Mondial 2018Pari réussi! Poutine a gagné sa Coupe du Monde
15.7.2018
Que que soit le vainqueur de la Coupe du monde, Vladimir Poutine aura réussi son pari: montrer une belle image de la Russie, accueillante et souriante, à l'heure des conflits diplomatiques à répétition avec les Occidentaux. Mais rien ne dit que ça durera.
C'est un fait incontestable: l'organisation de la Coupe du monde a été une réussite. Stades magnifiques et fonctionnels, ambiance chaleureuse, aucun incident majeur, les centaines de milliers de visiteurs (630'000 Fans ID, ces passeports du supporter qui accompagnent les billets pour les matchs et dispensent de visa, avaient été délivrées à des étrangers à l'issue du 1er tour) sont repartis avec de bons souvenirs.
Les médias du monde entier ont relayé l'atmosphère de fête qui s'est emparée de la Russie, ce que n'ont pas manqué de noter les relais du Kremlin. "Nous avons touché le coeur insensible de la presse 'mainstream' occidentale et ils ont vu qui nous sommes vraiment", a affirmé Margarita Simonian, la rédactrice en chef de la chaîne russe RT.
"Nous sommes tous tombés amoureux de la Russie (...) Nous avons découvert un pays que nous ne connaissions pas", avait déjà déclaré la semaine dernière le président de la FIFA, Gianni Infantino, lors d'une visite au Kremlin. "Toutes les peurs que certains tentaient d'attiser avec cette Coupe du monde (...) ne se sont pas réalisées, cela a été l'exact opposé", avait alors poursuivi avec emphase le patron du foot mondial.
Cette "nouvelle image" de la Russie était évidemment un objectif majeur de Vladimir Poutine. Tout sourire avec M. Infantino, il a pu saluer le fait "qu'énormément de stéréotypes sur la Russie ont volé en éclats" grâce au Mondial 2018.
Pas de scandales
Parmi les "peurs" évoquées par Gianni Infantino, le racisme et le hooliganisme étaient en première ligne. Tout le monde avait en mémoire les images des hooligans russes s'en prenant à des fans anglais pendant l'Euro 2016, mais ceux-ci ont brillé par leur absence et la Coupe du monde s'achève sans incident.
Pas vraiment une surprise, tant les autorités russes avaient pris le problème à bras le corps. Mais des droits de l'Homme à la situation des homosexuels, ces problématiques qui auraient pu ternir le tournoi ne l'ont touché qu'à la marge.
La brève arrestation du militant gay britannique Peter Tatchell, qui avait prévu de manifester sur la place Rouge pour dénoncer "la torture d'homosexuels en Tchétchénie", a fait peu de vagues, d'autant que les policiers l'ayant interpellé ont fait preuve d'une délicatesse et d'un tact inhabituels.
Mais l'exemple le plus frappant est celui du réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné pour "terrorisme" à l'issue d'un procès "stalinien" selon Amnesty International et en grève de la faim depuis deux mois pour réclamer la libération des "prisonniers politiques" ukrainiens détenus en Russie. Malgré des appels à sa libération, son cas a finalement reçu peu d'échos et très peu nombreux étaient les supporters de football présents en Russie à savoir qui il était.
L'après-Mondial
"La liberté est finie. Bienvenue dans la vraie Russie": ce tweet, accompagné de la photo d'une fan zone vide symbolisant la fin de la Coupe du monde, est devenu viral sur l'internet russe. Car les voix critiques du Kremlin sont nombreuses à se demander pourquoi la Russie ne montre pas toujours un aussi beau visage.
"Est-ce qu'on aura toujours des policiers souriants après la Coupe du monde ?", s'interroge ainsi le militant anti-raciste Robert Oustian. Et les bienfaits du Mondial 2018 risquent d'être vite oubliés.
Dès lundi, Vladimir Poutine, qui s'est peu montré pendant la Coupe du monde et a délégué son premier ministre Dmitri Medvedev dans les tribunes lors des matchs de la Russie, sera à Helsinki. Il doit y rencontrer le président américain Donald Trump, avec qui les sujets de tension sont nombreux.
Le président russe devra aussi gérer une très impopulaire réforme des retraites, annoncée opportunément le premier jour de la Coupe du monde, mais qui a fait chuter de près de 15 points sa cote de popularité (à 64%).
En février 2014, après les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi dont l'organisation avait été unanimement saluée, Vladimir Poutine s'était félicité que le monde ait découvert une Russie "ouverte et modernisée".
Trois semaines plus tard, la Russie annexait la péninsule ukrainienne de Crimée, ouvrant la voie aux premières sanctions économiques et au début de la crise avec les pays occidentaux...
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