Après avoir subi les critiques de tout un peuple suite au Mondial brésilien de 2014 raté, Thiago Silva a fait taire tous ses détracteurs en Russie.
Il était l'incarnation du naufrage brésilien de 2014, il peut être celle de la sixième marche triomphale de la Seleção. Un peu comme si Thiago Silva, colosse au mental d'argile, avait attendu d'avoir 33 ans pour enfin devenir O Monstro, ce monstre que promet son surnom.
Car Thiago Silva, depuis le début de cette Coupe du monde, est littéralement monstrueux. Intransigeant dans les duels et omniprésent dès qu'il s'agit de contrer une frappe adverse. Sa prestation en 8e de finale contre le Mexique a été en tout point parfaite et a compté pour beaucoup dans le convaincant succès 2-0 d'un Brésil qui monte en puissance et qui a tout du grand favori pour le titre suprême.
"C'est super de revenir à mon meilleur niveau avec le Brésil, j'ai travaillé dur pour ça", a savouré le défenseur du PSG, revenu presque d'entre les morts après un Mondial 2014 qui en avait fait la risée du football. Une rupture nerveuse et des larmes surréalistes avant même la séance de tirs au but contre le Chili en 8e de finale, un avertissement récolté bêtement en quart de finale contre la Colombie synonyme de suspension pour la demi-finale, une attitude d'adolescent - casquette de travers et une jambe du survêtement relevée - durant l'échauffement de ladite mémorable demi-finale et cette déroute contre l'Allemagne (7-1): un bilan inadmissible pour qui portait, alors, le brassard d'une Seleção qui n'avait d'autre choix que de remporter son tournoi.
De tricard à socle
Les qualités athlétiques, techniques et tactiques sont importantes, mais elles ne sont rien, au plus haut niveau, sans un mental d'acier. Et l'autre naufrage, celui de la désormais mythique remontada du Barça contre le PSG au printemps 2017 en 8e de finale de la Ligue des champions, avait semble-t-il fini de griller Thiago Silva.
Tant et si bien que même l'équipe nationale s'est un temps passée de lui et que le sélectionneur Tite a longtemps, au début de son mandat, préféré la charnière Miranda - Marquinhos. Mais O Monstro a regagné sa place de titulaire, avec un bonheur et une efficacité certains. Le Brésil n'a encaissé qu'un but dans ce Mondial, sur une balle arrêtée du reste exploitée peut-être illicitement par Steven Zuber (1-1).
Thiago Silva a même marqué, contre la Serbie (2-0), le 1-0 qui a libéré la Seleção. "J'ai la sensation du devoir accompli, pas seulement avec cette réussite, mais aussi au vu de notre bonne phase défensive, avait apprécié le défenseur. Nous avons encore été très solides, sans prendre de but."
«Un mec qui gagne»
Une solidité dont Thiago Silva n'est pas le seul garant, évidemment, mais qui repose sur le triangle dont il forme une des pointes avec Miranda et la sentinelle Casemiro. Les bonnes sensations éprouvées par le Parisien pèsent toutefois énormément dans la balance. Le fait, peut-être, de ne plus porter ce brassard trop lourd lui - Tite a misé pour un capitanat tournant - a-t-il permis à Thiago Silva (qui était quand même capitaine contre le Costa Rica) de se sentir plus léger.
Ou alors est-ce l'air de la Russie et les souvenirs qu'il fait ressurgir. Ceux d'un combat contre la tuberculose, lors de son expérience au Dynamo Moscou en 2005, et du long isolement en hôpital qui s'en était suivi. "Ces six mois ont été sans aucun doute les pires de ma vie, a récemment reconnu le joueur. Quand je regarde en arrière, je vois combien j'ai été un guerrier dans cette situation. Je peux dire que je suis un champion, je suis un mec qui gagne." Et d'espérer, bien sûr, devenir maintenant un mec qui fait gagner le Brésil.
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