Erosion Le changement climatique pourrait effacer une plage sur deux

uri

16.3.2020

Riche en plages, l’Australie est particulièrement touchée par le changement climatique. Au tournant du siècle, le pays pourrait avoir perdu environ 15 000 kilomètres de plages. Sur cette photo, la plage de Collaroy, à Sydney, est attaquée par une tempête.
Riche en plages, l’Australie est particulièrement touchée par le changement climatique. Au tournant du siècle, le pays pourrait avoir perdu environ 15 000 kilomètres de plages. Sur cette photo, la plage de Collaroy, à Sydney, est attaquée par une tempête.
Keystone

Dans un avenir pas si lointain, les vacances à la plage pourraient bien être de l’histoire ancienne dans de nombreux endroits: en raison du changement climatique, près de la moitié des plages devraient disparaître d’ici la fin du siècle.

Plus d’un tiers des littoraux dans le monde sont constitués de plages de sable fin. En plus d’être des destinations touristiques appréciées et des facteurs économiques importants, elles remplissent également d’importantes fonctions écologiques en tant que zones tampons entre la mer et la terre.

Cependant, ces espaces de loisirs prisés subissent une forte pression due au changement climatique, comme l’écrivent cette semaine des chercheurs dans la revue spécialisée «Nature Climate Change».

Bondi Beach, dans la métropole australienne de Sydney, est l’une des plus célèbres plages au monde. Les jours de grande affluence, elle accueille jusqu’à 40'000 visiteurs.
Bondi Beach, dans la métropole australienne de Sydney, est l’une des plus célèbres plages au monde. Les jours de grande affluence, elle accueille jusqu’à 40'000 visiteurs.
Keystone

Le changement climatique a également un impact profond sur les plages. D’après l’étude, 50% des plages auront disparu d’ici la fin du siècle. Selon les prévisions, entre 14 et 15% des littoraux seront déjà méconnaissables dans 30 ans.

En raison des processus d’érosion, de nombreuses plages sont déjà de plus en plus petites. Comme l’ont découvert des chercheurs du Centre commun de recherche de la Commission européenne et de diverses universités en Espagne, au Portugal et aux Pays-Bas, le changement climatique – et ses conséquences, comme l’élévation du niveau des mers et les violentes tempêtes – constituent une menace encore plus grande pour les littoraux.

Une perte d’au moins 11'500 kilomètres de plages en Australie

Evaluant des données satellitaires des années 1984 à 2015, les scientifiques ont simulé deux scénarios pour les littoraux: le premier imaginait un réchauffement climatique non freiné (RCP8.5) jusqu’en 2100, tandis que le second supposait qu’il était au moins atténué par des «mesures limitées de protection du climat» (RCP4.5).

Les résultats de l’étude sont alarmants, comme le note l’équipe réunie autour de l’océanographe Michail Vousdoukas, spécialiste des littoraux. Les analyses ont fait état d’«une tendance générale à l’érosion qui augmente avec le temps et l’intensité des émissions de gaz à effet de serre», principalement due à l’élévation du niveau de la mer.

Selon la simulation, l’Australie est particulièrement touchée par cette perte de plages. Si le réchauffement climatique se poursuit sans être freiné, le pays perdra environ 15'000 kilomètres de plages de sable d’ici la fin du siècle. Même avec des «mesures limitées de protection du climat», le pays perdra tout de même 11'500 kilomètres de plages de sable, soit environ 50% des plages constituant le littoral du continent, selon les chercheurs.

La meilleure mesure à prendre est la protection du climat

Des pays et régions tels que la République démocratique du Congo, la Gambie, Jersey, la Guinée et le Pakistan seraient les plus affectés par la disparition des plages – plus de 60% –, tandis que le Canada, le Chili, le Mexique, la Chine et les États-Unis seraient tout de même durement touchés. Dans le pire des cas, le phénomène pourrait concerner quelque 5500 kilomètres d’ici 2100 aux États-Unis.

Comme beaucoup de plages sont situées dans des zones densément peuplées, leur rétrécissement est synonyme d’une diminution de la protection contre les inondations et les tempêtes pour les personnes vivant dans ces zones, précisent les chercheurs. En outre, ajoutent-ils, d’importantes pertes sont à prévoir dans le secteur du tourisme, ce qui constitue surtout un problème pour les pays économiquement faibles.

Afin de contrer quelque peu cette évolution, les auteurs recommandent de réduire l’érosion par un aménagement intelligent des littoraux, comme cela se fait par exemple aux Pays-Bas. Toutefois, la meilleure mesure à prendre est selon eux la protection du climat: «une réduction modérée des émission de gaz à effet de serre pourrait occasionner une baisse de 17% du recul calculé du littoral d’ici 2050 et même de 40% d’ici la fin du siècle», écrivent les scientifiques.

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