Etude genevoise La loi du moindre effort bien ancrée

ATS

18.9.2018 - 13:35

Renoncer à son penchant naturel pour la minimisation de l'effort mobilise davantage de ressources dans le cerveau que l'inverse, selon cette étude (photo symbolique).
Renoncer à son penchant naturel pour la minimisation de l'effort mobilise davantage de ressources dans le cerveau que l'inverse, selon cette étude (photo symbolique).
Source: KEYSTONE/WALTER BIERI

Pour nos ancêtres, éviter les efforts superflus était une question de survie. Des chercheurs genevois ont constaté que le cerveau humain doit mobiliser des ressources importantes pour contrer cette tendance devenue inutile dans nos sociétés modernes.

Aujourd’hui, environ 30% des adultes et 80% des adolescents n’atteignent pas le niveau minimal d’activité physique quotidien recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour demeurer en bonne santé, a indiqué mardi l’Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

A vos baskets!

L'équipe de Boris Cheval, chercheur à l’UNIGE, aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et dans le Pôle de recherche national LIVES, avec des confrères belges et canadiens, a étudié l’activité neuronale de 29 personnes. Toutes voulaient être actives dans leur quotidien, sans forcément y parvenir.

Les participants devaient ensuite choisir entre l’activité physique et la sédentarité, pendant que les chercheurs sondaient leur activité cérébrale à l’aide d’un électro-encéphalographe muni de 64 électrodes.

Plus de ressources

"Nous avons soumis les participants au jeu du mannequin, qui consiste dans un premier temps à diriger un mannequin vers des images représentant une activité physique et de l’éloigner d’images représentant la sédentarité, puis dans un deuxième temps d’effectuer l’action contraire", explique Boris Cheval, cité dans le communiqué.

Les chercheurs ont ensuite comparé la différence de temps pour approcher la sédentarité et pour l’éviter. "Nous avons constaté que les participants mettaient 32 millisecondes de moins à s’éloigner de la sédentarité, ce qui est important dans une telle tâche", s’étonne Boris Cheval, ce résultat allant à l’encontre de la théorie.

Il s’agit ici de la force de la raison. Les sujets fuient la sédentarité plus vite qu’ils ne l’approchent, parce que cette action est en accord avec leur intention d’être actif physiquement. Ils font alors appel aux ressources nécessaires pour fuir leur instinct naturel qui les pousse à la minimisation de l’effort et réagissent rapidement.

Activité électrique plus élevée

"Par contre, nous avons observé que l’activité électrique associée à deux zones cérébrales en particulier, le cortex fronto-medial et le cortex fronto-central, était beaucoup plus élevée que lorsque le participant devait choisir la sédentarité", constate Boris Cheval.

Ces deux zones représentent respectivement le combat qui s’instaure entre la raison et les affects, et la capacité d’inhibition des tendances naturelles. "Le cerveau doit donc solliciter beaucoup plus de ressources pour s’éloigner des comportements sédentaires, plutôt que de suivre son penchant pour la minimisation de l’effort", continue le chercheur.

Héritage de l’évolution

"La minimisation de l’effort était capitale pour l’espèce humaine au cours de l’évolution. Cette tendance à l’économie et à la conservation des ressources augmentait les chances de survie et de reproduction", commente Boris Cheval.

"Mais aujourd’hui, nos sociétés modernes rendent cette optimisation énergétique caduque. Il faudrait au contraire encourager l’activité physique au lieu d’offrir des tentations à en faire moins, comme les escalators ou les ascenseurs", poursuit le chercheur.

Il s’agirait par exemple de modifier l’espace public pour réduire les opportunités des individus de s’engager spontanément dans des comportements associés à une minimisation de l’effort, selon lui.

Boris Cheval entend maintenant poursuivre ses recherches en examinant si choisir l'option paresseuse active les circuits cérébraux de la récompense, a-t-il indiqué à Keystone-ATS. Ces travaux sont publiés dans la revue Neuropsychologia.

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