Mondial 2018L'élimination allemande fait les choux gras de la presse européenne
ATS
28.6.2018
La presse navigue entre stupéfaction et ironie concernant l'élimination surprise de l'Allemagne dès le premier tour du Mondial.
Au lendemain de leur humiliante défaite 2-0 contre la Corée du Sud, synonyme d'élimination historique dès la phase de poules, l'équipe entière subit sans surprise la foudre de la presse. "Sortis!" y est le titre le plus en vogue. Les médias allemands se désolent tous de la qualité du jeu proposé par la Mannschaft et de leur "humiliation amère et pathétique".
Bild de son côté enfonce le clou, titrant "Pas de mot!". Le journal le plus lu d'Allemagne ironise ainsi car il avait choisi le même titre quatre ans plus tôt après l'extraordinaire victoire des Allemands 7-1 sur les Brésiliens.
Dans ses pages, il parle de "Honte de Kazan". "Le cauchemar est devenu réalité: le champion du monde 2014 doit rentrer de Russie après seulement 10 jours. Réduit en cendres et décombres."
Pour Kicker, il s'agit "d'une défaite collective: il n'y avait pas de véritable équipe en Russie". "La manière, sans force, sans idée, sans solution dont l'équipe nationale a joué contre le Mexique, la Corée du Sud et malgré une victoire tardive aussi contre la Suède était inhabituelle et effrayante", explique le magazine sportif.
Du côté de la presse européenne, elle navigue entre stupéfaction et ironie. Et certains titres n'hésitent pas à établir un parallèle entre l'élimination de la Mannschaft et la situation politique du pays.
En raison de l'antagonisme historique entre les deux peuples, le Royaume-Uni est évidemment l'un des plus mordants. "Ce n'est pas un noble sentiment mais, mon dieu comme cela fait du bien !" s'exclame le Daily Mail. Comme The Sun, le Mail a choisi une expression allemande pour sa Une: "GOTT IN HIMMEL!" ("OH MON DIEU!").
"Schadenfreude : Fait de se réjouir du malheur des autres", raille pour sa part le quotidien The Sun en Une. Dans son style inimitable, le tabloïd a affiché en grand un classement du groupe F avec l'Allemagne à la dernière place, avec des pointillés pour découper tout autour: "A découper et conserver pour quand vous vous sentez mal".
«On se voit à la plage»
The Times souligne: "arrogante, misérable, divisée: l'Allemagne est sortie". En pages intérieures, on peut lire que l'élimination "reflète une préparation désastreuse, une présomption arrogante de succès et un esprit d'équipe atroce au camp de base". Et le journal note que pour la première fois depuis 1966, l'année du titre anglais, l'Angleterre va faire mieux que l'Allemagne...
Le ton est plus léger et estival en Italie. "On se voit à la plage": le titre barre la Une du Corriere della Sera, référence à l'absence de la Squadra Azzurra à la Coupe du monde. "Elle est justement sortie du Mondial au premier tour et, comme nous, en vacances."
Toujours sur le ton ironique, Mundo Deportivo, quotidien sportif espagnol, ose un "Kaputt historique" avec un cliché de Thomas Müller et Manuel Neuer en détresse.
Mais au-delà de l'aspect purement football, les journaux se lancent dans un parallèle avec les problèmes politiques qui touchent le pays. "On découvre aujourd'hui une Allemagne sur la même marche que la nôtre. Il faut nous habituer aux retournements des traditions, des habitudes. Le modèle allemand se réveille à l'improviste avec les yeux cernés et la migraine: prétention, ventre plein, tensions internes, problèmes politiques", écrit le Corriere della Sera en Italie.
«Le point le plus bas, ou plutôt le plus dramatique de 80 ans d'histoire»
En Italie, La Repubblica puise encore plus loin dans les références historiques: "L'Allemagne n'était jamais sortie au premier tour, si ce n'est en 1938, quand il y avait 16 équipes et qu'on commençait aux 8es. Nous sommes donc au point le plus bas, ou plutôt le plus dramatique de 80 ans d'histoire, l'histoire d'un sport qui se joue à onze et où ce sont les Allemands gagnent à la fin."
La prophétie de Gary Lineker, aujourd'hui consultant sportif de la BBC, nécessitait un léger amendement et l'ex-attaquant anglais se plie volontiers à l'exercice. "Le football est un jeu simple. Vingt-deux types courent après le ballon pendant 90 minutes et à la fin les Allemands ne gagnent plus toujours", a-t-il sobrement réécrit mercredi dans un clin d'oeil.
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