Coupes d’Europe La révolution, c’est pour bientôt !

ATS

10.5.2022 - 16:25

Un lifting ? Plutôt un ravalement: la Ligue des champions, menacée par l'éphémère projet de Super Ligue, vivra une petite révolution dès 2024-2025 en débutant par un mini-championnat à 36 équipes, contre 32 actuellement. Cette réforme controversée adoptée mardi est censée séduire les diffuseurs.

De grands changements pour la LDC en 2024.
De grands changements pour la LDC en 2024.
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Keystone-SDA

A l'issue de son Comité exécutif à Vienne, l'instance européenne a semble-t-il opté pour un compromis pour effacer les réticences: le «système suisse» (sic), mini-championnat inspiré des tournois d'échecs, s'appliquera bel et bien lors de la première phase à la place de l'actuelle phase de poules, mais avec huit journées, contre dix imaginées initialement et six aujourd'hui.

L'élargissement de l'épreuve reine européenne fait les affaires de certains clubs en allouant quatre tickets qualificatifs supplémentaires: deux places additionnelles attribuées aux deux meilleures nations européennes sur la saison précédente, sorte de filet de rattrapage pour les cadors, et un troisième club qualifié pour la cinquième nation à l'indice UEFA, actuellement la France.

Radical

Cette réforme, la plus radicale depuis vingt ans, a été validée un an après la tempête de la Super Ligue, éphémère projet de compétition privée lancé par plusieurs grands clubs mutins, dont le Real Madrid et Liverpool, qui vont s'affronter le 28 mai en finale de Ligue des champions.

«Nous sommes convaincus que la formule choisie est harmonieuse, qu'elle améliorera l'équilibre des compétitions et assurera des recettes solides qui puissent être redistribuées (...), tout en augmentant l'attrait et la popularité de nos compétitions interclubs», s'est félicité le patron de l'UEFA Aleksander Ceferin, cité dans un communiqué.

Concessions

La puissante Association européenne des clubs (ECA) a de son côté salué «le bond de 96 à 108 des clubs engagés» dans les trois compétitions de clubs - C1, C3 et C4 -, avec «au minimum 37 champions nationaux» représentés sur les 55 fédérations que compte l'UEFA.

En étirant la première phase, l'objectif est de contenter à la fois les diffuseurs, avec 189 rencontres contre 125 actuellement (et 225 envisagés lors du projet initial), les clubs, assurés de revenus de billetterie plus élevés, et les téléspectateurs en quête d'affiches prestigieuses.

Deux sujets soulevaient des interrogations, dans un football européen au calendrier déjà saturé et aux équilibres économiques précaires.

D'abord le nombre de journées de mini-championnat, initialement fixé à dix mais finalement réduit à huit, puis l'attribution possible de deux des quatre tickets supplémentaires au bénéfice du coefficient UEFA de chaque club non-qualifié, une proposition qui favorisait les grosses écuries.

«Du point de vue du calendrier, la ligne rouge a probablement été franchie il y a plusieurs années», a néanmoins relevé Jonas Baer-Hoffman, secrétaire général du syndicat des joueurs Fifpro, estimant qu'aucune rencontre supplémentaire n'aurait dû être introduite.

Manne à répartir

Côté accession au mérite sportif, un point clé défendu par les ligues comme par les supporters, l'instance continentale a finalement attribué deux tickets additionnels via les performances européennes de chaque nation sur la saison écoulée, et non directement aux cadors historiques.

Les huit premières équipes à l'issue de la première phase de mini-championnat se qualifieront pour les 8es de finale, tandis que les équipes qui se classeront de la 9e à la 24e place passeront par des barrages sous le format aller-retour.

L'UEFA a également acté qu'à part la finale, tous les matches continueront de se jouer en milieu de semaine, une confirmation attendue par les ligues nationales qui jouent habituellement le week-end, et en format aller-retour, renonçant donc au «Final 4» envisagé par Aleksander Ceferin.

Europa League aussi

L'Europa League et la Conference League sont également concernées par cette réforme, avec un format calqué sur celui de la nouvelle Ligue des champions.

Si certaines voix se sont élevées pour critiquer la réforme, accusant l'UEFA de vouloir modifier une formule éprouvée, les recettes en forte hausse attendues à partir de 2024 ont peut-être de quoi convaincre les indécis.

Début 2022, les droits TV des compétitions européennes de clubs ont été attribués pour cinq milliards d'euros annuels sur la période 2024-2027, un bond de plus de 50% par rapport aux droits TV de 2018-2019.

«Aucune discussion n'a encore eu lieu», au sujet de la distribution financière de cette nouvelle manne, qui interviendra dans un second temps, a néanmoins précisé mardi en conférence de presse Giorgio Marchetti, secrétaire général adjoint de l'UEFA.