L'heure de vérité a sonné pour l'équipe de Suisse. Ce jeudi à Doha, elle affronte le Cameroun pour son entrée en lice dans la Coupe du monde, avec l'obligation de s'imposer.
Le résultat du tirage au sort du 1er avril dernier ne laisse aucun choix pour Murat Yakin et ses joueurs. S'ils entendent se qualifier pour les huitièmes de finale, les trois points contre le Cameroun sont indispensables avant de croiser le fer contre le Brésil et la Serbie.
La Suisse se retrouve dans le même cas de figure qu'il y a huit ans. En 2014, son sort était totalement lié au résultat du premier match, contrairement à 2006, 2010 et 2018 où elle avait joué d'entrée de jeu contre le favori du groupe, à savoir respectivement la France, l'Espagne et le Brésil déjà.
A Brasilia ce 15 juin 2014, l'équipe alors dirigée par Ottmar Hitzfeld s'était imposée 2-1 devant l'Equateur après avoir pourtant concédé l'ouverture du score sur des réussites d'Admir Mehmedi et de Haris Seferovic.
La faculté de rebondir
A Doha, on demandera à l'équipe de Murat Yakin de témoigner de la même force de caractère que sa devancière de 2014, personnifiée par l'inoubliable rush de Valon Behrami sur l'action du deuxième but. Son récent parcours en Ligue des Nations avec trois victoires qui ont suivi trois défaites initiales incite à un certain optimisme. Cette faculté de rebondir alors que tout semblait bien perdu est quelque part très rassurante.
Comme l'est la présence dans ses rangs de trois joueurs de classe mondiale avec le trio composé de Yann Sommer, Manuel Akanji et Granit Xhaka. Jamais la Suisse n'avait abordé la phase finale d'un grand tournoi avec de telles individualités. Le gardien de Mönchengladbach, le défenseur de Manchester City et le demi d'Arsenal, qui seraient sans doute également titulaires dans une équipe comme la France, s'invitent désormais à la table des très grands.
Yann Sommer: un risque réel
Ceci explique pourquoi Murat Yakin est prêt à prendre tous les risques avec Yann Sommer. Le sélectionneur sait que son gardien est devenu une véritable icône du sport suisse après son arrêt sur la frappe de Kylian Mbappé lors des tirs au but du 8e de finale de l'Euro 2021 face à la France. Il ne peut pas ne pas le faire jouer jeudi, alors que Sommer traine une blessure à sa cheville contractée le mois dernier qui a été jugée «préoccupante» par le staff médical.
Comme le dos de Roger Federer lors de la finale de la Coupe Davis 2014 à Lille contre la France, la cheville de Yann Sommer fait trembler tout un pays. Encore davantage depuis son retour en jeu guère convaincant à Abu Dhabi lors de la défaite 2-0 face au Ghana, avec sa responsabilité engagée sur les deux buts adverses.
La condition de Yann Sommer n'est pas la seule interrogation que soulève cette rencontre. Murat Yakin aimerait, en effet, savoir si Xherdan Shaqiri est réellement d'attaque après sa première saison en MLS, un championnat où la notion du repli défensif est prescrite. Buteur à quatre reprises déjà en Coupe du monde, le joueur de Chicago demeure incontournable. Il l'a démontré lors du dernier match de la Suisse en Ligue des Nations, le 27 septembre, avec son centre parfait pour la tête de Remo Freuler sur l'ouverture du score face à la République tchèque.
Un discours qui ne tient pas
La dernière inconnue réside dans la valeur de l'adversaire. Absent en Russe en 2018, le Cameroun reste sur une Coupe du monde 2014 pitoyable avec trois défaites contre le Mexique, le Brésil et la Croatie. Présent au Brésil à la pointe d'une attaque sans venin, Samuel Eto'o a accédé à la présidence de sa fédération avec la ferme volonté de remporter la Coupe du monde.
Celui qui fut le meilleur joueur africain de son époque doit sans doute savoir que son discours ne colle pas vraiment à la réalité. Son équipe manque à la fois trop de talent et d'assise pour justifier une telle ambition. Et sa qualification pour la Coupe du monde tient d'un véritable miracle grâce à un but du Lyonnais Karl Toko-Ekambi au bout de la prolongation du barrage retour en Algérie.