🇨🇭 vs. 🇫🇷 Suisse - France : enfin le grand soir pour écrire l'histoire ?

ld, ats

28.6.2021 - 05:00

Keystone-SDA, ld, ats

Le 39e Suisse – France de l'histoire ce lundi à Bucarest dans le cadre des huitièmes de finale de l'Euro sera-t-il celui du grand soir pour le football suisse ? Un soir où, pour reprendre les propos de Vladimir Petkovic et de son capitaine Granit Xhaka, l'histoire s'écrit enfin.

Face à la France, Granit Xhaka veut écrire l'histoire de la Nati.
Face à la France, Granit Xhaka veut écrire l'histoire de la Nati.
Keystone

Ce sixième huitième de finale dans un tournoi majeur depuis 1994, le quatrième de rang, peut permettre à l'équipe de Suisse de briser enfin ce plafond de verre qui lui interdit de tenir vraiment un rôle en vue. Contrairement au Costa-Rica à la Coupe du monde 2014, à l'Islande et au Pays de Galles à l'Euro 2016 et à la Russie à la Coupe du monde 2018. Ces cinq équipes n'avaient-elles pas déjoué tous les pronostics pour pouvoir respirer enfin l'air des cimes ?

Qualifiée comme l'un des quatre meilleurs troisièmes après avoir battu une équipe – la Turquie – fantomatique, la Suisse aura beaucoup à se faire pardonner à Bucarest. Elle doit gommer la déroute du 16 juin à Rome où elle fut surclassée par l'Italie et ce nul 1-1 concédé quatre jours plus tôt devant le Pays de Galles dans une rencontre où elle a eu le tort de reculer bien trop vite. Elle se doit, surtout, de livrer une grande performance face aux Champions du monde pour, à la fois, coller enfin ses actes au discours tenu depuis des mois et regagner le coeur de ses supporters.



Plus la même ferveur

Il est indéniable que l'on ne ressent plus autour de cette équipe la même ferveur du passé. Comme si les fans qui avaient hurlé de bonheur en 2016 sur le ciseau extraordinaire de Xherdan Shaqiri face à la Pologne ou sur l'ouverture du score de Breel Embolo face au Portugal avaient été refroidis par son non-match contre la Suède lors de son huitième de finale de la Coupe du monde 2018. Une sorte de désenchantement qui s'explique par des raisons bien plus objectives que par la thématique de l'identification.

Depuis jeudi, Vladimir Petkovic et ses joueurs affirment, la main sur le coeur, qu'ils ne renieront pas leurs principes de jeu même si Kylian Mbappé et ses coéquipiers dévorent si bien les espaces. La Suisse entend imposer sa jouerie comme elle y était parvenue l'an dernier en Ligue des Nations devant l'Allemagne et l'Espagne. Ce jeu ambitieux basé sur la possession a donné à l'équipe les armes pour battre des adversaires de seconde zone contre lesquels Ottmar Hitzfeld s'était parfois brisé les dents dans le passé, le Luxembourg en 2008 et la Bulgarie en 2011 notamment.



A l'exception, bien sûr, du 2-0 contre le Portugal le 6 septembre 2016 à Bâle dans une rencontre que Cristiano Ronaldo n'avait pas disputée et du 5-2 contre la Belgique le 18 novembre 2018 à Lucerne le soir où Haris Seferovic fut habité par un véritable état de grâce, ce style de jeu n'a pas encore vraiment payé contre les grandes équipes.

La Suisse n'a pas battu le Portugal en 2017 lors de la finalissima de son groupe du tour préliminaire de la Coupe du monde, ni deux ans plus tard lors du Final Four de la Ligue des Nations. Elle n'a pas battu ni l'Espagne et ni l'Allemagne lors de son ultime campagne en Ligue des Nations. On ne s'attardera pas, enfin, sur la défaite 3-0 contre l'Italie lors de ce premier tour de l'Euro concédée au terme d'une performance pitoyable que le sélectionneur avait refusé d'assumer le lendemain devant la presse.

S'inspirer de la Hongrie et de l'Autriche

Sortie victorieuse du groupe de la mort devant l'Allemagne et le Portugal, la France a confirmé lors de ce premier tour qu'elle n'était pas à l'aise face à un bloc bas. Le nul 1-1 devant la Hongrie en fut la parfaite illustration. Les Hongrois, comme les Autrichiens samedi à Wembley face à l'Italie, avaient joué comme des morts de faim pour espérer signer un improbable exploit. On demandera en premier lieu à Granit Xhaka et à ses coéquipiers de témoigner sur la pelouse de ce supplément d'âme sans lequel rien ne sera possible.

La Suisse n'a jamais battu la France dans un match officiel. Lors des six confrontations à ce jour qui ont «compté» vraiment, la Suisse a tout connu: le grand frisson à Stuttgart lors du 0-0 de la Coupe du monde 2006 avec ce ballon pour Johan Djourou qu'Alex Frei avait eu la mauvaise idée de «voler» alors que Fabien Barthez semblait battu. La honte lors de la défaite 5-2 à Salvador huit ans plus tard dans une rencontre qui avait vu Didier Deschamps exploiter pleinement les failles tactiques de l'équipe d'Ottmar Hitzfeld. Ce douloureux souvenir rappelle une vérité: la grande force des Champions du monde réside dans le pragmatisme de son sélectionneur.