Revue de presse Les urgences sous l'eau, le solaire au zénith, un robot pas si génial

bas, ats

15.1.2023 - 08:14

Des urgences hospitalières au bord du gouffre, une visite de parlementaires suisses à Taïwan et l'accélération des installations de panneaux solaires en Suisse font les titres de la presse dominicale. 

Une vue sur les quatre exemplaires des journaux du dimanche, avec la Sonntags Zeitung, le Sonntags Blick, Le Matin Dimanche et la NZZ am Sonntag.
Une vue sur les quatre exemplaires des journaux du dimanche, avec la Sonntags Zeitung, le Sonntags Blick, Le Matin Dimanche et la NZZ am Sonntag.
KEYSTONE

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Voici les principales informations, non confirmées à Keystone-ATS:

Les urgences sont sous l'eau en Suisse

Aucun secteur ne propose autant de postes vacants que celui de la santé, alarme la SonntagsZeitung. 14'779 emplois sont actuellement à repourvoir dans le secteur des soins. 3904 médecins sont également recherchés. Il s'agit d'un record, selon le journal. «Nous sommes au bord de l'effondrement», déclare dans la SonntagsZeitung le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence Vincent Ribordy. «L'ampleur actuelle de la charge de travail est sans précédent».

Illustration du manque de personnel, le site de Martigny du Centre hospitalier du Valais romand a dû fermer ses urgences la nuit. Le médecin-chef au service des urgences, Vincent Frochaux, parle d'un «cercle vicieux» dans Le Matin Dimanche. «Des gens expérimentés partent parce qu'ils sont fatigués. Ils sont remplacés par des personnes plus jeunes, qui ont moins d'expérience et qui prennent donc plus de temps pour accomplir les mêmes tâches. Du coup, la charge de travail se reporte sur le personnel plus aguerri, qui se fatigue».

Le solaire à plein régime

Les panneaux solaires installés en Suisse en 2022 produisent un gigawatt supplémentaire d'électricité, soit le rendement de la centrale nucléaire de Gösgen (SO), rapporte le SonntagsBlick, qui se réfère aux données de Swiss Energy-Charts. Par rapport à 2021, l'augmentation de la production d'électricité solaire est de 25%. Les installations photovoltaïques fournissent désormais 6,3% des besoins en électricité de la Suisse, soit 3,7 térawattheures par an. «Une augmentation annuelle de deux gigawatts est bientôt réaliste», déclare dans le journal l'expert en énergie Thomas Nordmann, responsable de la plateforme Swiss Energy-Charts.

«Fuite en avant»

Alors que des dizaines de parcs solaires sont en projet dans les Alpes suisses, Vera Weber, la présidente de la fondation Franz Weber, s'oppose dans Le Matin Dimanche à leur installation. Pour elle, il s'agit d'«une fuite en avant pour montrer qu'on agit». «C'est complètement aberrant de vouloir détruire la nature pour soi-disant la sauver», ajoute-t-elle.

Elle préconise de faire des économies d'énergie et de couvrir de panneaux photovoltaïques les bâtiments déjà construits. Pour la responsable de la fondation Franz Weber, la résistance aux projets sera importante. «Je crois que l'on ne mesure pas l'opposition réelle à ces projets [...] Beaucoup d'organisations environnementales sont indignées par la manière de faire».

La Confédération peine à rouler à l'électrique

L'administration fédérale peine à mettre en œuvre une directive de 2021, qui stipule que seuls des véhicules tout électriques peuvent être commandés lors de l'achat de nouvelles voitures de tourisme, écrit la SonntagsZeitung, qui se base sur les données de l'Office fédéral de l'armement, chargé de l'achat des véhicules de la Confédération. Seuls 69 des 119 véhicules civils achetés au cours de deux dernières années par l'administration fédérale étaient à propulsion purement électrique.

Misogyne et grossophobe, le robot?

Un expert zurichois en numérique et en éthique, Lukas Stuber, a soumis au prototype de robot conversationnel ChatGPT différents scénarios au dilemme du tramway, soit une expérience de pensée dans laquelle une personne peut effectuer un geste qui bénéficiera à un groupe de personnes, mais nuira à une autre personne, relate le SonntagsBlick.

