Événement dramatique Mort du premier glacier suisse: une cérémonie est prévue pour le Pizol

De Silvana Guanziroli

22.8.2019

Le peu de glace qu’il reste sur le Pizol ne peut plus être qualifié de glacier.
Le peu de glace qu’il reste sur le Pizol ne peut plus être qualifié de glacier.
GLAMOS, Schweizerisches Gletschermessnetz

L’annonce a fait le tour du monde: il y a quatre jours, l’Islande a officiellement déclaré la mort d’un premier glacier. Mais même en Suisse, la glace éternelle est en grand danger, et une première victime est à déplorer.

Sa surface a été réduite au minimum. Au milieu, un rocher émerge déjà. Avec une surface résiduelle de 0,06 km2, la glace sur le Pizol surplombant Sargans (canton de Saint-Gall) ne peut guère être encore qualifiée de glacier.

«Nous n’avons pas besoin de regarder en Islande, nous avons nous-mêmes des glaciers dans les Alpes qui se meurent», assène le glaciologue Andreas Bauder, qui effectue des recherches à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zürich) et fait partie de GLAMOS, le réseau des relevés glaciologiques suisse.



La mort des glaciers n’est pas une surprise pour Andreas Bauder et la recherche. Cet effet est souligné depuis plus de vingt ans. «C’est le résultat du réchauffement climatique massif.» Aujourd’hui, la menace pèse principalement sur la glace à basse altitude.

«Pour les glaciers situés à environ 3000 mètres d’altitude, la situation est dramatique. Ils grandissent ou conservent leur taille avec la neige qui tombe en hiver, explique Andreas Bauder. Mais si elle fond complètement en été, le résultat est clair.»

Une commémoration prévue

L’Association suisse pour la protection du climat souhaite désormais attirer l’attention sur la signification de la mort des glaciers pour la Suisse et l’ensemble de l’Europe. Elle a lancé en avril l’Initiative pour les glaciers avec une revendication précise: la Suisse doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2050. L’association souhaite en outre ancrer les objectifs de l’accord de Paris sur le climat dans la Constitution suisse.

Le glacier du Pizol disposait encore de beaucoup de neige et de glace en 2009.
Le glacier du Pizol disposait encore de beaucoup de neige et de glace en 2009.
Keystone

Comme en Islande, l’association organise ainsi une commémoration en l’honneur du glacier. Celle-ci aura lieu le 22 septembre à partir de 10h30 en montagne. Outre l’Association suisse pour la protection du climat, la commémoration est principalement organisée par Action de Carême Suisse. «Nous planifions l’événement depuis mai. Nous ne savions pas que quelque chose de similaire se produirait en Islande», explique Mischa von Arb, coordinateur des campagnes d’Action de Carême et de Pain pour le prochain.

«Nous nous sommes engagés pour la protection des glaciers car nous pouvons observer de près les effets du changement climatique à travers nos projets dans le Sud. Aux Philippines, la population est concrètement ravagée par les inondations, tandis que dans d’autres pays, la nourriture manque à cause de l’intensification de la sécheresse. Le changement climatique est un problème mondial. Et nous tenons à attirer l’attention là-dessus», affirme Mischa von Arb.

Si aucune mesure sérieuse n’est prise pour lutter contre le changement climatique, la recherche dresse un scénario sombre. «Nous partons du principe que dans 80 ans, 80% des glaciers suisses auront fondu, prévoit Andreas Bauder. Il est probable que seuls les très grands glaciers voient le prochain siècle sous forme de petits vestiges.»

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