Qualifié surprise pour la Ligue des champions, Brest va découvrir l'Europe et une exigence nouvelle en affrontant jeudi le Sturm Graz pour la première journée, à Guingamp. Un saut «dans l'inconnu» aussi redoutable qu'excitant pour le club d'Edimilson Fernandes.
«Quelque part, on va un peu dans l'inconnu et quand on va dans l'inconnu, on est toujours avides de découvrir, mais en même temps un peu inquiets», résumait l'entraîneur Eric Roy dès sa première conférence de presse de la saison, pour la reprise de l'entraînement.
Porté par un état d'esprit exemplaire, un jeu bien huilé et une forme d'insouciance, les Finistériens se sont hissés à la 3e place de la Ligue 1 l'an dernier. Au passage, ils ont empoché un accès direct pour l'élite européenne à laquelle ils n'appartiennent évidemment pas sur de nombreux plans, à commencer par l'expérience.
je 19.09. 19:55 - 23:55 ∙ blue Sports Live ∙ Stade Brestois 29 - SK Sturm Graz
L'événement est fini
La réception des Autrichiens ne sera rien de moins que la toute première rencontre européenne de l'histoire du club et, sur la totalité de l'effectif, la moitié des 26 joueurs sous contrat a déjà goûté à ces joutes, et seulement 8 à la C1.
Avec un total de 181 matches continentaux disputés par ses joueurs, Brest fait figure de petit poucet, même comparé à Graz (335) ou Prague (535), les deux autres équipes du chapeau 4 du tirage au sort qu'ils vont affronter en plus du Real Madrid, du FC Barcelone, de Leverkusen, du PSV Eindhoven, du Shakthar Donetsk et de Salzbourg.
«Un peu con de ne pas en profiter»
Mais maintenant qu'il est au pied de ce qu'il a également qualifié de «montagne», Roy peut bien l'admettre dans Ouest-France, mercredi: «après avoir réalisé ce qu'on a fait l'année dernière, si on ne part pas du principe d'en profiter, de la vivre à fond, c'est un peu con.»
Toutefois, pour «profiter» et «vivre à fond», les «Ty-Zef» savent que la C1 va chambouler, si ce n'est le train de vie du club, au moins le rythme de vie du groupe. «Le métier qu'on a fait la saison dernière en jouant une fois par semaine, c'est un métier très différent que de jouer tous les trois jours», avait averti Roy à la reprise.
«Je l'ai assez rabâché aux joueurs, ils doivent se dire que je suis sénile», avait-il même glissé avant le premier match de la saison, contre Marseille (défaite 5-1 à domicile), mais la réussite de la saison brestoise reposera sur des choses que lui ne maîtrisera pas, «ce qu'on appelle l'entraînement invisible»: alimentation, sommeil, récupération, ou «ne pas faire des nuits à jouer sur la PlayStation».
«Autant il y a des choses, quand on est jeune comme eux, qu'on peut rattraper quand on a six ou sept jours entre deux matches, autant il y a des choses que tu ne peux plus te permettre quand tu joues tous les trois jours (si tu veux avoir) cette capacité à être bon le dimanche et re-être bon le mercredi, et à nouveau le samedi peut-être.»
Déjà un tournant psychologique
Le début de saison difficile de son équipe, qui ne compte qu'une victoire pour trois défaites en championnat, même si elle a joué l'OM ou le Paris SG, accroît l'enjeu du match de jeudi qui pourrait être un premier tournant psychologique.
Un succès pourrait véritablement lancer la saison des Rouges, alors qu'un revers plomberait sans doute déjà l'enthousiasme autour de la C1. Débuter par la rencontre la plus abordable sur le papier n'est d'ailleurs pas forcément un cadeau de ce point de vue, sachant que le recrutement tardif des Bretons risque de ne véritablement porter ses fruits que dans quelques semaines.
Enfin, il faudra digérer l'exil forcé à Guingamp, à plus d'une heure de route d'un Stade Francis-Le-Blé incompatible avec les normes drastiques de l'UEFA, même si cela n'empêchera évidemment pas un fort soutien populaire. Plus de 10'000 «packs» de quatre tickets pour la Ligue des champions, avec les rencontres contre Leverkusen, le PSV Eindhoven et le Real Madrid en apothéose finale, ont été vendus aux abonnés.
AFP