Mondial 2018 L'Angleterre compte sur Harry Kane pour briller comme 1966

Harry Kane, le capitaine des Three Lions, porte sur ses épaules les espoirs de tout un peuple. En Russie, l'Angleterre a un tableau ouvert jusqu'en finale. Pour y accéder, les Britanniques compte sur le buteur de Tottenham, qui a dû se battre pour arriver à un tel niveau. 

Il est le leader d'une Angleterre (enfin) intéressante, il est le meilleur buteur actuel de la Coupe du monde, il est une institution à Tottenham. Harry Kane a toutefois dû emprunter des chemins escarpés et tortueux pour arriver, enfin, à atteindre les sommets.

L'avant-centre des Three Lions n'a peut-être que 24 ans, mais c'est déjà comme s'il avait vécu plusieurs vies. Avec comme moteur, toujours, l'abnégation et une foi presque inébranlable en lui. Auteur de cinq buts depuis le début du tournoi, il sera le fer de lance de l'Angleterre mardi contre la Colombie à Moscou, en 8e de finale de la Coupe du monde. Une arme fatale pour le sélectionneur Gareth Southagte.

Il faut dire qu'avec ses 152 réalisations inscrites ces quatre dernières saisons (club et équipe nationales confondus), Harry Kane est ce qui se fait de mieux actuellement en pointe. Capable de marquer dans toutes les positions, de la tête ou des pieds, et aussi de peser sur les défenses adverses, participant grandement au jeu, son profil est complet.

Qu'il semble loin le temps où le gamin, jugé trop petit (il mesure aujourd'hui 1m88!) et pas assez mobile, s'était vu prié de prendre la porte du centre de formation d'Arsenal. Un épisode que l'avant-centre a lui-même raconté en février dernier dans "The Players Tribune".

"Un jour, j'avais huit ans et je me rendais au parc avec mon père. Il a mis son bras sur mon épaule et il a dit: 'Harry... Arsenal t'a renvoyé.' Je ne me souviens pas vraiment de ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Mais je me souviens de la réaction de mon père et de ce qu'il m'a fait ressentir. Il ne m'a pas critiqué. Il n'a pas critiqué Arsenal. Il a juste dit: 'Ne t'inquiète pas, Harry. On travaillera plus dur et on trouvera un autre club, d'accord?'"

Travailler plus dur, Kane avait ça en lui dès son plus jeune âge. Il part pour Watford et marque un triplé contre Tottenham, convaincu illico de le faire venir chez les Spurs. Alex Inglethorps, directeur alors à l'académie de Tottenham, confiait récemment avoir rapidement été impressionné par le "volume de travail" et la "mentalité" de Kane, déjà un bon buteur "obsédé par sa finition".

Le hic, en Angleterre, est que les joueurs de petite taille peinent à trouver grâce aux yeux des formateurs. Alors Kane n'a d'autre choix que de continuer à s'acharner, au gré des saisons passées chez les jeunes et des prêts peu attractifs dont il est l'objet.

Il n'a pas 20 ans que l'attaquant passe déjà par Leyton Orient, Millwall et Norwich. Au bord de la rupture, il ronge son frein sur le banc de Leicester, en 2e division, où, lors de la saison 2012/13, il côtoie un autre "éternel" remplaçant, Jamie Vardy.

La révélation Brady

Il faut l'intervention de deux hommes pour empêcher Kane de tout plaquer: son père et... Tom Brady, le plus grand quarterback de l'histoire de la NFL. Moqué pour son physique ordinaire, le... 199e choix de la draft (sixième tour sur sept) a puisé dans ce discrédit la force qui lui a permis de remporter, plus tard, cinq fois le Super Bowl avec les New England Patriots. Et c'est en regardant un documentaire retraçant la vie du quarterback que Kane a eu une révélation.

"J'ai été époustouflé, raconte-t-il. C'était une véritable source d'inspiration. Brady croyait tellement en lui, il a continué à travailler et à travailler, presque obsessionnellement. C'est comme si une lumière s'était allumée dans ma tête ce jour-là dans mon canapé à Leicester."

Prêt refusé

Tout s'est alors enchaîné. Harry Kane refuse un nouveau prêt l'été suivant, bien décidé à prouver sa valeur aux entraînements à Tottenham. "C'était comme si je pouvais voir mon rêve d'enfant, là devant mes yeux, mais qu'il était hors de portée. J'attendais que quelqu'un me l'apporte. Mais la vie ne vous donne jamais rien, hein ? Il faut l'attraper."

Reste maintenant au gamin de Walthamstow, à 15 minutes de White Harte Lane, le stade de Tottenham, à porter l'équipe d'Angleterre comme il conduit les Spurs. Dans un tableau ouvert et inespéré pour des Three Lions sevrés de trophée depuis 1966.