Le Bayern Munich a manqué le rendez-vous d'une finale de la Ligue des champions 100% allemande avec le Borussia Dortmund. Au terme d'une demi-finale à l'intensité dramatique difficilement égalable, les Bavarois ont été éliminés par un Real Madrid immortel.
Si quelqu'un peut se mettre à la place du gardien bavarois Manuel Neuer, fautif sur l'égalisation du Real, c'est bien Oliver Kahn, présent mercredi à Madrid pour assister à son premier match du Bayern depuis son éviction de la présidence du club il y a un an. Le «Titan» avait lui aussi commis une erreur lourde de conséquences lors de la Coupe du monde 2002 face au Brésil après avoir mené l'Allemagne jusqu'en finale.
Le héros tragique
Mercredi soir, Manuel Neuer a lui aussi réalisé des arrêts exceptionnels, désespérant Vinicius Junior à plusieurs reprises. Jusqu'à la 88e minute, où il n'a pas pu retenir un envoi apparemment anodin du Brésilien. Le héros providentiel du Real, Joselu, a alors poussé le ballon entre les jambes du portier pour égaliser.
«Sur 10'000 arrêts, Manu en a fait 10'000. C'était le 10'001e. C'est tellement cruel», a déclaré Thomas Tuchel, l'entraîneur du Bayern, à l'issue du match. Cruel car après le 2-2 du match aller, le 1-0 réussi par Alphonso Davies aurait suffi au Bayern pour se qualifier pour la finale.
C'était sans compter sur Joselu, qui a frappé une deuxième fois quelques instants plus tard. Dans les tribunes, Kahn a dû se sentir transporté en 1999. Avec le Bayern, il menait aussi 1-0 en finale de la Ligue des champions à Barcelone jusqu'aux arrêts de jeu, avant que Manchester United ne marque deux buts.
Un hors-jeu controversé
Mais à la résignation du Bayern se mêlait aussi la colère. D'abord envers eux-mêmes, car les Allemands ont eu plus d'une fois l'occasion de tuer le match après leur ouverture du score. Mais leur courroux était surtout dirigée contre l'arbitre Szymon Marciniak et ses assistants.
Au bout du temps additionnel, le Polonais a sifflé un hors-jeu et mis fin prématurément à une attaque du Bayern qui s'est pourtant conclue par un but, annulé, de Matthijs de Ligt. «Cette décision est une catastrophe absolue, il faut laisser jouer l'action jusqu'au bout», a déclaré Tuchel. «C'est la règle, surtout que c'est si près du but et si limite. La première erreur a été commise par le juge de ligne, la seconde par l'arbitre.»
La colère du Bayern est compréhensible quand on sait que les arbitres sont tenus de laisser le jeu se poursuivre dans des situations limites. On peut toutefois se demander si de Ligt aurait pu marquer sans être inquiété si Marciniak n'avait pas interrompu l'action, les défenseurs merengue ayant coupé leur effort au son du coup de sifflet.
pavo, ats