Pierre-Yves Maillard: «Nous devons nous battre pour plus de sécurité sociale»

ch, ats

20.4.2021 - 10:20

Pour de nombreux salariés, la crise du coronavirus a eu des effets délétères. Et l'avenir n'est pas rose, estime l'Union syndicale suisse (USS). «Après avoir lutté contre la pandémie, nous devons nous battre pour plus de sécurité sociale», a lancé mardi lors d'une conférence de presse son président Pierre-Yves Maillard.

ch, ats

Les travailleurs qui ont le plus souffert de la crise ne doivent être laissés pour compte, souligne le président de l'USS Pierre-Yves Maillard. (archives)
Les travailleurs qui ont le plus souffert de la crise ne doivent être laissés pour compte, souligne le président de l'USS Pierre-Yves Maillard. (archives)
KEYSTONE

Le chômage et le sous-emploi grimpent, constate l'USS. Les fermetures et autres restrictions ont fait exploser les emplois précaires et les écarts de revenus se sont creusés. Les normes minimales en matière de salaires et de conditions de travail sont souvent contournées à la baisse.

Les perspectives pour les mois à venir sont également préoccupantes. Aucune reprise notable n’est en vue sur le marché du travail. Même après la deuxième vague de la pandémie, un nombre extrêmement élevé de personnes ayant un emploi sont toujours sans travail.

Les salariés les plus jeunes et les plus âgés sont plus touchés que la moyenne. Comme souvent, ce sont les travailleurs à faibles revenus qui sont les plus affectés par les effets de la pandémie. Avec le chômage partiel et le chômage tout court, les baisses de revenus se font cruellement sentir.

Moins de revenu disponible

Selon une estimation de l’USS, les personnes dans les classes de revenus les plus basses (jusqu’à 4000 francs bruts par mois) disposent d’environ 300 francs par mois de revenus en moins.

Parallèlement, les fermetures partielles de l’économie ont favorisé la prolifération des emplois précaires. Avec le boom des livraisons à domicile par des services de coursiers, les normes minimales en matière de conditions de travail sont trop souvent contournées.

Les personnes qui ont pu continuer de travailler malgré le semi-confinement ont souvent dû accepter d’autres types de dégradation de leurs conditions, par exemple dans la vente, pour le traitement des commandes en ligne, souligne Vania Alleva, présidente d’Unia.

«La pression est énorme pour que les salariés acceptent cet effritement sans rien dire. Car au final, les personnes au chômage partiel sont encore moins bien loties. C’est pourquoi il faut que le chômage partiel soit indemnisé à 100% pour les salaires jusqu’à 5000 francs et que les conventions collectives de travail (CCT) s’étendent», ajoute-elle.

Les travailleurs qui ont le plus souffert de la crise ne doivent être laissés pour compte, a souligné le président de l'USS Pierre-Yves Maillard.

Aujourd’hui, plus de 550'000 salariés dépendent de l’assurance-chômage en Suisse, soit 450'000 de plus qu’au début 2020, a rappelé M.Maillard. Ils se répartissent entre 400'000 personnes au chômage partiel et 50'000 chômeurs de plus. Ce demi- million de salariés vivent et doivent faire vivre leur famille avec au moins 20% de perte de revenu depuis des mois.

«Si des manifestations de colère et de désespoir apparaissent, y compris dans notre Suisse jusque-là si tranquille, c’est sur le fond de cette crise sociale», estime le président de l'USS. Les personnes qui ont traversé cette crise sans perte de revenu ou sans crainte de perte de leur emploi ont parfois de la peine à comprendre cette colère qui monte et la violence du sentiment d’injustice qui touche une partie importante et déjà précarisée de la population.

Exigences

Face à ce sombre tableau, l'USS exige un salaire minimum de 22 francs de l’heure et des CCT de force obligatoire aussi pour les nouveaux emplois qui se sont créés dans les services de coursiers et le commerce en ligne.

L'USS demande la restitution à la population des près de cinq milliards de francs de réserves excédentaires issues des primes-maladie. Ceci renforce le pouvoir d’achat et stimulera l’économie nationale.

Il faut aussi renoncer à tout programme d’austérité, surtout au niveau fédéral, afin que le chômage n’augmente pas encore davantage. Enfin, l'USS demande des garanties d’emploi dans les entreprises ainsi qu’un soutien aux jeunes en fin de formation dans leur recherche d’un futur emploi.