Météo capricieuse«Ces orages ne sont pas vraiment exceptionnels»
Grégoire Galley
8.7.2022
Grêle, vents tempétueux, fortes précipitations... Depuis le début de l’été, de violents orages se sont abattus sur la Suisse. Ces phénomènes sont-ils, pour autant, extrêmes ? Eléments de réponse avec Lionel Peyraud et Olivier Duding, météorologues à MétéoSuisse.
Grégoire Galley
08.07.2022, 07:29
Grégoire Galley
Comment expliquer l’intensité et la fréquence de ces orages ?
«La présence d’air humide et instable dans un courant de sud-ouest favorise la formation d’orage. L’air est relativement frais en altitude (au-delà de 5000 m) et chaud dans les basses couches. Cela favorise l’instabilité de la masse d’air. Le soleil qui est haut dans le ciel en juin favorise les mouvements ascendants et la formation de nuages d’orages appelés cumulonimbus. Des orages éclatent après les heures les plus chaudes de la journée. Plus la différence de température entre les basses couches et l’altitude est importante, plus les orages peuvent être intenses, car il y a davantage d’énergie en jeu. A cela, il faut ajouter les vents en altitude qui permettent aux orages de se déplacer et de se maintenir pendant plusieurs heures, alors qu’une cellule orageuse classique a une durée de vie de 30-45 minutes.»
Ces orages sont-ils exceptionnels pour la saison ?
«Non, pas vraiment. Juin est le mois des orages par excellence. La saison des orages dure d’avril à septembre en moyenne, mais juin ressort souvent comment le mois le plus orageux. C’est à ce moment-là qu’on retrouve les contrastes thermiques les plus importants. En juillet et août, il y a également des orages. Toutefois, on retrouve déjà davantage de situations plus stables.»
«Non, pas vraiment non plus. L’année passée, en juin 2021, nous avons eu même davantage d’orages violents que cette année avec de nombreux épisodes de grêle.»
Existe-il une corrélation entre le réchauffement climatique et l’intensité des orages ?
«Le lien entre ces deux éléments n’est pas évident à faire. En revanche, s’il fait plus chaud, l’air peut contenir davantage d’eau, ce qui peut provoquer des précipitations intenses en cas d’orages. Ces dernières peuvent engendrer des inondations soudaines.»
Peut-on améliorer la prévision des orages ?
«Oui, il y a encore un certain potentiel d’amélioration. Par exemple, avec les nouveaux satellites qui seront envoyés en orbite autour de la Terre, il sera possible d’acquérir des images satellites toutes les 5 minutes (à la place de toutes les 15 minutes). Le développement de nuages convectifs (les cumulonimbus) pourra être suivi plus rapidement. Avec l’augmentation continue de la puissance de calcul des ordinateurs, les modèles pourront avoir une maille de plus en fine et pourront de mieux en mieux simuler la prévision des orages. Cependant, le défi actuel reste de prévoir l’emplacement exact de la trajectoire de l’orage plusieurs heures à l’avance, de même de savoir quand passe un orage sur un lieu donné.»