Hausse des primes maladies Les idées pleuvent pour réduire les coûts de la santé

st, ats

26.9.2024 - 17:00

Les réactions pleuvent face à la forte hausse des primes d'assurance-maladie annoncée jeudi. Les partis de gauche veulent des mesures sociales, tandis que les milieux de la santé misent entre autres sur l'introduction du financement uniforme des prestations de santé. Les cantons latins lancent quant à eux une idée choc.

Les primes d'assurance maladie vont augmenter de 6% (21,60 francs) en moyenne en 2025 (archives).
Les primes d'assurance maladie vont augmenter de 6% (21,60 francs) en moyenne en 2025 (archives).
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Keystone-SDA, st, ats

La hausse annoncée, qui a un effet majeur sur les subsides, va très fortement solliciter les budgets cantonaux, relève la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales (CLASS). Le système de concurrence voulu par la LAMal ne fonctionne plus, estime-t-elle.

Lorsque de nombreux assurés changent de caisse pour tenter de limiter leurs dépenses en optant pour des assureurs proposant des primes plus avantageuses, ces derniers doivent à leur tour augmenter leurs primes l'année suivante, notamment pour reconstituer leurs réserves, avec le risque d'un nouvel exode d'assurés.

Prestations pour les plus âgés

Parmi diverses mesures, les ministres latins proposent notamment à la Confédération d'étudier l'opportunité de mettre en place un nouveau financement pour les prestations du «4e âge». «L'accroissement des moyens pour faire face au vieillissement ne peut plus se concevoir via le système actuel des primes et des contributions des cantons», relèvent-ils.

Pour le président de la Société médicale de Suisse romande (SMSR), Philippe Eggimann, la part la plus coûteuse des soins (les 65 ans et plus et les hôpitaux) pourrait recevoir une part plus importante de financement public.

Estimant que «le principe de solidarité absolue a atteint ses limites», il juge que cela donnerait notamment une capacité d'intervention plus importante aux pouvoirs publics pour une politique de santé publique dédiée.

Une votation importante en novembre

Pour la Fédération des médecins suisses (FMH), la hausse aurait pu être évitée, grâce à différentes possibilités de réformes. Elle évoque notamment l'introduction du financement uniforme des prestations de santé (EFAS), une réforme qui sera soumise au peuple le 24 novembre.

D'autre part, la révision du tarif ambulatoire «permettrait enfin une tarification appropriée et actualisée», estime la FMH. Cela nécessite toutefois l’introduction rapide du tarif à la prestation Tardoc, combiné à des forfaits ambulatoires appropriés.

Même son de cloche pour la faîtière des hôpitaux H+, qui déplore que le potentiel d'économies n'est pas exploité dans les transferts vers l'ambulatoire. Les forfaits ambulatoires combinés avec le tarif à l'acte Tardoc ainsi que le financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires contribueraient à pérenniser le secteur de la santé.

Planification hospitalière

La réforme EFAS représente une clé pour réduire les coûts, à hauteur de 1 à 3 milliards de francs, abonde la faîtière des assureurs Curafutura, qui demande aussi une amélioration de la planification hospitalière au niveau suprarégional. D'importantes économies sont également possibles dans le domaine des médicaments.

L'autre faîtière des assureurs, Santésuisse, juge très important d'introduire immédiatement des mesures de réduction des coûts. La directrice Verena Nold cite notamment la réduction des prix des médicaments et des analyses de laboratoire et une planification hospitalière suprarégionale.

SantéSuisse appelle également de ses voeux un désenchevêtrement des rôles multiples dans les cantons dans le domaine de la santé, une réduction de la bureaucratie et la mise en place d'un moratoire sur l'extension du catalogue des prestations.

Du point de vue de l'Organisation suisse des patients (OSP), tous les acteurs doivent être responsabilisés. Les profiteurs du système sont fortement incités à fournir le plus de prestations possible, mais sans transparence quant à leur utilité pour les patients.Trop de personnes gagnent de l'argent grâce à ce système et les payeurs de primes en souffrent.

Le PS «choqué»

Les partis aussi demandent des mesures rapides. «Choqué» par la hausse, le PS exige que les primes soient à l'avenir plafonnées et financées de manière plus solidaire. Pour les Vert-e-s, le système est à bout de souffle. Le parti écologiste demande l'instauration immédiate de primes proportionnelles au revenu et à la fortune, conformément à une motion déposée au Parlement.

A droite, le PLR estime que le financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières représente une solution concrète pour réduire les coûts de la santé tout en offrant une meilleure médecine aux patients.

Les libéraux-radicaux veulent aussi renforcer les modèles d'assurance alternatifs et soulager le porte-monnaie de la population au moyen de contrats pluriannuels, de franchises plus élevées, d'un approvisionnement intégré, ou du dossier électronique du patient.

Partageant sa «vive inquiétude» par rapport à cette hausse, le Centre propose entre autres de renforcer les professions liées aux soins de premier recours, de promouvoir les réseaux de soins intégrés ainsi que les régions de soins suprarégionales ou encore de créer plus de transparence.

Interrogée, l'UDC a indiqué ne pas vouloir prendre position.