Militaire ou hippie? La Kübelwagen de VW fête ses 50 ans

DPA

16.6.2019

Certains portaient des bottes, d’autres des tongs – mais ils montaient à bord de la même voiture. La Kübelwagen de VW était à l’origine destinée aux services militaires et de secours. Mais la VW 181 jouit d’une grande popularité, en particulier auprès des hippies.

Qu’il s’agisse de Ferrari, de Lamborghini ou de Porsche, dans la célèbre rue Bourbon de la Nouvelle-Orléans, les suspects habituels n’interpellent personne aujourd’hui.

Dans ce haut lieu de la vie nocturne, les regards des fêtards sont généralement attirés par la VW 181 jaune que tous appellent ici tout simplement «The Thing». En Amérique, la légendaire «Kübelwagen» jouit en effet d’une énorme communauté de fans et n’a rien à envier en matière de popularité à la Coccinelle et au Bulli, ses cousins au succès beaucoup plus grand.

Après tout, de l’autre côté de l’Atlantique, elle n’a pas cette consonance militaire qu’on lui connaît dans son pays d’origine: alors que les souvenirs en Allemagne sont davantage liés à la Bundeswehr ou au service civil à l’Agence fédérale de secours technique (THW), cette décapotable géométrique avec son fameux toit a toujours été aux yeux des Américains l’alternative pratique au buggy et donc la voiture idéale des «Beach Boys» et autres hippies. Ainsi, pour célébrer le cinquantième anniversaire du classique géométrique comme il se doit, mieux vaut partir bien à l’ouest.

La Bundeswehr au commencement de l’histoire

Et pourtant, selon la division VW Classic Parts à Wolfsburg, l’histoire a principalement commencé avec des considérations militaires. La Bundeswehr a fini par se lancer à la recherche d’un successeur à la DKW Munga. Comme le projet international commun «Euro-Jeep» n’a pas dépassé le stade de la planification, VW a exploité cette brèche et il y a exactement 50 ans créé la «Kurierwagen» à partir de la Coccinelle avec une tôle ondulée géométrique, des portes à mi-hauteur et quatre chaises de jardin améliorées.

Le modèle a été construit jusqu’en 1978 en Allemagne et sa production a même été prolongée de deux ans au Mexique pour le marché américain, avant de prendre fin en 1980 au bout de 140 768 exemplaires au total.

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Certes, la voiture ressemblait à véhicule tout-terrain et ne reculait devant aucune aventure. Mais pour être un bon tout-terrain, il lui manquait la garde au sol, la démultiplication et surtout la transmission intégrale adéquates. Pourtant, la Bundeswehr a sauté sur l’occasion et les services de protection en cas de catastrophe comme les services de secours lui ont emboîté le pas. A un moment donné, la VW 181 s’est frayé un chemin au sein de la société civile. Avec un prix de base de 8500 marks allemands, elle faisait partie des véhicules de loisir les moins chers dans les années 1970.

Une décontraction forcée

Rouler en Kübelwagen est toujours une partie de plaisir. Chaque balade se transforme dans les souvenirs en un road movie à l’air libre bercé par le son du moteur boxer à l’arrière. Mais aujourd’hui, prendre la route au volant d’une Kübelwagen rend automatiquement l’automobiliste extrêmement serein et décontracté.

En effet, même en partant célébrer l’anniversaire du modèle sur les routes des Etats du sud des Etats-Unis, mère patrie des limitations de vitesse, n’importe quelle limite de vitesse peut être plus ou moins allègrement ignorée avec une motorisation de 32 kW/44 ch. Il faut une éternité passée à écraser la pédale sur la tôle du plancher et à écouter le gazouillis du quatre cylindres d’1,6 litre pour voir l’aiguille du compteur de vitesse trembler parfois autour du «100» sur le tableau de bord spartiate. De toute façon, les choses s’arrêtent autour de 115 km/h tout au plus. Si les conducteurs de Kübelwagen semblent avoir ce sourire figé sur le visage, c’est peut-être aussi parce qu’ils doivent toujours faire bonne figure face à ce jeu pervers.

Une capote qui ne sert qu’à décorer

Il est vrai que la Kübelwagen a été produite plus longtemps pour le marché américain qu’en Allemagne et qu’elle est également plus appréciée de l’autre côté de l’Atlantique. Mais il y a une autre raison pour laquelle il est préférable de la conduire en Floride ou au Texas plutôt que dans les environs de Francfort ou sur les routes de l’Uckermark: la météo. En effet, la capote est si pénible à manipuler et sa structure est si dangereuse pour les ongles que l’on préfère la garder repliée. D’autant plus que l’énorme bâche en cuir synthétique et les quatre vitres fixes n’offrent de toute façon qu’une protection modérée contre le vent et les intempéries et que lorsque la voiture est fermée, le bruit est si fort que l’on ne s’entend guère parler.

Par ailleurs, la Kübelwagen pâtit quelque peu de ses sièges pas tout à fait orthopédiques et du fait que l’espace pour les jambes soit pour elle un mot étranger. Mais cela n’affecte en rien l’amour porté à ce classique à l’aspect géométrique. Ce n’est pas un hasard si Friedhelm Jakobs, un amateur et conducteur de Kübelwagen originaire de Bad Neuenahr-Ahrweiler, estime que le parc de véhicules dans le trafic en Allemagne s’élève à environ 4000 exemplaires et que beaucoup plus parcourent encore les routes américaines.

Quasiment plus de modèles originaux

Il n’est cependant pas facile pour les retardataires de rejoindre ce cercle d’amis. Certes, la technologie de Coccinelle sous la carrosserie sensible à la rouille est quasiment indestructible. Et grâce à ses cousines vendues à des millions d’exemplaires, les pièces de rechange les plus importantes sont disponibles en quantités énormes. Toujours est-il qu’il s’avère difficile de se procurer un exemplaire à peu près original dans nos contrées, explique Friedhelm Jakobs. Et ceci n’est pas dû au fait que les voitures ne sont plus abordables aujourd’hui, précise-t-il.

Au contraire, il est possible d’en trouver sur les sites web habituels à des prix bien inférieurs à 10 000 euros. «La Kübelwagen est la décapotable à bas prix par excellence», juge également le Kübel-Klub Deutschland à Essen. «Mais aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus d’exemplaires qui n’ont pas été considérablement réaménagés», explique Friedhelm Jakobs – après tout, personne n’a envie de se promener au volant d’une voiture de service de la Bundeswehr ou de la THW durant son temps libre.

Tandis que les fans gardent foi dans la Kübelwagen, VW a connu dernièrement des difficultés avec ses décapotables. Alors que le clap de fin vient d’être annoncé pour la Beetle – qui, en tant que petite-fille de la Coccinelle, se trouve elle aussi dans la lignée de la Kübelwagen –, la VW Golf a également refermé son toit il y a bien longtemps.

Pourtant, un vent frais s’apprête à souffler de nouveau à Wolfsburg et à apporter avec lui le souvenir de la Kübelwagen à proprement parler. D’après le porte-parole Christian Buhlmann, le T-Roc, le tout-terrain de la firme, se découvrira dès cette année et s’inscrira tout à fait dans l’esprit de la VW 181, à savoir celui d’une décapotable de loisir qui s’adresse aux amateurs d’aventure.

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