Pour Remo Freuler, le plus grand triomphe de l'histoire du football suisse est un moment «dont on avait besoin», lâche-t-il à propos du 8e de finale de l'Euro gagné face à la France. «Il nous a montré à tous ce dont nous sommes capables lorsque nous nous serrons les coudes.»
Le Zurichois de 29 ans a été ému comme jamais par cette accession aux quarts de finale, acquise au terme d'une séance de tirs au but à laquelle il n'a pas pris part. «Le Mister m'a oublié», sourit celui qui aurait été le sixième tireur de l'équipe nationale si la série s'était prolongée.
«Mais l'histoire me convient parfaitement telle qu'elle est», enchaîne le milieu de l'Atalanta Bergame qui, grâce notamment à ses cinq années et demie d'expérience en Serie A, a su se rendre indispensable aussi en équipe de Suisse.
Son évolution est frappante. En 2018, il n'avait pas passé une seconde sur la pelouse lors de la Coupe du monde. Deux ans plus tôt, il n'était même pas un candidat pour l'Euro. Mais désormais, il est le complément idéal de Granit Xhaka dans l'entrejeu helvétique, le maître de la conquête du ballon à mi-terrain.
14,61 km parcourus face à la France
Reno Freuler est aussi le «poumon» du milieu suisse. Aucun joueur n'a plus couru que lui lors du 8e de finale face à la France: 14,61 km. Ce chiffre n'est qu'une preuve statistique de la performance majuscule qu'il a signée face aux Champions du monde.
Secoué et ému, il a tardé à réaliser la portée de l'exploit helvétique. «Il n'y a pas de mot pour décrire l'émotion que j'ai ressentie», glisse le joueur de l'Atalanta, qui ne se souvient pas avoir vécu un moment comparable.
«Personne n'oubliera jamais ce match. Personne ne peut nous enlever cette nuit magique. 99 % des gens avaient prédit une victoire des Français. Ils disaient que la France aurait pu aligner trois onze différents capables de gagner le titre», savoure Remo Freuler.
Ne pas se cacher
La fierté d'avoir «mis à terre cette sélection de classe mondiale dans un contexte difficile» prédomine. «Vous ne pouvez marquer trois buts contre eux que si vous ne vous cachez pas et si vous êtes totalement convaincus de vos propres capacités», lâche-t-il.
«Après avoir encaissé le troisième but, nous avons eu la tête secouée pendant quelques minutes. Nous avions besoin d'un peu de temps pour nous reprendre», poursuit-il. La Suisse était alors KO, et n'a retrouvé un second souffle que lorsque Vladimir Petkovic a opéré ses premiers changements.
Pour Ottmar Hitzfeld, le coaching du Mister a été «exceptionnel», et Remo Freuler partage d'ailleurs évidemment l'avis du prédécesseur du sélectionneur. «C'était remarquable tactiquement, et extrêmement profitable», sourit-il.
«Plus de responsabilités»
L'énergie apportée par les hommes frais a permis de réaliser un véritable miracle, avec une pression pourtant énorme sur leurs épaules. Remo Freuler leur tire d'ailleurs son chapeau. «Ils avaient la fierté de tout montrer. Avec leur cœur, avec leur tête, avec de la justesse technique», souligne-t-il.
«Vous ne pouvez le faire qu'au sein d'une équipe dans laquelle tout fonctionne», explique le Zurichois, qui ne tarit pas non plus d'éloges sur l'excellent capitaine Xhaka: «Il donne le ton, par ses performances. Granit est un footballeur exceptionnel, qui tient ses promesses sur le terrain. C'est pour ça que tout le monde le suit !»
Contre l'Espagne, l'équipe de Suisse devra toutefois composer sans son meneur de jeu, suspendu. «Son absence est tragique. Mais nous jouons un sport d'équipe. Un autre joueur le remplacera et sera prêt à 100 %», rappelle Remo Freuler, dont le propre rôle va d'ailleurs changer vendredi: «Je vais prendre encore plus de responsabilités.»