Conseils d'une psy Coronavirus: comment ne pas céder à la peur?

Barman Nicolas

26.3.2020

L'Argentine Lucia Magaldi, psychologue et spécialiste en thérapie cognitive et comportementale nous délivre quelques conseils  pour combattre son stress en temps de Covid-19.
L'Argentine Lucia Magaldi, psychologue et spécialiste en thérapie cognitive et comportementale nous délivre quelques conseils  pour combattre son stress en temps de Covid-19.
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Peur de tomber malade? Comment expliquer ces chamboulements aux enfants? Comment soutenir les personnes dites «à risques» et gérer le stress que l'on peut ressentir face à l'épidémie de coronavirus? Interview.

Le nombre de personnes contaminées par le coronavirus s'élevait à 9'765 en Suisse mercredi. Les personnes décédées des suites de la maladie étaient 103. Selon le ministre de la santé Alain Berset, le pays s'approche du sommet de la courbe, mais il faut maintenir la discipline. 

Les chiffres sont donc importants. Ils peuvent faire peur, tout comme la situation. Comment y faire face? Comment ne pas cédér à la panique? «Bluewin» s'est entretenu avec Lucia Magaldi, psychologue et spécialiste en thérapie cognitive et comportementale. Voici en quelques points, ses conseils.

Comment éviter la panique et cette peur de tomber malade? Y a-t-il un remède secret?

Face à l'incertitude générée par cette épidémie de Covid-19, il est important de nous concentrer sur ce qui se passe dans l’immédiat et sur ce qui est sous notre contrôle, et non sur ce qui pourrait nous arriver. Je recommande de concentrer notre attention sur les pratiques qui sont à notre portée et qui nous aident à rester entiers et calmes face à la peur.

Par exemple: maintenir une routine quotidienne saine et respecter les mesures préventives dictées par les organes compétents. Ces actions simples aident à améliorer notre sentiment d'efficacité et de confiance en soi face à cette réalité déconcertante. Effectuer des pratiques de méditation comme le mindfullness peut aussi aider pour affronter ces situations.

L’excès d’information joue un rôle prépondérant sur l’état d’esprit des gens. Comment faire pour ne pas tomber dans cette folie médiatique?

Il est conseillé d'être bien informé, mais en faire trop est contre-productif.

D'une part, il faut s'informer uniquement sur des canaux officiels, car beaucoup de fausses informations circulent. Et d'autre part, y consacrer peu de temps. Une bonne technique consiste à établir des horaires pour s'informer: par exemple, le matin au cours du petit-déjeuner. Mais passez ensuite le reste de la journée à faire des choses que vous aimez et appréciez, en profitant du temps que la vie nous donne aujourd'hui!

En ce moment, il n'y a plus d'excuses pour ne pas se rapprocher de sa famille, pour ne pas s'adonner à un passe-temps chez soi ou pour ne pas terminer ce qui était en suspens depuis longtemps. Il faut rester positif pour faire face à cette situation.

Les personnes de plus de 65 ans et celles souffrant déjà d’une maladie ressentent une pression encore plus grande. Même en restant confinées chez elles, comment les personnes dites «à risques» peuvent-elles gérer au mieux cette situation?

Il faut les contacter, les écouter, voir quels sont leurs besoins. Cela les aidera grandement à se sentir entourées et à maintenir un état d'esprit sain.

Sinon la même chose est recommandée pour tous les groupes d'âge: restez informé, mais pas trop, gardez des habitudes de vie saines, restez en contact avec vos proches et gardez une attitude positive.

Et les enfants? Comment leur expliquer tous ces chamboulements que nous vivons actuellement?

Avec les enfants, nous devons prendre le temps de leur expliquer la situation, de manière à ce qu'ils puissent la comprendre. Nous devrions également les encourager à dissiper leurs doutes et à exprimer leurs sentiments par rapport à ce qu'ils vivent.

Nous pouvons nous servir de nous-mêmes comme exemple, en leur exposant ce que nous ressentons et comment nous parvenons à réguler nos préoccupations. De cette façon, ils pourront également acquérir des outils qui les aideront à gérer leurs propres émotions.

Il est également important de prendre en compte les deux types de langage:  verbal et non-verbal. Les bébés ressentent l’inquiétude des autres. Nous devons donc rester calmes. Ils se sentiront ainsi plus en sécurité. Nous savons que les émotions sont également contagieuses. Une fois que l'enfant aura acquis le langage, nous ajouterons l'explication verbale, en utilisant toujours les mots qui font partie de son répertoire.

Je conseille également d'être attentif à leur comportement, afin d’identifier tout changement qui pourrait indiquer qu'ils sont perturbés ou stressés par la situation.

Les gens attendent les dates de fin de quarantaine comme une certaine libération, le prolongement des mesures restrictives peuvent-elles être très néfastes pour le moral?

Compte tenu de cette probabilité d'extension, je pense que le plus sain est que nous nous concentrions sur le quotidien et que nous restions flexibles en vue des actions futures qui pourraient être prises. La réalité est que, peu à peu, nous acquérons une meilleure connaissance du Covid-19, de sorte que les mesures qui sont prises sont conformes à cette mise à jour des avancées. En tant que citoyens, nous devons les accepter et nous y adapter. Et pour ce faire, nous devons respecter l'isolement social, qui est à ce jour la meilleure arme dont nous disposons pour prendre soin de nous-mêmes et des autres.

Comment adopter la positive attitude malgré la situation alarmante? Avez-vous des conseils à donner afin de passer cette période de la meilleure manière possible?

Bien que cela puisse être difficile, il est toujours possible de rester positif, même lorsque nous sommes confrontés aux situations les plus extrêmes. Nous devons rechercher les aspects positifs qui émergent de ce processus et le considérer comme une opportunité de croissance personnelle et sociale. Tout au long de ces journées, nous avons été obligés de faire une pause, de réfléchir et de rétablir les priorités dont nous parlions au début. Nous avons observé dans le monde entier, que cet isolement a mis en valeur l'importance d'être (émotionnellement) plus connecté avec les autres, générant une pensée plus empathique et solidaire. Par conséquent, moins égoïste. Beaucoup semblent avoir appris que la façon de se dépasser est de penser au pluriel, que nous sommes tous «ensemble» plutôt que tous séparés.

Il s'agit sans aucun doute d'un coup très dur pour l’être humain et nous n'essayons pas de minimiser toutes les souffrances que ce virus a causé au niveau mondial. Mais c'est ici que nous devons nous rappeler que les êtres humains ont la capacité de surmonter les plus grandes adversités et de sortir plus forts face à celles-ci. C'est la résilience.

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