Applaudissements et belles paroles ne suffisent plus aux infirmiers. Dans une lettre ouverte au Parlement, ils exigent des actes, notamment une augmentation du personnel, de meilleures conditions de travail et une hausse de salaire.
La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les faiblesses du système de santé suisse, souligne l'Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) dans un communiqué publié mardi. «Nos professionnels paient la facture pour des années de fiasco politique», dénonce sa présidente Sophie Ley.
«Le scandale du manque de matériel de protection n'est qu'un point parmi beaucoup d'autre», poursuit-elle. La suspension des dispositions relatives aux horaires de travail et aux périodes de repos pour éviter un effondrement du système faute de personnel est tout aussi inacceptable. Dans ce cadre, le personnel du CHUV a appris qu'il ne pourra pas non plus prendre de vacances en mai.
L'ASI exige donc la mise en oeuvre immédiate de toutes les exigences de l'initiative sur les soins infirmiers. «Le contre-projet indirect du Conseil national est un premier pas, mais il est insuffisant», s'insurge Sophie Ley.
Egoïsme et mise en péril
Concrètement, les infirmiers demandent une augmentation du personnel et une offensive massive en matière de formation. La Suisse ne forme même pas la moitié du personnel infirmier dont elle a besoin, critique l'ASI. Cela témoigne «d'un égoïsme indéfendable vis-à-vis des pays dont nous ponctionnons la main-d'oeuvre».
Une telle situation entraîne par aillleurs une dépendance envers l'étranger. «La Suisse aurait été vouée à la catastrophe si nos collègues frontaliers avaient été réquisitionnés par nos pays voisins pour leur propre système de soins», souligne Sophie Ley.
Une fois formés, les infirmiers abandonnent en outre souvent leur profession en raison du peu de reconnaissance, de salaires trop bas et d'une charge de travail trop lourde. Les conditions de travail doivent être améliorée, une reconnaissance financière accordée et l'autonomie des soins infirmiers reconnue. Ces derniers sont encore considérés comme une profession paramédicale auxilliaire.
«Patience à bout»
«Notre patience est à bout», écrit l'ASI dans sa lettre aux parlementaires. «Nous avons mis depuis longtemps nos arguments sur la table. Ceux-ci sont étayés par de nombreuses études scientifiques. Les parlementaires savent ce qui est en jeu», met en avant Sophie Ley.
Il leur appartient désormais de garantir un nombre suffisant d'infirmiers qualifiés et motivés. Une seule manière d'y arriver, aux yeux de l'ASI: mettre en oeuvre les revendications des soignants dans le cadre des débats sur l'initiative «Pour des soins infirmiers forts» et le contre-projet du National.
Les députés veulent encourager la formation en soins infirmiers et rendre la profession plus attrayante en attribuant des compétences supplémentaires aux infirmiers. Comme l'initiative, la copie adoptée par le National prévoit que les infirmiers puissent se passer de prescription médicale pour facturer certaines prestations à l'assurance maladie obligatoire. Le Conseil fédéral s'y oppose.
La commission du Conseil des Etats veut une modication. Elle s'oppose au soutien financier des futurs étudiants en soins infirmiers. La décision n'a toutefois été prise que de justesse.
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