TraficLes opposants aux extensions d'autoroutes lancent leur campagne
kigo, ats
2.10.2024 - 11:41
«La plus grande extension des autoroutes depuis des décennies» ne permettra pas de réduire le trafic, selon le comité qui a déposé le référendum contre les développements autoroutiers. Il a lancé sa campagne mercredi, en vue de la votation du 24 novembre.
02.10.2024, 11:41
ATS
Pour près de cinq milliards de francs, le Conseil fédéral et le Parlement ont avalisé six projets d'extensions autoroutières, dont un romand. L'axe Le Vengeron-Coppet-Nyon (VD) doit notamment être élargi à deux fois trois voies sur une distance d'environ 19 km.
Les autres projets concernent le tronçon de Wankdorf-Schönbühl (BE), qui doit être élargi de six à huit voies, et celui de Schönbühl-Kirchberg (BE), qui va passer de quatre à six voies. L'enveloppe doit servir aussi à dédoubler les tunnels du Rosenberg (SG), du Rhin (BS/BL) et de Fäsenstaub (SH).
Coûts excessifs
Dénonçant des «autoroutes géantes», l'Association transports et environnement (ATE) et l'organisation actif-trafiC mènent la fronde. Soutenues par les Vert-e-s, le PS et le PVL, ainsi qu'une cinquantaine d'organisations et d'associations, elles estiment que l'extension prévue est surdimensionnée, qu'elle repose sur une politique des transports dépassée et que les coûts sont excessifs.
Ces milliards ne sont qu'un début, alors que le Conseil fédéral a déjà adopté d'autres projets, a lancé la conseillère nationale Franziska Ryser (Vert-e-s/SG), co-présidente d'actif-trafiC. Ce montant est «particulièrement critique dans le contexte actuel des débats concernant les finances du pays», selon la conseillère nationale zurichoise Mattea Meyer, co-présidente du PS.
Ces investissements ne sont «pas une étape vers l'avenir mais plutôt deux pas en arrière», a continué Mme Ryser. L'extension des autoroutes est un investissement au mauvais endroit, selon la députée Barbara Schaffner (PVL/ZH). Et la présidente des Vert-e-s Lisa Mazzone de compléter: «Ces milliards ne seront pas investis ailleurs, pour les grands investissements nécessaires dans la transition énergétique et pour le train.»
Pas de réduction du trafic
De plus, les projets manquent leur objectif d'éliminer les goulets d'étranglement et les embouteillages. Ils auront plutôt pour effet d'accroître encore le nombre de voitures et les surfaces asphaltées, tout en nuisant à la qualité de vie et à la nature, a énuméré Jelena Filipovic, co-présidente de l'ATE.
Si les routes seront temporairement plus fluides, elles attireront très vite davantage de voitures selon le phénomène du trafic induit, a détaillé David Raedler, co-président de l'ATE. Et d'ajouter que ce trafic supplémentaire se déversera aussi dans les villes et villages environnants, ce «alors que près d'un million de personnes souffrent aujourd'hui déjà d'un niveau de bruit excessif», a-t-il argué, invoquant des coûts plus élevés dans le système de santé aussi.
Et Mme Ryser de relever que des oppositions existent au sein des communes concernées par les projets. Les villes et les agglomérations misent plutôt sur d'autres options, comme des transports publics et une infrastructure cyclable étoffés, ainsi que des quartiers à circulation réduite.
M. Raedler a encore souligné que les projets nécessiteront «des chantiers gigantesques, sur des décennies». Cela perturbera le trafic sur de longues périodes et entraînera une transformation «irréversible» du paysage.
Des terres agricoles seront perdues, a ajouté Mme Mazzone. Et d'évoquer encore un projet «bâclé», avec l'ajout du projet romand en cours de débats parlementaires.
Impact climatique
Mme Meyer a encore décrit le projet comme «irresponsable». Une augmentation du trafic engendrera davantage d'émissions de CO2, ce qui nuira au climat. Et de relever que le trafic routier en Suisse est aujourd'hui responsable de près d'un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre.
Elle a appelé à réduire le trafic automobile pour investir plutôt dans des transports publics «forts». Citant le surveillant des prix, Franziska Ryser a rappelé que les prix des transports publics ont doublé au cours des trente dernières années, tandis que ceux de la voiture ont baissé en termes de pouvoir d'achat.
Il est temps que la Suisse revoie sa stratégie, après avoir tenté en vain, pendant 50 ans, de lutter contre la surcharge de trafic en agrandissant les routes, selon Barbara Schaffner. «Nous défendons le droit de nos enfants et petits-enfants, face à l'urgence climatique, d'avoir un avenir viable», a avancé Lisa Mazzone.