Coronavirus Vaud débloque 115 millions pour son économie

ATS

5.11.2020 - 18:05

Le Conseil d'Etat vaudois a présenté un plan d'aide à l'économie «sans précédent».
Le Conseil d'Etat vaudois a présenté un plan d'aide à l'économie «sans précédent».
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Vaud lance un nouveau plan pour soutenir l'économie et la culture face à la crise du coronavirus. Un montant de 115 millions est débloqué, pour un impact total de 188,5 millions. La Fédération patronale vaudoise et GastroVaud réclament davantage.

«C'est un train de mesures inédit, sans précédent dans ses modalités et son impact», a déclaré jeudi le conseiller d'Etat Philippe Leuba, aux côtés de ses collègues Pascal Broulis et Cesla Amarelle. Un tel engagement est possible car «nos finances sont saines» et parce que «nous n'avons pas grillé toutes nos cartouches ce printemps», a-t-il dit.

Cette crise ne fait que commencer et ce train de mesures ne sera probablement pas le dernier, a observé Pascal Broulis. Depuis le début de la crise, en mars, le canton a mis en oeuvre plus de 40 mesures, en priorité dans les secteurs santé-social et économie. «Nous en sommes à ce jour à 512 millions de francs engagés».

Cinq mesures

Le canton veut agir vite et propose cinq domaines d'action. Il réactive son fonds de soutien à l'industrie, doté de 20 millions de francs, pour soutenir le tissu industriel vaudois qui s'attend à vivre un premier semestre 2021 particulièrement difficile.

Le Conseil d'Etat débloque ensuite 50 millions de francs pour les cas de rigueur. Il va au-delà des 17,5 millions de francs annoncés mercredi par la Confédération, qu'il juge insuffisants. Il scinde son dispositif en deux, avec un volet purement cantonal, ce qui lui permet plus de souplesse et de pragmatisme.

Les secteurs «de rigueur» concernés sont l'hôtellerie-restauration, le tourisme, les parcs animaliers, l'événementiel, les agences de voyage, les entreprises de cars, les forains et les discothèques. En résumé, des secteurs particulièrement impactés par la pandémie.

Aussi la culture

La troisième mesure est une réédition de l'opération WelQome en faveur des activités de loisirs, d'hébergement et de restauration. Après les 15 millions alloués ce printemps, quelque 20 millions sont désormais à disposition. Ils devraient générer un chiffre d'affaires global de l'ordre de 60 millions de francs, espère Philippe Leuba.

La culture, ensuite, qui représente plus de 5000 emplois dans le canton. Vaud débloque 10 millions supplémentaires pour son Fonds de soutien, et y ajoute les 3 millions de solde de l'étape précédente. Avec les montants fédéraux, ce sont «près 26 millions de francs qui sont à disposition du secteur culturel», a annoncé Cesla Amarelle. Cette aide est valable du 1er novembre 2020 à fin 2021.

Payer 10% des RHT

Enfin, la cinquième mesure concerne une partie des personnes au bénéfice des RHT, et qui touchent en principe 80% de leur salaire. Le canton accorde une enveloppe de 15 millions pour leur verser 10% supplémentaires de leur salaire de novembre.

Les employeurs sont «invités» à payer les 10% complémentaires. Mais attention, la mesure ne concerne que les secteurs fermés par le canton en novembre, comme les restaurants et les fitness. «C'est inédit, cela n'existe pour l'heure dans aucun autre canton», a ajouté Philippe Leuba.

Réaction mitigée de la Fédération patronale

La Fédération patronale vaudoise (FPV) a salué ce paquet de «mesures bienvenues» même si «sur le plan de l'effort consenti, il revêt un aspect moins impressionnant qu'il n'y paraît au premier abord». Elle rappelle notamment que les 500 millions consacrés aux conséquences de la crise ne représentent que 5% du budget annuel du canton.

L'effort global réel s'élève à 101 millions, hors soldes restant de l'une ou l'autre mesure déjà décidée, a calculé la FPV. La bonne santé financière du canton lui permet d'absorber ces montants sans difficultés. Des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment pour indemniser toutes les entreprises qui ont fait l'objet d'une mesure de fermeture.

Pour la FPV, il est «incompréhensible» que le fonds vaudois pour les cas de rigueur se limite à venir en aide à certains secteurs. «Il est primordial que personne ne soit exclu s'il remplit les conditions posées par l'ordonnance fédérale», écrit-elle. Elle «peine à comprendre» pourquoi l'industrie est traitée séparément.

Effort mineur et provocation

Particulièrement mécontente, l'association GastroVaud parle d'un «effort mineur» et d'un «flou majeur». «A qui profiteront exactement les indemnités pour cas de rigueur et à quelle hauteur», demande Gilles Meystre, président de GastroVaud.

Il réclame de nouvelles mesures pour combler «les graves lacunes du dispositif actuel». Notamment une aide pour le paiement du loyer et des charges sociales. L'invitation faite aux employeurs de combler les 10% restants des RHT est «une véritable provocation», vu la situation extrêmement fragile d'une majorité de restaurants.

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