivent-elle être renouvelées?

Les avions de combat ne sont pas récents. Tandis que les avions F/A-18 ont été achetés en 1996, les Tiger F-5E datent déjà de 1978. Alors que les 30 F/A-18 Hornet sont encore opérationnels jusqu’en 2030 selon la Confédération, les 26 appareils Tiger ne peuvent déjà plus être utilisés que pour les missions de police aérienne, de jour et dans de bonnes conditions de visibilité. En outre, selon le Département fédéral de la défense, les systèmes de défense aérienne au sol doivent également être remplacés.

C’est-à-dire?

Contrairement aux plans antérieurs, la cheffe du Département fédéral de la défense Viola Amherd a décidé il y a un an de séparer l’acquisition de nouveaux avions de combat de celle de missiles sol-air. Le vote de principe de septembre ne concerne donc que le crédit pour les avions de combat, les missiles devant être acquis selon la procédure habituelle via le programme d’armement. Le modèle d’avion de combat concerné par l’acquisition fera l’objet d’une décision de la Confédération à l’issue de la votation.

Pourquoi le choix du modèle d’avion est-il fait a posteriori?

Il doit s’agir d’une leçon tirée de la débâcle du Gripen, il y a six ans. La question de savoir si le Gripen était le meilleur modèle avait fait l’objet de vifs débats en amont de la votation. Le Département fédéral de la défense, sous la direction d’Ueli Maurer à l’époque, avait décidé de se tourner vers un avion qui n’était pas encore totalement au point. Décrié et qualifié d’«avion de papier», le Gripen s’est finalement écrasé dans les urnes avec 53,4% de voix contre.

Quels sont les modèles au choix?

L’évaluation est en cours. Quatre appareils de quatre fournisseurs différents sont en lice: le F-35 de Lockheed Martin, le F/A-18 Super Hornet de Boeing, le Rafale de Dassault et l’Eurofighter d’Airbus. Une deuxième offre de ces quatre fournisseurs a été reportée d’août à novembre en raison de la crise du coronavirus.

Combien d’avions de combat la Suisse veut-elle acheter?

A ce jour, il est question de 30 à 40 avions. Le nombre exact dépend du modèle d’avion acheté.

De quel montant parlons-nous au total?

Comme mentionné, six milliards de francs sont disponibles pour l’achat des avions. Le coût de l’utilisation et de l’entretien des avions à acquérir fait l’objet d’un litige entre partisans et opposants. Les opposants parlent d’un coût total pouvant atteindre 24 milliards de francs sur toute la durée de vie des avions. Le DDPS situe pour sa part ce montant aux alentours de 18 milliards de francs.

Quels sont les arguments des partisans du projet?

Parmi les principaux partis, l’UDC, le PLR, le PDC, le PBD et les Vert’libéraux sont favorables à l’achat de nouveaux avions de combat. Personne ne sait comment la menace évoluera au cours des prochaines années ou décennies, c’est pourquoi ils estiment que la Suisse a besoin de forces aériennes modernes. Il s’agit pour eux de la seule façon de garantir la sécurité de la Suisse. Par ailleurs, comme les avions actuels sont obsolètes, ces partis pensent qu’il est nécessaire d’en acheter des nouveaux, faute de quoi l’espace aérien suisse sera sans protection à partir de 2030.

Etant donné qu’une procédure d’achat en bonne et due forme peut prendre plusieurs années, il serait logique de remplacer les deux anciens modèles d’avions à temps, c’est-à-dire maintenant. Sans défense aérienne, l’armée ne pourrait pas remplir sa mission de défense telle que définie par la Constitution, affirment-ils. En outre, une part de 60% du prix d’achat serait restituée à l’économie suisse par le biais d’opérations de contrepartie.

Que disent les opposants?

Les opposants ne veulent aucun des quatre avions proposés – selon eux, les capacités de la Suisse en matière de police aérienne pourraient être maintenues même sans ces «avions de luxe». Pour les opposants rassemblés autour du GSsA, à la tête du référendum, ainsi que pour les partisans du PS et des Verts, des avions d’entraînement légers sont également suffisants, comme le propose le PS.

Les opposants craignent que l’argent destiné aux nouveaux avions de combat ne vienne à manquer dans les soins de santé, la protection civile ou la lutte contre le changement climatique. Ils considèrent par ailleurs les nouveaux avions comme une «catastrophe» pour l’environnement. Un débat a également éclaté autour de la dépendance que la Suisse développerait vis-à-vis des pays producteurs – en particulier les États-Unis – par le biais des avions de combat.

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