L'orgasme féminin, entre mythes et réalités

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6.11.2018

Après la création en août 2018 du compte Instagram @tasjoui destiné à libérer la parole des femmes autour de leurs orgasmes, Netflix proposait un documentaire d’une vingtaine de minutes destiné à briser le tabou de l’orgasme féminin…

À l’heure des réseaux sociaux, la parole des femmes autour du droit à l’orgasme devient plus libre, et au fil des témoignages, les mythes autour de l’orgasme féminin s’écroulent un à un, comme en témoigne le compte Instagram @tasjoui créé par la journaliste Dora Moutot.

Patriarcat ou héritage sociétal?

Peut-être parce qu’ils semblent si simples, personne ne remet en question le pourquoi ou le comment des orgasmes masculins. Les orgasmes féminins, en revanche, restent encore tabous, ou méconnus. Comme en témoignent les résultats du sondage en ligne de la RTS, les hommes, quelle que soit leur tranche d’âge, atteignent plus souvent l’orgasme que les femmes. On retrouve d’ailleurs un très faible nombre d’hommes n’atteignant jamais l’orgasme quand les femmes admettent régulièrement ne pas l’atteindre, et en particulier pour près de 32 % des femmes de moins de 20 ans.

La faute au patriarcat? Pas si sûr répondent les psychologues, en évoquant les recherches de Freud qui marquent encore les esprits… Ce dernier en 1905, dans «Trois essais sur la théorie sexuelle» détermine que le centre du plaisir chez la femme est le vagin et non le clitoris et qu’avoir trop d’orgasmes clitoridiens cacherait des tendances névrotiques et hystériques. Une femme mature se devrait donc d’avoir des orgasmes vaginaux.

Les travaux d’Alfred Kinsley, en 1953, contredisent totalement la théorie de Freud en révélant que de nombreuses femmes ne peuvent avoir d’orgasme sans stimulation clitoridienne. Mais le sexologue se verra banni de la communauté scientifique, la société validant, consciemment ou non, les assertions de Freud.

Les chercheurs mettent en avant aujourd’hui ce mythe sociétal hérité de Freud pour expliquer le fait que les femmes avouent atteindre difficilement l’orgasme, mythe également véhiculé par l’industrie pornographique…

Simuler pour correspondre à la norme?

Alors que le débat sur l’éducation sexuelle à l’école fait encore rage, les chercheurs soulignent que «tout le monde n’est pas logé à la même enseigne quand on se sait que la première représentation correcte d’un clitoris dans un manuel scolaire suisse remonte à 2017…».

Dès lors, face à la désinformation complète sur ce qu’est le plaisir féminin, le film porno devient la référence (Étude Ipsos). Dans les films porno, le plaisir de l’homme passe avant tout et l’acte sexuel s’arrête au moment de l’éjaculation. À chaque fois, la femme gémit et semble elle aussi atteindre l’orgasme.

Dans la réalité les choses sont bien différentes. Selon les résultats du sondage RTS, près de 40 % des femmes admettent simuler, contre 10 % des hommes. Les raisons? «Pour ne pas le décevoir ou parce que je veux que ça s’arrête», «pour saluer ses efforts» ou «pour abréger».

Par la libération de la parole autour de l’orgasme féminin, le compte @tasjoui espère ainsi améliorer la communication entre hommes et femmes, et faire évoluer les mentalités.

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