Espagne-Suède, un «Covidico» à l'Euro? Avant même son coup d'envoi vendredi, le tournoi européen connaît sa première alerte sanitaire avec au moins quatre cas positifs au covid parmi les Espagnols et les Suédois, adversaires lundi prochain, laissant craindre l'irruption de foyers épidémiques.
Quel visage auront la «Roja» et les «Blågult» lundi soir à Séville, pour leur entrée en lice dans le groupe E de ce Championnat d'Europe des nations ? Difficile à dire tant la pandémie, qui a déjà provoqué le report d'un an du tournoi, a chamboulé la préparation des deux sélections, semant le doute sur l'efficacité des «bulles» sanitaires censées protéger les équipes nationales.
Face à cette épée de Damoclès, le ministère espagnol de la Santé a annoncé mercredi que tous les joueurs de la sélection nationale seraient vaccinés, «conformément à ce qui se fait avec les sportifs internationaux comme ceux participant aux Jeux olympiques». Les détails devaient être fournis mercredi soir lors d'une conférence de presse de la ministre de la Santé, Carolina Darias.
Depuis l'annonce du test positif du capitaine espagnol Sergio Busquets dimanche, puis ceux de son compatriote Diego Llorente et des Suédois Dejan Kulusevski et Mattias Svanberg mardi, les deux sélections ont adopté des mesures d'urgence, attendant fébrilement les résultats de tests PCR réguliers destinés à cerner l'ampleur de la contagion. «D'autres cas positifs peuvent survenir et il est probable que cela arrive», a d'ailleurs prévenu mardi le président de la Fédération espagnole (RFEF), Luis Rubiales, juste avant l'officialisation du test positif de Llorente.
Pour l'heure, la tenue de la rencontre ne semble pas menacée: les règlements prévoient que le match peut se tenir si les sélectionneurs, qui ont pu convoquer jusqu'à 26 joueurs pour le tournoi, disposent «d'au moins treize joueurs (valides), y compris un gardien».
Groupe de réservistes
En attendant, l'Espagne a adopté des mesures d'isolement drastiques, contraignant ses joueurs à s'entraîner en solitaire jusqu'au terme de la durée d'incubation supposée.
Le sélectionneur Luis Enrique a dû s'adapter: l'Espagne a envoyé son équipe Espoirs disputer son dernier match de préparation, mardi soir contre la Lituanie (4-0), et l'entraîneur asturien a retenu en urgence six réservistes et onze membres de l'équipe Espoirs afin de parer à toute éventualité. Un groupe «parallèle» de 17 réservistes, donc, qui s'entraînent à part et se tiennent prêts pour pallier d'éventuels forfaits jusqu'au début du tournoi.
Selon les règlements de l'UEFA, Luis Enrique a encore quelques jours pour effectuer des changements dans son groupe. Jusqu'au premier match du tournoi, un sélectionneur peut librement remplacer un joueur en cas de «blessure ou de maladie sérieuses», attestées médicalement, et les cas de covid ou les cas contacts en font partie.
L'accolade Busquets-Ronaldo
Côté suédois, l'irruption du covid a poussé la fédération à adopter de nouvelles mesures: des tests rapides quotidiens et un nombre renforcé de tests PCR, des réunions en intérieur en plus petits groupes et dans des espaces plus grands, des soins plus limités et possiblement en extérieur...
Le sélectionneur suédois Janne Andersson a néanmoins annoncé qu'il ne comptait pas modifier son groupe en vue du tournoi: Kulusevski, le prometteur ailier de la Juventus, est déjà officiellement forfait au moins pour le premier match contre l'Espagne, mais son sélectionneur a dit espérer son retour pour la deuxième rencontre, le 18 juin contre la Slovaquie. Déjà privée de sa star Zlatan Ibrahimovic, la Suède se retrouve en tout cas affaiblie avant même son entrée dans le tournoi.
Et le covid, qui a aussi frappé les Pays-Bas (le gardien titulaire Jasper Cillessen a été testé positif et écarté de l'équipe), alimente les inquiétudes, notamment du côté de la Pologne et de la Slovaquie, les deux autres équipes amenées à croiser l'Espagne et la Suède dans le groupe E.
Et quid du Portugal, tenant du titre, qui venait d'affronter la «Roja» vendredi en match de préparation (0-0)? L'image de Busquets donnant l'accolade à la star portugaise Cristiano Ronaldo avant le match a alimenté les craintes de contagion.
Les Portugais ont au moins l'avantage d'avoir été vaccinés dans leur majorité, à l'exception des joueurs ayant été testés positifs il y a moins de six mois. Et les tests menés lundi ont tous été négatifs.
«Ce que je sais, c'est que ceux qui sont vaccinés comme moi, qui ai déjà pris les deux doses il y a un certain temps, courent moins de risques», a souligné le sélectionneur Fernando Santos.