Viola Amherd Entre succès et affaires embarrassantes, 2024 sera mouvementée

bl, ats

1.12.2023 - 06:57

La première femme à la tête de l'armée aura du fil à retordre durant son année présidentielle. Une course contre la montre est lancée pour sauver les relations avec l'UE avant le renouvellement de la commission européenne. En interne, la centriste doit faire face à des problèmes de personnel. L'affaire des chars Léopard 1 l'inquiète également.

La première femme à la tête de l'armée aura du fil à retordre durant son année présidentielle. 
La première femme à la tête de l'armée aura du fil à retordre durant son année présidentielle. 
KEYSTONE

bl, ats

Coup sur coup, la cheffe du Département de la défense (DDPS) a dû faire face à deux départs. Son secrétaire général Toni Eder quitte ses fonctions à la fin de l'année. Il est immédiatement remplacé par Daniel Büchel, sous-directeur de l'Office fédéral de l'énergie.

Le même jour, on apprend, à la surprise générale, que Jean-Daniel Ruch renonce au poste de secrétaire d'Etat à la politique de sécurité un mois après sa nomination. La presse évoque une vie privée qui pose un risque pour la sécurité publique. Au Département de la défense, c'est motus et bouche cousue. L'ensemble de ce projet de prestige pourrait tomber à l'eau.

Ce vendredi 1er décembre, la presse annonce un nouveau revers dans cette affaire: pressenti pour prendre la tête du nouveau Secrétariat d'Etat à la politique de sécurité (SEPOS), le diplomate Thomas Greminger aurait refusé le poste, indiquent vendredi le Tages-Anzeiger, la Berner Zeitung, le Bund et la Basler Zeitung. Interrogé par les journaux, il n'a pas souhaité s'exprimer.

La commission parlementaire de la sécurité demande déjà des explications. Cette valse des cadres agace et pourrait entacher l'année présidentielle de Viola Amherd. D'autant plus que ce n'est pas le seul départ important dans son entourage.

Chars

En effet, dans le sillage de la revente manquée par Ruag des chars Léopard 1 à l'Allemagne, la cheffe de Ruag, Brigitte Beck, avait annoncé sa démission. Plusieurs enquêtes sont ouvertes sur l'entreprise d'armement.

Viola Amherd clame n'avoir rien su. Bénéficiant jusqu'ici d'un capital de sympathie élevé auprès de la population, la Valaisanne pourrait-elle s'en sortir sans éclaboussure? Un parlementaire UDC la comparait à un «chat qui retombe toujours sur ses pattes». Elle s'en était déjà sortie indemne après le cafouillage entourant l'achat des avions de combat.

Alors qu'elle réussit de justesse à faire passer le principe d'une nouvelle acquisition devant le peuple, les critiques s'enchaînent lorsqu'elle annonce que son choix s'est porté sur les F-35A du fabricant américain Lockheed Martin. La presse révèle plus tard qu'Ignazio Cassis et Ueli Maurer étaient en discussion avec les Français pour acquérir des Rafales. Viola Amherd n'aurait pas été au courant de ces discussions.

Guerre en Ukraine

Ces critiques sont vite oubliées avec la guerre en Ukraine. L'invasion de ce pays par la Russie marque une césure dans la sécurité de l'Europe qui doit faire face à une guerre traditionnelle.

Dans la foulée, le Parlement, mené par la droite, approuve une augmentation importante du budget de l'armée de 5 à 9 milliards de francs. Gourmande, l'armée a récemment demandé 13 milliards supplémentaires pour moderniser ses capacités de défense et renforcer ses rangs.

La guerre en Ukraine a également replacé sur le devant de la scène l'idée d'une adhésion à l'OTAN. La cheffe du DDPS affiche sa volonté d'intensifier la coopération internationale militaire et de se rapprocher de l'organisation. Quitte à fâcher certains tenants d'une neutralité absolue, lorsqu'elle signe aux côtés de ses homologues allemand et autrichien une déclaration d'intention pour adhérer au bouclier antimissile européen (European Sky Shield).

Des JO en 2038?

Fervente défenseuse de Jeux olympiques d'hiver en Suisse, la Valaisanne de 61 ans a reçu une mauvaise nouvelle fin novembre. Alors que tous les feux étaient au vert en Suisse, le CIO n'a pas retenu la candidature helvétique. Il a préféré les Alpes françaises pour 2030 et Salt Lake City (Etats-Unis) pour 2034.

Petite consolation, le directeur exécutif des Jeux au sein du CIO a assuré que la Suisse accueillerait les JO en 2038. Reste à Viola Amherd à lever le doute sur le risque d'un référendum d'ici 2027. Le CIO n'est en effet pas sûr du soutien de la population autour du projet.

Course contre la montre

La nouvelle présidente devra également épauler le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis dans le dossier européen. Après la rupture par le Conseil fédéral des négociations sur l'accord-cadre en mai 2021, une approche par paquets a été présentée.

La position est actuellement meilleure qu'il y a trois ans. Mais la commission européenne doit être renouvelée en juin 2024. Les négociations doivent être conclues avant cette date au risque de devoir tout reprendre à zéro.