Résultat: le prototype d'intelligence artificielle préfère sauver la vie des hommes plutôt que celle des femmes. «Dans huit cas sur dix, le robot a tranché en faveur des hommes», explique M. Stuber dans le journal. ChatGPT laisse en outre plus souvent en vie les personnes en bonne forme physique que celles en surpoids. Des tests effectués par des chercheuses américaines ont aussi montré un biais de genre de l'IA.

... et tricheur, en plus!

Le nouveau générateur de texte ChatGPT-3, qui peut faire des devoirs, écrire des exposés et des travaux de séminaire, est une nouvelle forme «d'écriture fantôme», déclare dans la SonntagsZeitung un porte-parole de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). «Les outils traditionnels ne permettent pas de le détecter». L'université de Berne examine différentes stratégies pour contrer ce phénomène.

Selon la vice-rectrice de l'université de Zurich, Gabriele Siegert, l'oral et la participation active devraient désormais être davantage pris en compte dans l'évaluation des étudiants. «Il ne sera pas possible d'éviter que les élèves fassent écrire leurs devoirs par de telles machines», explique dans le journal Beat Schwendimann, responsable de la pédagogie à l'association des enseignants LCH. «Il faut se demander si les devoirs à domicile ont encore un sens», ajoute-t-il.

Les femmes victimes de violences ne savent plus où aller

Une grande partie des 23 maisons d'accueil pour femmes en Suisse et au Liechtenstein sont pleines, alerte dans le SonntagsBlick Marlies Haller, la directrice de la fondation contre la violence envers les femmes et les enfants. «Les conseillères spécialisées mettent toujours plus de temps à trouver une place pour les personnes concernées.

Dans le canton de Berne, il arrive même que des femmes et des enfants doivent être placés temporairement dans un hôtel. Et le nombre d'appels à la ligne de secours AppElle est en hausse», explique Mme Haller. Une des raisons de cette hausse pourrait être la situation actuelle de la société dans son ensemble avec l'inflation, selon Anna Tanner, conseillère spécialisée à la maison d'accueil pour femmes de Berne. «Les situations stressantes entraînent souvent aussi plus de pression et de violence à la maison».

Un livre dénonce le blanchiment d'argent en Suisse

Désormais retraité, Renaud van Ruymbeke, l'ancien juge d'instruction français le plus en pointe sur les enquêtes concernant des scandales politico-financiers, affirme dans son livre intitulé «Offshore» que, malgré les nouvelles règles d'échange d'informations fiscales, la Suisse joue toujours un rôle dans le blanchiment d'argent.

Interrogé par Le Matin Dimanche, l'ancien magistrat assure que les cabinets spécialisés et les fiduciaires suisses poursuivent cette pratique. «J'ai pu constater qu'à partir de la fin des années 2000, il y a eu une forme de délocalisation: les avoirs, qui, jusque-là, étaient placés dans des banques en Suisse, continuent à être gérés depuis la Suisse, mais ils sont délocalisés dans des pays plus sûrs, style Singapour ou Dubaï». Mais, poursuit-il, «ceux qui organisent la fraude sont toujours là, en Suisse».

Une visite à Taïwan qui n'est pas du goût de la Chine

La délégation de cinq parlementaires suisses devant se rendre à Taïwan fera sa visite sur l'île du 5 au 10 février, rapportent Le Matin Dimanche et la NZZ am Sonntag. Parmi les cinq élus fédéraux, trois sont des conseillers nationaux romands: Léonore Porchet (Verts/VD), Yves Nidegger (UDC/GE) et Nicolas Walder (Verts/GE). La délégation suisse doit rencontrer à Taïpei des parlementaires taïwanais et des représentants des ministères.

L'annonce de la visite avait déjà créé des remous en 2022, le consul général de Chine en Suisse Zhao Qinghua la qualifiant de «dérangeante». La Chine considère Taïwan comme une partie de son territoire et s'oppose avec véhémence aux visites officielles de délégations étrangères. «Notre but n'est pas d'entamer un bras de fer avec Pékin, mais de montrer notre attachement à la démocratie», explique dans Le Matin Dimanche Nicolas Walder. «C'est le rôle de la diplomatie parlementaire».