L'attente a été longue: 59 ans et 9 jours pour vivre à nouveau un Italie – Suisse en phase finale d'une grande compétition. Le 7 juin 1962 à Santiago, les Azzurri avaient battu la Suisse 3-0 lors du premier tour de la Coupe du monde organisée au Chili.
La Suisse aurait dû bénéficier d'une première chance pour prendre sa revanche avant cette rencontre de mercredi à Rome. L'histoire nous rappelle que l'Italie l'attendait à Hambourg pour un quart de finale de la Coupe du monde 2006. Mais coupable d'une tragique erreur de coaching lors de son huitième de finale face à l'Ukraine, la Suisse avait courbé ce rendez-vous. Quinze ans après, les regrets sont toujours immenses. On a de la peine à mesurer quel aurait été l'engouement d'un Italie – Suisse en quart de finale de la Coupe du monde.
Joué d'avance ?
Celui de mercredi ne suscite pas la même ferveur. Les contraintes de la pandémie freinent l'afflux des supporters suisses qui auraient, dans un monde normal, accourus vers le Ville éternelle.
Le déséquilibre des forces en présence avec une Italie qui reste sur une série de 28 rencontres sans défaite et un «onze» suisse qui s'est littéralement pris les pieds dans le tapis samedi à Bakou incite, par ailleurs, à croire que ce match est joué d'avance.
Avec un Xhedan Shaqiri trop juste sur le plan physique et un Haris Seferovic désespérément à la recherche d'un déclic dans une phase finale, la Suisse possède-t-elle vraiment des arguments pour inquiéter une «Nazionale» maitresse de son sujet lors du match d'ouverture contre la Turquie (3-0) ? La question peut se poser.
Il convient toutefois de ne pas peindre le diable sur la muraille. La Suisse sait gagner à Rome comme elle l'avait démontré le 27 octobre 1982 grâce à une réussite de Rudi Elsener. Elle a, surtout, développé un fond de jeu qui lui permet de rivaliser vraiment avec les meilleurs. A l'unique condition, toutefois, que Granit Xhaka et Remo Freuler livrent une tout autre performance qu'à Bakou. Le seul prestige de l'adversaire laisse penser que cela sera le cas.
Un sacré dilemme
Le choix des hommes ne sera pas l'unique dilemme auquel sera confronté Vladimir Petkovic en ce 16 juin. Il sait que son équipe prendra une option sans doute décisive sur la première place du groupe en cas de succès mercredi. Mais avec un nul ou une défaite, elle jouera son destin dimanche à Bakou face à la Turquie. Les limites physiques de plusieurs cadres – Xherdan Shaqiri, Ricardo Rodriguez et Fabian Schär – doivent également entrer dans sa réflexion. Faut-il tenter le tout pour le tout à Rome au risque de se brûler les ailes pour le match de dimanche ou faut-il «sacrifier» ce match contre l'Italie pour jeter toutes les forces contre les Turcs ?
L'éventuelle titularisation de Xherdan Shaqiri dévoilera les intentions du «Mister». S'il aligne le Bâlois au coup d'envoi, Vladimir Petkovic enverra un message clair: la Suisse jouera le coup à fond sans arrière pensée. En revanche s'il lui réserve un rôle de joker, on comprendra que la Suisse misera essentiellement sur une victoire contre la Turquie pour se hisser en huitième de finale. Il est, en effet, bien illusoire de croire que le no 23 possède les jambes pour enchaîner trois matches en huit jours sans, à un moment donné, crier pouce.
Dans le camp italien, l'unique interrogation tourne autour de la présence de Marco Verratti. Remis de sa blessure au genou droit, le demi du PSG a repris l'entraînement collectif dimanche. Il est apte à jouer, mais Roberto Mancini pourrait lui laisser plus de temps et reconduire Manuel Locatelli en ligne médiane aux côtés de Jorginho et du merveilleux Nicolo Barella. Si le sélectionneur italien joue la prudence, les adeptes du beau jeu ne pourront cacher une certaine frustration. Ils auraient, en effet, sans doute payé très cher sans doute pour vivre un duel entre Marco Verratti et Granit Xhaka.