Initiative sur le tabacProgrès pour les initiants, pas «d'autres dérives» du côté opposant
kigo, ats
13.2.2022 - 17:51
Avec l'approbation de l'initiative sur le tabac dimanche avec 56,6% des voix, les initiants saluent un «sacré progrès» dans la lutte anti-tabac. Les Jeunes Verts veulent même aller plus loin avec une interdiction générale de la publicité. Du côté des opposants, on met en garde contre «d'autres dérives restrictives».
Keystone-SDA, kigo, ats
13.02.2022, 17:51
13.02.2022, 18:18
ATS
Seuls dix cantons ont rejeté l'initiative. Schwyz a mené l'opposition avec plus de 60% de non. Uri, Obwald, Nidwald et Appenzell Rhodes-Intérieures l'ont suivi de près.
A l'inverse, le oui a été porté par les cantons latins et urbains. Genève a plébiscité l'initiative à 74,8%. Il est suivi par Vaud (67,2%) et le Jura (66,2%). Bâle-Ville, Fribourg et Neuchâtel acceptent aussi largement le texte à plus de 60%. Zurich, Berne, le Tessin et le Valais dépassent les 55% de partisans.
«Nous devons constater que le contre-projet n'a pas été considéré comme suffisant», a déclaré le conseiller fédéral Alain Berset devant les médias à Berne. L'initiative sur le tabac doit être mise en oeuvre aussi rapidement que possible. Une entrée en vigueur cette année est toutefois impossible.
Ce sera aussi l'occasion de discuter à nouveau de la ratification par la Suisse de la convention de l'OMS pour la lutte contre le tabac, que Berne a signée, a-t-il encore pointé. Une bonne coordination doit se faire autour de ces deux objets, ainsi que de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le tabac.
La Ligue contre le cancer, membre du comité d'initiative, salue le résultat, «afin que les enfants et les jeunes ne deviennent pas les malades du cancer de demain». De son côté, Grégoire Vittoz, directeur d'Addiction Suisse, a estimé qu'un «équilibre était rétabli» entre une «industrie qui a des moyens colossaux» et des «parents démunis».
Concernant d'autres politiques de santé publique, M. Vittoz a toutefois précisé qu'"aujourd'hui, on parle de tabac, on ne va pas présupposer des combats futurs».
Les Jeunes Verts parlent au contraire déjà de l'avenir. «Et maintenant, le cervelas»: reprenant un des symboles de la campagne des opposants à l'initiative, les Jeunes Verts ont annoncé viser désormais une interdiction de la publicité en général pour les biens de consommation.
Ils dénoncent «une surconsommation insatiable». «Une consommation toujours plus grande n'est tout simplement pas possible sur une planète aux ressources limitées.»
«Un pas dans la bonne direction»
Les Verts se félicitent eux que la population ait placé «la protection de la santé avant le profit de quelques cigarettiers». Un avis partagé par les Vert'libéraux. Ceux-ci ont estimé que la Suisse fait «un pas dans la bonne direction». Le contre-projet indirect n'aurait pas suffi à lui seul.
La faiblesse du contre-projet indirect a justement fait pencher la balance, selon la conseillère nationale Flavia Wasserfallen (PS/BE). Le Parti évangélique se réjouit qu'une protection «efficace» de la jeunesse puisse «enfin» être mise en place.
Pour sa part, la Croix-Bleue demande maintenant une taxation plus importante du tabac pour augmenter les prix. Les jeunes achèteraient moins de cigarettes si elles étaient plus chères.
«Un précédent»
Du côté des opposants à l'initiative, le souhait des Jeunes Verts constitue justement une crainte de la droite. «La publicité pour des produits considérés comme nocifs pour la santé (alcool, graisse, sucre, etc.) pourrait à l’avenir être interdite», écrit le PLR. Il décrit le vote comme «un précédent».
«Nous continuerons, du côté des milieux économiques, à nous battre contre d'autres dérives restrictives au détriment de l'économie et des libertés individuelles», a déclaré Patrick Eperon, du Centre patronal. Economiesuisse regrette pour sa part une interdiction de la publicité pour des produits légaux.
Mise en oeuvre «avec discernement»
L'Union suisse des arts et métiers (usam) avance que l'acceptation de l'initiative correspond à la mise sous tutelle de la branche publicitaire. Elle demande au parlement de faire preuve de «discernement» dans la mise en oeuvre du texte.
La branche publicitaire exige justement aussi du «discernement». Les auteurs du texte ont assuré ne vouloir limiter que la publicité pour le tabac qui s'adresse aux enfants et aux jeunes, rappelle Communication Suisse, au nom des sept principales associations suisses de communication et de marketing.
Elle invite le parlement à s'orienter sur cette directive, en s'appuyant sur le contre-projet. Ce dernier met déjà en grande partie en oeuvre l'initiative.
Au sujet de ce texte adopté en automne dernier, le conseiller national Mike Egger (UDC/SG) a pointé une «campagne sale» de la part des partisans. Le fait que le contre-projet protège aussi les enfants et les adolescents et qu'il contient déjà interdiction de vente de produits du tabac aux moins de 18 ans dans toute la Suisse ont été mis sous le tapis, selon lui.