Le héros de l'Euro sera-t-il au Qatar le maillon faible de l'équipe de Suisse ? Totalement incongrue il y a un mois, cette interrogation est désormais de mise.
Blessé à la cheville le 18 octobre dernier en Coupe d'Allemagne avec le Borussia Mönchengladbach, Yann Sommer a connu une reprise bien laborieuse jeudi à Abou Dhabi. Sa responsabilité est, en effet, engagée sur les deux buts qui ont permis au Ghana de s'imposer contre une équipe de Suisse bien terne.
Depuis les tribunes, il a donné l'image d'un gardien hésitant dans ses sorties en l'air comme au sol. Comme s'il jouait sur la retenue pour préserver sa cheville gauche.
Sa présence jeudi prochain face au Cameroun pour l'entrée en lice de la Suisse dans cette Coupe du monde 2022 n'est toutefois pas remise en question. «Il était important qu'il joue 90 minutes. Sa cheville a tenu. Et c'est bien là l'essentiel», soulignait Murat Yakin. «Je n'ai aucun doute, Yann sera prêt», affirmait pour sa part le capitaine Granit Xhaka.
«Nous sommes tous derrière Yann»
Le Bâlois a cinq jours devant lui pour retrouver son explosivité et pour vaincre l'appréhension qui le guettait encore à Abou Dhabi. Il pourra compter sur le soutien indéfectible de son... héritier Gregor Kobel pour y parvenir.
«Mon rôle est de le pousser à l'entraînement pour qu'il donne sa pleine mesure, glisse le Zurichois. Il convient aussi de continuer à cultiver l'état d'esprit qui est le nôtre dans le groupe des gardiens. Nous sommes tous derrière Yann.»
A bientôt 25 ans – il les fêtera le 6 décembre -, Gregor Kobel n'entend pas pousser aujourd'hui vers la sortie un gardien qui en aura 34 le 17 décembre. Il sait toutefois que la passation du pouvoir peut s'opérer à court terme, après la Coupe du monde, ou à moyen terme, après l'Euro 2024.
Il sait surtout que le «match» avec Jonas Omlin est terminé. Le portier de Dortmund a été officiellement intronisé comme le no 2 lors de cette Coupe du monde aux dépens du gardien de Montpellier, pourtant si brillant le 12 juin denier à Genève lors du succès 1-0 devant le Portugal.
Un choix indiscutable
Murat Yakin et l'entraîneur des gardiens Patrick Foletti ont arrêté un choix qui ne se discute pas. Depuis 2020, Gregor Kobel s'est affirmé comme l'un des meilleurs gardiens de Bundesliga. A Dortmund, il évolue dans une équipe appelée à disputer chaque saison la Ligue des champions alors que Jonas Omlin sera tout heureux en mai prochain s'il évite la relégation en Ligue 2.
«Mon but est, bien sûr, de devenir le no 1», souligne Gregor Kobel. Il entend s'inscrire dans la durée comme Diego Benaglio, no 1 de 2008 à 2014, et, bien sûr, Yann Sommer qui est le titulaire inamovible depuis huit ans. Même si sa dernière performance en sélection fut décevante – il n'avait pas dégagé une impression formidable à Lisbonne le 5 juin contre le Portugal pour une défaite 4-0 sans appel -, son parcours témoigne de sa très grande force de caractère.
Décollage fulgurant
A 16 ans, il quittait les Grasshoppers pour signer à Hoffenheim. «Je ne voyais pas de grandes perspectives avec GC», lâche-t-il sans détour. A Hoffenheim, il n'est finalement pas parvenu à prendre la place du no 1 Oliver Baumann. «Mais le club a su faire ce qu'il fallait pour que ma carrière décolle avec des prêts à Augsbourg et à Stuttgart», précise-t-il.
Un décollage plutôt fulgurant. En 2020, Hoffenheim le cédait pour 7,2 millions d'euros à Stuttgart. Une année plus tard, son transfert à Dortmund s'est élevé à 15 millions d'euros.